Il y a bientôt deux ans, la marque se décomplexait en lançant son premier SUV, le F-Pace. Celui-ci était loin de constituer une tentative unique, car la firme britannique avait dans ses plans un petit frère ! Petit frère que voici, d’ailleurs. Logiquement baptisé E-Pace, il s’étale sur près de 4,4 mètres de long et reprend un look dynamique à souhait. Avec lui, pas de doute, Jaguar entend bel et bien jouer la carte de la sportivité.

Un petit quelque-chose de F-Type…

Je dois platement vous avouer qu’après avoir vu les premières photos, je ne fus pas spécialement emballé par l’allure de ce nouveau venu. Un SUV de plus, me suis-je dis, sur un segment déjà largement encombré. Mais Jaguar pénètre ce marché en plein essor avec talent : vu dans la rue, l’E-Pace dégage une vraie personnalité, avec ses épaules saillantes et sa face arrière qui rappelle clairement la sulfureuse F-Type…

Un habitacle timide ?

Dans l’habitacle, l’ambiance retombe d’un cran. Chez Jaguar, cela fait belle lurette que le bois et les teintes chatoyantes sont rayés. L’atmosphère est sombre, peu guillerette et pour tout dire, rappelle les produits germaniques. Il est toutefois possible d’égayer l’atmosphère avec un tableau de bord bicolore et des surpiqûres contrastantes. Question habitabilité, l’E-Pace ne bat aucun record, avec des passagers avant correctement installés (pointons tout de même la superbe position de conduite), mais un espace arrière légèrement restreint pour les plus grands, surtout si vous optez pour le très beau toit panoramique (fixe).

Pratique ?

Si l’habitabilité ne laisse pas de souvenirs mémorables, il en va autrement des aspects pratiques. Les bacs de portière sont bien conçus et profonds, le coffre peut accueillir 577 litres (banquette arrière relevée) et les autres rangements ne manquent pas de volume. On déplore seulement une modularité basique (pas de dossier arrière inclinable, ni de plan de chargement plat, une fois la banquette rabattue) qui ne fera pas de cette Jaguar votre meilleure amie pour courir les brocantes (volume maximal de 1.234 litres).

Techno

Ticket d’entrée pour la marque et s’adressant par essence à un public plus jeune, l’E-Pace propose une technologique à la pointe : relevons le hotspot WiFi qui permet de connecter 8 appareils, le très grand écran multimédia tactile et proposant tous les services indispensables et accessoires (bien conçu et intuitif), l’intégration idéale de votre smartphone via « InControl Apps » et l’instrumentation pouvant être troquée contre un panneau numérique de 12,3 pouces. Rajoutez également à cela, cinq ports USB dispersés dans la voiture et un affichage tête haute à haute résolution. S’il vous plaît…

Moteurs

Trois diesels et deux essences sont au programme, mais tous sont des 4 cylindres Ingenium de 2 litres de cylindrée. En diesel, le Britannique propose des unités de 150, 180 et 240 chevaux et en essence, des moteurs de 250 et 300 chevaux. Seuls les deux petits diesels sont disponibles avec une boîte manuelle, les autres reprenant une boîte automatique ZF à 9 rapports. Enfin, toujours au rayon transmission, pointons que seul le plus petit moteur est disponible avec deux roues motrices (traction avant), les autres mécaniques étant exclusivement proposées avec une transmission intégrale intelligente, capable de transférer le couple sur l’essieu ou la roue à la meilleure adhérence.

Nous avons pour notre part essayé le diesel de 240 ch et l’essence de 300 ch. C’est le premier des deux qui nous a le plus convaincus : ses 500 Nm (100 de plus que l’essence) procurent des reprises plus percutantes à bas régimes. Curieusement, il nous parait également mieux insonorisé que l’essence, même si sa sonorité est forcément plus rugueuse…

Au volant

Jaguar soigne sa réputation de constructeur de voitures sportives depuis plus d’un demi-siècle ! Ce SUV aux roues avant (souvent) motrices va-t-il tout faire capoter ? Non, bien au contraire. Voilà donc l’un des SUV les plus enthousiasmants à conduire ! Doté d’une transmission intégrale intelligente, le E-Pace régale son conducteur par le tranchant de son train avant, l’amortissement parfaitement calibré et la rigidité de sa carrosserie. Malmené sur des dizaines de kilomètres des routes du Tour de Corse, la Jaguar n’aura jamais cessé de nous épater, virage après virage. Seuls les freins manifestaient poliment une petite réprobation après cette torture surréaliste….

Quelques points faibles ?

Si la voiture reste confortable en toutes circonstances, la fermeté de la sellerie cuir pourra en déconcerter quelques-uns. Notons également un train avant difficile à diriger précisément dans le cas de la version essence, ainsi qu’une boîte automatique trop lente et manquant de discernement : comptant 9 rapports, elle semble un peu perdue et ne sait jamais trop quel rapport choisir, en conduite active. Enfin, il lui manque encore quelques gadgets présents sur la plupart des véhicules allemands, comme l’assistance de conduite dans les embouteillages.

Budget

Jaguar propose 4 niveaux de finitions (E-Pace, S, SE, HSE), un pack R-Dynamic pour un look plus sportif disponible sur toutes les voitures et une luxueuse finition First Edition limitée à la première année de production. Les prix s’échelonnent entre 36.050 € (E-Pace, D150, boîte manuelle, 4x2) et 65.150 € (R-Dynamic HSE, P300, boîte auto, 4x4). Une sacrée fourchette ! Comptez plus de 50.000 € pour un modèle correctement équipé, doté du diesel de base, mais de la transmission intégrale et de la boîte automatique. Jaguar annonce des émissions de CO2 de 124 g/km pour le modèle d’accès.

Conclusion

Alors, cette Britannique a-t-elle des arguments pour vaincre l’armada teutonne ? Oui, très clairement : Jaguar a pondu une voiture plaisante à regarder, suffisamment pratique et diablement séduisante à conduire ! Un véritable outsider sur le marché premium, à l’instar de la Volvo XC40, mais dans un registre évidemment plus sportif. Tout n’est pas parfait, quelques détails restent encore à lisser, mais le produit convainc malgré tout par son ADN : SUV ou pas, cette Jaguar est digne de son blason !