En ce lendemain de Seconde Guerre Mondiale, les réveils sont difficiles pour les marques de luxe françaises, pourtant si flamboyantes dans les années 1930. Bugatti est donc passé du statut de mythe à celui d’ancêtre délaissé en quelques années à peine. En 1952, le rideau s’abaisse définitivement. Vraiment ?
Fin des années 1980
Romano Artioli est un homme d’affaires italien passionné d’automobiles. Avec sa fortune, il compte faire revivre cette icône du passé qu’est Bugatti ! C’est ainsi qu’il fonde la Bugatti Automobili SpA à la fin de cette année 1987. Rien n’est trop beau à ses yeux et il fait construire une usine qui a tout d’un palais. Les meilleurs ingénieurs sont engagés et le plan est limpide : il s’agit de construire, en toute simplicité, la meilleure supercar du moment.
1991
Et le timing s’y prête bien : nous sommes le 15 septembre 1991 et la Ferrari F40 n’est plus. La McLaren F1 n’existe pas encore. Le monde accueille donc les bras ouverts cette nouvelle sportive qui est présentée le jour du 110ème anniversaire de la naissance d’Ettore Bugatti. Et pour Artioli, il faut que la présentation soit à la hauteur de l’événement : le « businessman » choisit donc le plus beau palais au monde pour cette présentation : le château de Versailles !
Des caractéristiques affolantes
Et il faut dire que cette Bugatti en jette. Son V12 ne cube « que » 3,5 litres, mais il se voit dopé par une série de 4 turbos qui lui font développer 560 chevaux. Le tout est accouplé à une boîte manuelle à 6 rapports et à une transmission intégrale. La firme annonce une vitesse de pointe de 340 km/h ! La presse est sous le charme, d’autant que les premiers essais révèleront une machine aussi diabolique que facile à piloter.
EB 110 SS
Quelques mois plus tard, Artioli enfonce encore le clou en présentant une version encore plus puissante et sportive de son bijou : l’EB 110 SS. L’aluminium des panneaux de carrosserie cède sa place à de la fibre de carbone (déjà) et le moteur profite d’une cure de vitamines pour développer 610 chevaux ! Parmi les clients, Michaël Schumacher, sans doute séduit par la vitesse de pointe de 350 km/h de l’engin…
Soufflé retombe
Pourtant, en dépit de ses caractéristiques flamboyantes, la Bugatti EB110 ne sera pas un succès. Seuls 95 exemplaires d’EB 110 GT et 31 exemplaires de EB110 SS seront produits jusqu’en 1995. Il faut dire que la belle franco-italienne subit de plein fouet la concurrence de la McLaren F1 dès 1993. Avec ses 380 km/h en vitesse de pointe annoncée, celle-ci remet tout le monde d’accord !
Aujourd’hui
Avec une production aussi réduite, les exemplaires proposés à la vente sont plutôt rares. Pourtant, le marché semble quelque peu les délaisser aujourd’hui : comptez environ 500.000 € pour un très bel exemplaire, ce qui n’a rien d’excessif, au regard du pedigree de la chose ! L’entretien reste, on s’en doute, absolument faramineux !