En 1962, les lignes rondouillardes de la Dauphine ne sont assurément plus d’actualité et Renault se décide à remplacer son modèle fétiche par une version nettement plus dans l’air du temps, aux lignes bien plus tendues. Tellement tendues d’ailleurs, que la Renault 8 sera qualifiée de « boîte à chaussures » par les mauvaises langues qui avaient du mal avec ce renouveau stylistique.
Une version qui marche fort !
Techniquement parlant, l’architecture est toujours semblable à la Dauphine, soit une berline à 4 portes avec un moteur arrière. La Renault 8 est pourtant une voiture très moderne, comme en attestent ses quatre freins à disques et son nouveau moteur Sierra avec un vilebrequin tournant sur 5 paliers. Mais Renault désire séduire une jeune clientèle en manque de sensations fortes. La précédente Dauphine Gordini avait connu un certain succès, mais elle fût critiquée pour son manque d’ambition. Plus question d’entendre ce genre de critique avec le nouveau modèle !
1964, Salon de Paris
Nous sommes au crépuscule de l’année 1964 et Renault présente au Salon de Paris une version très pimentée de sa R8. Toujours confiée aux mains du « sorcier » Gordini, la sage familiale se mue en vraie sportive : moteur 1,1 litre revu et corrigé, avec chambres de combustion hémisphériques, deux carburateurs double-corps Solex, échappement maison et trains roulants entièrement repensés. Avec ses 78 chevaux DIN, ce modèle taquinera les 170 km/h en vitesse de pointe. Son comportement, très typé sur-vireur, ravira les amateurs de grandes glisses ! Mais c’est surtout son allure qui marquera les esprits, avec ses grands projecteurs avant et sa teinte bleu France, balafrée de deux bandes blanches. Une idée sensationnelle qui fera école !
1966, l’arrivée à maturité
Deux ans plus tard, le modèle profite d’une refonte qui lui donne une seconde jeunesse. Le moteur est porté à 1255 cm³, ce qui fait grimper la puissance à 88 chevaux DIN. Une puissance bien anodine de nos jours mais à l’époque, cela portait les performances à un niveau inédit : Renault annonçait fièrement 175 km/h ! En outre, cette R8 Gordini profite de nombreux aménagements, à commencer par une calandre à 4 phares, un nouveau volant, un plus grand réservoir et une boîte à 5 rapports.
Succès sportifs
Mais c’est principalement en compétition que ce modèle se forgera une belle réputation, une coupe lui étant d’ailleurs désignée. Cette dernière aura d’ailleurs permis de faire ressortir quelques prodiges du volant, comme Darniche, Jabouille, Ragnotti et Thérier ! Outre ce championnat, la R8 Gordini se sera également distinguée en rallyes et sur circuits.
Aujourd’hui
Produite jusqu’en 1970, la R8 Gordini aura connu une belle et longue carrière, surtout en version 1300 (près de 9.000 exemplaires sur les 11.607 produits). Relativement chère à l’époque, elle est devenue vraiment très onéreuse aujourd’hui, les nostalgiques se la disputant âprement. En effet, tablez sur un minimum de 45.000 € pour un exemplaire en parfait état. Bon à savoir : les 1100 sont rarissimes et se justifient surtout pour leur intérêt historique.
Mais votre premier défi, ce ne sera pas d’en trouver une à vendre, mais une authentique ! En effet, bon nombre de R8 Major et de R8 S ont subi de lourdes transformations pour ressembler à des Gordini. Vu le budget, armez-vous d’un expert et vérifiez tous les numéros pour être sûr de tomber sur une voiture authentique. Voiture de sport tombée en désuétude, voire dans une certaine « beauf-attitude » dans les années 80, les R8 Gordini n’ont pas toujours eu un passé facile. Beaucoup d’exemplaires furent « coursifiés » au cours de leur existence : arceau, échappement, jantes Gotti, ailes élargies, moteur réalésé à 1,5 litre… A vous de voir ce que vous désirez, sachant qu’évidemment, les exemplaires rescapés de la Coupe Gordini et les modèles parfaitement conformes sont les plus recherchés.