Avec un marché des SUV en croissance constante et une base déjà toute prête (à savoir, le Nissan Qashqai), Renault n’a pas hésité longtemps avant de se lancer lui aussi, dans l’aventure SUV. Ainsi est né le Kadjar, un modèle aux lignes spécifiques, mais dont l’architecture technique doit beaucoup au cousin de chez Nissan. Chez Volkswagen, l’histoire est différente puisque le constructeur allemand a été bien plus rapide à réagir à ce phénomène de mode avec son Tiguan premier du nom, dévoilé en 2007. Mais il aura tardé avant de renouveler son modèle : 9 ans, dans l’industrie auto, c’est colossal.
Mise en bouche
D’un point de vue du style, il est quasiment impossible de les confondre, ces deux-là ! Bien dans la tradition Volkswagen, le Tiguan fait honneur à son pays d’origine avec une coupe droite, nette et taillée pour mettre en exergue la qualité de ses ajustements. Chez Renault, on se laisse aller à davantage de fantaisie, avec un Kadjar aux rondeurs plus musclées, aux hanches bien marquées et plutôt féminines. Alors ? Eh bien, à chacun ses goûts !
Finition : Avantage Volkswagen
Chez Renault, la filiation avec le Nissan Qashqai est évidente : on y retrouve bon nombre de commandes communes. Si la finition est bonne dans l’ensemble, quelques plastiques viennent gâcher le tableau avec une présentation qui semble assez datée.
Chez Volkswagen, la montée en gamme est plus que sensible, non seulement de par l’équipement digne d’une limousine (nous y reviendrons), mais également par les ajustements et la présentation. Côté ambiance, difficile de juger l’ensemble comme « chaleureux », mais la qualité force le respect. Enfin, dernier détail qui a toute son importance : les sièges sont excellents dans les deux cas, avec un confort forcément plus ferme pour le Teuton.
Habitabilité, espace : Avantage Volkswagen
Si les dimensions sont quasiment identiques (4,49 m pour le Tiguan, 4,45 m pour le Kadjar), l’Allemand semble bien plus inventif dans l’utilisation de cet espace que son concurrent français. Ainsi, le Tiguan profite d’une banquette arrière coulissante sur 18 cm pour prendre l’avantage.
Mais c’est au niveau du coffre que l’écart se creuse : 472 litres pour la Renault, 520 litres pour la VW ! Et si vous avancez la banquette arrière, ce dernier volume passe à 615 litres. La différence devient plus marquée encore lorsque l’on lorgne du côté du volume maximal (banquette arrière rabattue) : 1478 litres pour le Kadjar et… 1655 litres pour son concurrent. La victoire est sans appel, d’autant que le Français souffre d’un seuil de coffre pénalisant.
Moteur, performances : Avantage Volkswagen
Sur papier, l’affaire semble entendue avant même de prendre la route : le haut de gamme diesel du Kadjar reprend le 1.6 dCi dans sa variante de 131 chevaux. Chez VW, histoire d’avoir un match plus ou moins équitable, nous avons dû retenir le 2.0 TDI de… 150 chevaux ! Vingt chevaux de différence, cela ne semble pas très équilibré, mais l’écart se réduit au niveau du couple : 320 Nm pour le Français, 340 Nm pour son concurrent. Dans les deux cas, une boîte manuelle à 6 rapports est servie de série. Mais s’il vous faut une boîte automatique, seul le Volkswagen répond à votre demande avec une DSG.
Sur la route, la différence de puissance est à peine perceptible, non seulement parce que le Tiguan accuse quelques kilos de plus sur la balance, mais également parce que son 2.0 TDI nous a semblé en petite forme ! En revanche, au niveau des reprises, l’écart est sensible : le TDI allemand est rond tout le temps, alors que le dCi 130 français manque de souplesse sous les 1.500 tr/min.
Comportement routier : Avantage Renault
Ici, le Français reprend des couleurs. Concocter des châssis dynamiques, c’est la spécialité des marques de l’hexagone. Et ce Kadjar ne fait pas exception avec un solide tranchant de la part du train avant et un ensemble vivant et dynamique. Voilà un SUV vraiment plaisant à conduire sur route sinueuse !
Le Tiguan fait preuve quant à lui, d’un comportement sain et plutôt rassurant, mais ne peut suivre le rythme d’un Kadjar sur un itinéraire tourmenté. Il lui reste une excellente motricité et un système 4Motion efficace, parvenant à endiguer le sous-virage lors des accélérations en sortie de courbe.
Confort : Avantage Renault
Le « confort à la française »… N’imaginez toutefois pas que le Kadjar absorbe les ondulations comme une guimauve, car il contrôle ses mouvements de caisse en filtrant un maximum d’irrégularités. De plus, son insonorisation soignée permet d’oublier sa mécanique.
Le Tiguan, quant à lui, ne peut nier qu’il carbure au mazout : de l’extérieur, les claquements typiques sont bien perceptibles ! Dans l’habitacle, heureusement, le concert de castagnettes est mieux maîtrisé, sans être vraiment discret. Le confort, plus ferme, reste toutefois d’un bon niveau.
Equipement : Avantage Volkswagen
Chez VW, l’équipement disponible est digne des modèles premium et le système multimédia propose une connectivité totale (Mirror Link) avec votre smartphone. De plus, VW propose également l’instrumentation entièrement digitale, l’assistant de conduite dans les embouteillages, l’affichage tête haute… Autant d’équipements qui grèvent le budget car optionnels, mais que nous ne retrouvons pas sur le Kadjar !
Ce dernier propose un système multimédia complet et impressionnant par sa taille, le R-Link 2, mais ce dernier manque d’intuitivité et son ergonomie laisse à désirer. Il n’est pas toujours facile, au premier abord, de s’y retrouver dans tous ces menus et sous-menus.
Budget : Avantage Renault
Si vous désirez le Kadjar équipé d’une transmission intégrale, le choix est plutôt réduit. En effet, une seule finition vous est proposée : elle s’appelle « Bose » et vous délestera de 32.500 €. Rajoutez 3.000 euros d’options et vous aurez tout : de la sellerie cuir au Park Assist en passant par le toit panoramique en verre.
Chez VW, la montée en gamme fait souffrir le portefeuille : notre Tiguan d’essai était affiché à près de 50.000 €, soit 15.000 € de plus que son concurrent du jour ! Alors évidemment, l’équipement était bien plus opulent et la finition bien plus soignée, mais tout de même : c’est le prix d’une sympathique MGB de collection !
A la pompe, le Français se montre également plus doux avec le portefeuille, mais d’un fifrelin : nous avons relevé dans son cas une consommation moyenne de 6,9 l/100 km, contre 7,3 l/100 km pour son rival.
Conclusion : Avantage Renault
Quatre victoires pour le VW, contre trois pour son concurrent et nous faisons grimper le Kadjar sur la première marche ? Oui. Car si le Tiguan est en effet un SUV plus accompli, mieux fini et plus… valorisant, l’effort financier supplémentaire qu’il réclame fait redorer le blason du Kadjar. Face à son concurrent du jour, ce dernier aura souffert. Il semble en effet avoir quasiment une génération de retard. Mais au final, son comportement plus dynamique et surtout, son prix très étudié ont fini par nous convaincre de le hisser comme vainqueur.