La planète automobile se remet à peine de la pandémie de covid-19 qu’elle fait à nouveau face à une crise de grande ampleur, suite à la guerre qui fait actuellement rage en Ukraine. Celle-ci provoque un séisme au sein des usines automobiles européennes, d’ores et déjà confrontées à une pénurie de composants sans-précédent ainsi qu’à une inflation spectaculaire des prix de nombreux composants.
La guerre pire que la pandémie ?
Dans une interview qu’il a accordée au Financial Times, Herbert Diess, le grand patron du groupe Volkswagen, a indiqué que le conflit en Ukraine pourrait avoir des conséquences bien pires que la pandémie pour l’économie européenne. Depuis la fin du mois de février, on déplore de nombreux arrêts de production en Allemagne mais également ailleurs sur le Vieux-Continent.
En cause, des interruptions dans les chaînes d’approvisionnement qui pourraient aboutir à des augmentations de prix spectaculaires. Sont notamment concernés les faisceaux électriques, qui équipent toute automobile contemporaine. À ce titre, l’Ukraine représente quelque 7 % de la production européenne de ce composant. Juste à côté, en Pologne, des pièces détachées produites sur place sont coincées quelque part entre l’est de l’Europe et Gand, où Volvo compte une usine. De quoi contraindre le constructeur suédois à interrompre brièvement ses chaînes de montage ce jeudi 10 mars. Pareil chez Porsche où la production du Taycan a été suspendue, faute de pièces détachées.
Le prix des métaux en nette hausse
Comme si cela ne suffisait pas, les prix des métaux sont eux aussi partis à la hausse. Aluminium, palladium, acier ou encore nickel (composant indispensable à la conception de véhicules électriques), rares sont ceux qui sont épargnés par ce phénomène d’inflation. Conjuguée aux prix de l’énergie qui flambent, cette dernière finira tôt ou tard par avoir un impact sur les tarifs pratiqués par la majorité des constructeurs européen, au détriment du consommateur final.
Le pessimisme domine
Après la crise sanitaire et les pénuries de semi-conducteurs, l’industrie automobile affronte donc une nouvelle tempête suite au déclenchement du conflit en Ukraine. On le voit, l’onde de choc dépasse largement les frontières de ces deux pays. Sans surprise, dans un secteur qui n’a toujours pas retrouvé son niveau de 2019, le contexte actuel génère de nombreuses incertitudes. Car si l’Ukraine comme la Russie assemblent peu de voitures, les deux pays jouent par contre un rôle clé dans la chaîne d’approvisionnement de composants et de pièces détachées. Dans un modèle industriel qui privilégie le just-in-time, la guerre a très vite enrayé une mécanique déjà fragilisée au fil des derniers mois. Tout le secteur espérait pourtant que 2022 serait l’année de la reprise…