La Stinger, c’est d’abord un fabuleux coup de crayon dû à Peter Shreyer. Menaçante, voire agressive dans sa face avant avec ses phares étirés et ses (fausses) prises d’air sur le capot, la Stinger s’étire joliment de profil jusqu’à cette poupe élégante et originale, avec les feux revenant sur les ailes. Pas de doute, le modèle a de l’allure et il interpelle dans la rue. Et la vue du logo Kia ne fait qu’amplifier la curiosité : bien joué Kia, pour un modèle taillé pour faire de l’image, c’est très réussi !
Dans l’habitacle, un vrai feeling premium, mais un espace compté !
Ce long vaisseau s’étale sur 4,83 m et se termine par un hayon, électrique comme il se doit. Avec de telles dimensions, on s’imagine une voiture largement spacieuse et dotée d’un coffre confortable… Ce n’est pas l’exacte vérité : la garde au toit (avant et arrière) est juste pour les grands gabarits, l’accessibilité arrière n’est pas des plus aisées, alors que le coffre, s’il est profond, manque cruellement de hauteur. Les chiffres ne mentent d’ailleurs pas : 406 litres, ce n’est pas terrible comme résultat !
Mais la Stinger n’a pas été conçue pour balader votre commode bretonne ! Elle a bien d’autres arguments à offrir, comme un habitacle distillant un vrai feeling premium. Les inserts métalliques sont omniprésents et la présentation est avenante à souhait. Dommage toutefois que Kia n’ait pas plus soigné l’instrumentation, s’en remettant à des cadrans et des aiguilles au graphisme fort suranné…
Sous le capot
Parlons technique ! En effet, la vraie cerise sur le gâteau, elle est ici : sous le capot de notre modèle, nous retrouvons un V6 essence biturbo de 3,3 litres de cylindrée. Il est accouplée à une boîte automatique à 8 rapports qui fait transiter ses 370 chevaux et surtout, ses 510 Nm de couple sur les quatre roues. Kia a toutefois pensé à notre marché et propose des 4 cylindres essence et diesel plus raisonnables, développant respectivement 255 et 200 ch. De série sur ces derniers modèles, la transmission se fait sur les roues… arrière ! Allô, Monsieur BMW ? Nous avons quelqu’un pour vous à l’appareil !
Le festival technique se poursuit au niveau du châssis, avec un amortissement piloté réglable depuis l’habitacle, un freinage signé Brembo faisant appel à 4 grands disques ventilés et un essieu arrière multibras. Avec une pareille fiche technique, on imagine que cette Stinger doit être un délice à conduire !
Quand l’outsider remue dans les brancards
Et c’est effectivement le cas ! La Stinger affiche un équilibre routier stupéfiant, même si le train avant semble alourdi par la présence de notre V6. Rigoureuse, rigide, la Stinger répond précisément aux injonctions de la direction et met immédiatement le conducteur en confiance. C’est avec un plaisir fou que l’on se plaît à manier ce grand vaisseau, à pointer son museau à l’entrée des virages pour en ressortir vivement, aidé par le souffle du V6 biturbo et par la motricité hors pair ! C’est sûr, les Audi A5 Sportback et autres BMW Série 4 Gran Coupé peuvent se poser des questions…
Un moteur puissant, mais sans grande âme
Et ce moteur ? Le V6 offre la puissance et le couple que le châssis mérite. Les 370 chevaux semblent bien tous présents et les accélérations ne manquent pas de pep : environ 5 secondes pour le sprint jusqu’à 100 km/h et une vitesse de pointe annoncée à pas moins de 270 km/h ! A l’usage, on reste pourtant légèrement sur sa faim. Certes, il est puissant et souple, mais on attendait à plus d’émotion d’un tel moteur. A l’usage en effet, sa sonorité reste trop étouffée et il vibre un peu plus que de raison passé les 4.000 tr/min. La boîte auto, pour sa part, est parfaite : rapide, intelligente et douce quand il le faut.
Un confort étonnant
Mais le plus surprenant, c’est finalement le niveau de confort que Kia a réussi à obtenir. L’amortissement piloté filtre remarquablement les imperfections et les bruits aérodynamiques et mécaniques sont bien isolés. Il faut dire que contrairement à Audi et BMW, Kia n’a pas eu recours aux portes sans encadrement.
Budget
Les prix démarrent à 45.700 € pour le 2 litres turbo essence, grimpent à 46.000 € pour la 2.2 CRDi et culminent à 54.000 € pour la 3.3T, soit notre version d’essai. Un tarif légèrement inférieur à celui d’une BMW 440i Gran Coupé, mais qui s’explique surtout par un équipement archi complet : rétroviseurs chauffants, phares LED, cuir Nappa, sièges électrique chauffants et ventilés, volant chauffant, pédalier en aluminium, démarrage sans clé, affichage tête haute, détection des angles morts, capteurs de parking avant et arrière, reconnaissance des panneaux de signalisation, caméra à 360 degrés, climatisation bizone, régulateur de vitesse adaptatif, système multimédia avec GPS 8 pouces… Rajoutez ces équipements sur la liste de série de l’une des Teutonnes d’en face et vous obtenez un prix final exorbitant !
A la pompe, le V6 rattrape les économies faites à l’achat. Le bougre a un bon appétit ! Si les Coréens sont parvenus à offrir des petits moteurs aussi économiques que les unités européennes, il reste encore un peu de progrès à faire avec les motorisations plus copieuses. N’espérez pas tomber sous les 10,5 l/100 km en conduite très coulée, alors que la moyenne s’établira en revanche, plus près des 12 l/100 km. Oui, gloups…
Conclusion
Voici la première Kia réellement séduisante sur la route et distillant un plaisir de conduite à faire frissonner les européennes ! Alors évidemment, la Stinger n’est pas appelée à faire de gros volumes de ventes et la marque ne compte d’ailleurs pas sur ce modèle pour réaliser de gros bénéfices. Il s’agit donc d’un pur produit image, mais contrairement à bien d’autres modèles ayant une vocation identique, le produit est ici aussi, réellement réussi ! Au point de détourner quelques passionnés des références habituelles… Quel exploit !