Sa réputation de constructeur premium et sportif, BMW la doit en grande partie à sa Série 5 à moteur 6 cylindres. Parce que le format berline n’est vraiment plus dans l’air du temps et que la propulsion fait peur, nous avons pris les clé d’un modèle Touring, à transmission intégrale xDrive. Preuve supplémentaire de l’évolution des mœurs, cette dernière est d’ailleurs imposée avec ce moteur ! Voyons voir si la descendante d’une longue lignée de championnes a toujours le cœur sportif ou si elle propose un autre compromis…

Un si long paquebot…

Question style, il faut bien avouer qu’il est nécessaire d’avoir un œil assez aiguisé pour noter les différences entre ce modèle-ci et l’ancienne mouture. Celle-ci ayant rencontré un grand succès, on suppose que BMW n’a pas voulu changer une équipe qui gagne ! L’allure est donc toujours sportive, mais les dimensions font tourner l’œil : 4,94 m de long, 1,84 m de large et 1,5 m de haut. Avec un empattement frisant les 3 mètres, cette Série 5 Touring n’est donc pas l’arme idéal pour les dédales urbains…

Pourquoi choisir un break ?

Tout simplement parce qu’il est tellement plus convivial à l’usage ! Cette Série 5 Touring offre d’ailleurs de nombreux avantages, à commencer par un coffre profitant de 570 litres banquette en place et pas moins de 1.700 litres lorsque les dossiers arrière sont rabattus (en trois parties, 40/20/40). On apprécie également la modularité de ce coffre, son seuil surbaissé, sa lunette arrière qui peut s’ouvrir séparément, son hayon motorisé et pouvant être commandé depuis un mouvement de pied sous le pare-chocs arrière et surtout, la surface de chargement bien plane… Jusqu’ici, tout va bien, quoiqu’une certaine Mercedes Classe E Break fasse encore mieux, surtout question volume de chargement… Voire une Peugeot 308 SW !

Pourquoi choisir un moteur essence ?

C’est évidemment la meilleure des questions, sachant que la version 20d (4 cylindres diesel) fera le gros des ventes. Mais le retour en sainteté du moteur essence (passablement boosté par la descente aux enfers de l’image du diesel) nous a fait lorgner du côté de la palette de moteurs à allumage commandé. Et tradition oblige, nous avons opté pour un noble 6 en ligne ! Signe des temps, il n’y en a plus qu’un de disponible : cubant 3 litres, il délivre 340 chevaux grâce à sa suralimentation. L’appellation 540i ne fait donc pas référence à la cylindrée, comme c’était jadis le cas, mais au niveau de puissance… Il est accouplé de série à une boîte automatique à 8 rapports.

Salon luxueux

Selon les finances disponibles, l’acheteur peut tapisser l’habitacle de cuir et d’Alcantara, avec des inserts en bois ou en métal, selon ses goûts. L’ambiance peut donc être très luxueuse, mais on regrette malgré tout la présence de nombreux éléments semblant immuables dans l’univers BMW, à commencer par les commandes de radio et l’instrumentation. Cette dernière est digitale, certes, mais elle reprend un affichage très classique, à mille lieux de l’affichage high-tech d’une Audi « virtual cockpit », par exemple. Les goûts et les couleurs…

Une chose est sûre : personne ne se plaindra à bord. Certainement pas en ce qui concerne le confort des sièges, quoique les plus pointilleux pourront regretter un certain manque de relief, et encore moins en ce qui concerne l’espace disponible.

Calme et repos !

La fiche technique laisse augurer le meilleur : le 6 cylindres frappé de l’hélice promet 340 chevaux et surtout, un couple de 450 Nm. Dans cette version à transmission intégrale, cela se traduit par un 0 à 100 km/h en 5 secondes ! Alléché par tant de promesses et par la présence d’une mécanique de haute lignée sous le capot, on s’attend à une voiture sportive dans l’âme !

Eh bien non… Allons droit au but : le 6 cylindres est très étouffé, tant au niveau sonore que par la masse qu’il a à transporter. Le feulement typique des moteurs de la marque est quasi inaudible, alors que les 450 Nm semble un peu juste pour dynamiter le gros cargo en reprises. Les amateurs de sensations ou de performances feraient donc mieux de se tourner vers le 6 cylindres diesel, moins puissant certes, mais bien plus fort en couple et délivrant donc, des reprises nettement plus vigoureuses !

Dynamisme, vraiment ?

Les nostalgiques seront peut-être titillés par la fiche technique et désireront donc pousser le long paquebot dans ses retranchements. Mais c’est en matière de dynamisme général que la Série 5 Touring marque le pas : la direction est trop artificielle, l’amortissement trop souple et l’équilibre trop sous-vireur que pour réellement restaurer la gloire passée. L’amortissement piloté sauve quelques meubles, mais le constat est plutôt décevant. C’est donc la Jaguar XF, la nouvelle berline la plus dynamique de son segment !

Confort, plutôt…

Détendez-vous donc et relâchez l’effort mécanique : la Série 5 retrouve alors toute sa superbe. Le confort est sublime, vraiment, car les irrégularités sont presque effacées alors que l’insonorisation vous isole parfaitement du brouhaha extérieur. En option, il est même possible d’opter pour des sièges massants ! C’est dans ces conditions que l’on en vient à regretter que l’assistance de conduite dans les embouteillages ne prenne pas le relais plus longtemps avant de rappeler le conducteur à l’ordre. Exiger un pilote autonome dans une Série 5, est-ce une hérésie ? Non, un signe des temps et du trafic qui évolue.

Tarifs

Il existe déjà une Série 5 Touring à partir de 51.250 € (520d Touring, boîte manuelle), mais notre version réclame un prix de base de… 67.900 € ! Rajoutez encore 20.000 € pour une voiture très complète et vous obtenez un superbe vaisseau pour voyager loin en tout confort. A l’usage, le moteur essence est forcément plus vorace que le moteur diesel : BMW annonce une moyenne de 7,3 l/100 km (167 g CO2/km), mais nous avons pour notre part, consommé tout juste moins de 10 l/100 km… Avec une conduite assez dynamique il est vrai. Sur de longs trajets autoroutiers, il doit néanmoins être possible de descendre sous les 9 l/100 km.

D’un point de vue équipement, tout est possible, y compris la climatisation à distance, le hot-spot WiFi, Apple CarPlay, les capteurs de gestuelle pour commander le système multimédia (un brin gadget, toutefois) et même le parking télécommandé depuis la clé. Mais contrairement à Mercedes, l’opération ne peut ici se faire qu’en ligne droite.

Conclusion

Oublions un bref instant l’héritage sportif de la Série 5 : la nouvelle venue se profile surtout comme un superbe vaisseau pour voyager longtemps et dans un très beau confort. Indubitablement, la version Touring marque des points en matière de praticité face à la berline, sans toutefois chatouiller la reine de la catégorie, Mercedes E Break en tête. Et contrairement à ce que voudrait nous faire dire la tendance actuelle, c’est bien en… diesel (et de préférence en 6 cylindres), que la Série 5 est la plus agréable.