Une fois n’est pas coutume, cet article est écrit à la première personne. Finalement quoi de plus logique puisqu’il s’agit de la toute première fois où je me rends aux 24h du Mans, la plus vieille course d’endurance au monde ayant encore lieu, excusez du peu. Et cette édition est loin d’être « comme les autres » puisqu’il s’agit également du centenaire de l’événement ! Décidément, j’en ai de la chance. Un événement qui a d’ailleurs commencé bien avant que le basketteur LeBron James n’agite le drapeau français indiquant le départ de la course. 



Un record d’affluence 

L’événement que sont les 24h du Mans est loin de ne durer que 24 « petites » heures. Toute la ville du Mans vit au rythme de la course pendant plus d’une semaine ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que je n’étais pas seul à l’occasion de ce centenaire… Pour souffler les 100 bougies de cette course légendaire, plus de 300.000 spectateurs ont répondu présents. Pour la première fois, le double tour d’horloge de la Sarthe s’est déroulé à guichet fermé ! Et ça s’est vu : la parade, les tribunes, les abords de la piste et même la grille de départ étaient tout simplement noirs de monde ! Tous voulaient garder en mémoire un petit morceau de cette incroyable fête qu’étaient les 100 ans des 24h du Mans. Et je les comprends, car avant d’être une course d’endurance mythique qui a vu se dérouler des batailles plus légendaires les unes que les autres en piste, c’est un spectacle. Et quel spectacle ! 



Un show mieux qu’à l’américaine 

Le temps d’une semaine, la commune française de 150.000 habitants devient le centre du monde automobile. Et elle n’a rien à envier même aux shows américains les plus exceptionnels : feux d’artifices, concerts, passage de la patrouille de France, etc. Le drapeau français servant à donner le départ descend carrément en rappel d’un hélicoptère de l’armée ! Et même en dehors de tout ce spectacle, il y a toujours quelque chose à faire, à voir, et surtout à entendre aux 24h du Mans.



Plaisir de tous les sens

Pendant 24 longues heures, l’entièreté de la Sarthe vibre au rythme des rugissements de ces machines toutes plus impressionnantes les unes que les autres. Qu’importe où l’on se trouve, on peut entendre les moteurs qui résonnent au loin alors qu’ils parcourent les 13,6 km et 38 virages du circuit. Mais s’il y a bien un endroit où leur sonorité est encore plus marquée, c’est dans la ligne droite des stands. Le rugissement des mécaniques rebondit contre les gradins situés de part et d’autre de la piste pour faire trembler votre cage thoracique, mais surtout le cœur du passionné que je suis. Et l’on ne va pas se mentir, certains moteurs filent plus la chair de poule que d’autres : impossible de ne pas vibrer au son des V8 américains ! On entend le passage des Cadillac et Corvette sur des kilomètres. Mais ce n’est rien comparé aux hurlements du 8 cylindres de la Nascar du Garage 56 qui vous arrache les tympans et une petite larme à chaque passage. Ces machines sont des monstres qu’il faut savoir dompter, surtout sur le bitume du Mans. 



La dure loi des 24h 

Si les 24h du Mans furent un temps une épreuve marathon où il valait parfois mieux ménager sa mécanique pour terminer la course en bonne position, cette période est depuis longtemps révolue. Aujourd’hui, l’épreuve de la Sarthe est un sprint de tous les instants. Une course où il faut être pied au plancher, dans le phare, « pedal to metal » et ce pendant 24 longues heures. Bien sûr, les voitures dépassent les 300 km/h entre les chicanes de la ligne droite des Hunaudières, mais elles filent également à toute vitesse dans les enchaînements que sont Indianapolis et les virages Porsche ! Sans oublier qu’elles ne vont pas toutes à la même allure : plus de 60 hypercars, LMP2 et GT se partagent la piste. Les accidents sont donc inévitables et tous ne rallieront pas l’arrivée… C’est aussi ça les 24h du Mans. Cette année, sur les 62 voitures ayant pris le départ, seules 40 ont franchi la ligne d’arrivée. Et parmi celles qui ont abandonné certaines n’ont même pas vu le soleil se coucher.



Changement de luminosité et d’atmosphère

Eh oui, le Mans, c’est aussi une course où la lumière du jour fait place à celles des phares. Un changement de luminosité qui s’accompagne également d’un changement d’atmosphère à nul autre pareil. Alors que les pilotes se concentrent encore davantage pour ne pas finir dans le mur, une partie du public célèbre plus que jamais l'événement ! L’autre quitte discrètement le circuit en espérant retrouver leur équipe favorite encore en piste au petit matin. 



Un centenaire qui reste dans les mémoires 

Après quelques heures de sommeil, j’ouvre les yeux, bercé par le rugissement des mécaniques. Ah, voilà justement la Nascar qui passe. Il n’y pas mieux pour se réveiller. Comme toujours au Mans, la nuit a redistribué les cartes en apportant son lot d’erreurs et d’accidents. Les fêtards sont finalement allés se coucher alors que les lève-tôt se font discrets. Au petit matin, il fait bien calme au Mans… Le calme avant la tempête ! Ni une ni deux, le circuit se remplit à nouveau, une marée humaine monte en bord de piste pour assister à la lutte finale entre la Ferrari numéro 51 et la Toyota numéro 8 ! 



C’est finalement l’Italienne qui s’impose en France, 50 ans après la dernière participation de la marque aux 24h du Mans. Une chose est sûre, ce centenaire restera dans toutes les mémoires, et tout particulièrement dans la mienne. On dit parfois que sa première fois n’est pas la meilleure. Eh bien permettez-moi d’en douter. Et quoi de mieux pour le vérifier que de revenir l’année prochaine pour espérer vous conter mes secondes 24h du Mans ?



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