Polestar est à Volvo ce que « M » est à BMW ou « AMG » à Mercedes, soit un département sportif qui relève le dynamisme d’un modèle. Jadis indépendante et spécialisée dans les bolides de compétitions, Polestar fait aujourd’hui, intégralement partie du giron Volvo. Avant de s’abandonner aux véhicules électriques, ce département s’amuse encore à titiller quelques Volvo. Alors, toujours aussi sages, ces Scandinaves ?
Du sport, mais raisonnablement !
Il fût une époque, pas si lointaine, où Polestar enflammait le cœur des sportifs avec des versions à 6 cylindres comptant plus de 500 chevaux. Aujourd’hui, les choses sont nettement plus raisonnables. Prenant comme base les S60 et V60 T6, Polestar a donc gonflé le moteur 4 cylindres de 2 litres existant.
Petit joueur ?
Face aux 6 cylindres de 3 litres que les concurrents allemands lui opposent (BMW 440i, Audi S4 et autres Mercedes C43 AMG), ce 4 cylindres semble bien menu. Mais c’est sans compter l’invraisemblable séance de bodybuilding : un turbo, un compresseur, un équipage mobile revu, un arbre à cames plus pointu et une admission plus directe. Cet arsenal permet de hisser ce 4 cylindres au niveau des moteurs concurrents, avec une puissance de 367 chevaux et un couple de 470 Nm. Rapportées à la cylindrée, ces valeurs sont impressionnantes !
Transmission intégrale
Pour faire transiter cette puissance en toute sécurité sur la route, Volvo impose la transmission intégrale. Et la boîte automatique à 8 rapports également, par la même occasion. Enfin, Polestar annonce avoir allégé le bolide de 20 kg, dont… 24 kg (sic !) sur le train avant. Manifestement, ce modèle a le popotin alourdi !
Agressive ? Modérément !
Alors bien sûr, il y a la teinte bleu électrique qui s’impose rapidement à vous. Mais pour le reste, la Polestar reste très discrète : pas d’aileron démesuré, pas de sorties d’échappement de la taille d’un pipeline, pas de jupes latérales trainant sur le goudron et pas plus de prises d’air taillées à la serpe dans la carrosserie ! Même constat dans l’habitacle : l’ambiance sombre suggère la sportivité, de même que la console centrale couverte de fibre de carbone et les logos Polestar, mais les allusions sportives s’arrêtent là.
Sportive à l’ancienne
A l’heure des voitures où le bouton s’impose en Roi, il est bon et rafraichissant de retrouver une voiture facile et intuitive. Pas de molette proposant divers modes de conduite à bord de cette Volvo, c’est votre pied droit qui imprime le tempo, plutôt qu’un mouvement de l’index sur une quelconque molette ! Sympa !
4 cylindres, est-ce suffisant ?
En conduite sportive, la S60 Polestar étonne. Certes, il ne s’agit pas de la voiture la plus dynamique de son segment mais son moteur possède une « poigne » étonnante, pousse « velu » dès 3.500 tr/min et raffole des montées en régime à près de 7.000 tr/min ! La motricité est évidemment parfaite, transmission intégrale oblige et l’ensemble vire d’un bloc, sans mouvement scabreux de la suspension. Du très beau travail qui permet de passer très rapidement dans les virages et d’effacer encore plus vite les lignes droites ! Polestar annonce d’ailleurs un 0 à 100 km/h en 4,7 secondes, ce qui ne nous semble nullement exagéré.
Et pourtant…
Pour batailler contre ces redoutables teutonnes bardées d’assistance et de cylindres, la Polestar arrive vite à court d’arguments. Son moteur, si rageur soit-il, tonne d’une voix grave mais sans relief, son comportement devient sagement sous-vireur à la limite, les freins manquent de mordant et la boîte automatique a du mal à suivre l’enthousiasme de la mécanique.
Pour tous les jours ?
L’utilisation quotidienne est évidemment, parfaitement envisageable. Polestar ou non, une S60 se veut silencieuse, accueillante avec ses sièges confortables et bien finie. On regrette tout de même un coffre étriqué et une suspension trop sèche à basse vitesse pour cette version sportive. Rajoutez à cela un rayon de braquage perfectible et vous comprendrez rapidement que cette S60 n’est pas la monture urbaine par excellence…
Equipement
Polestar ou non, une Volvo fait toujours la part belle à la sécurité : régulateur de vitesse adaptatif, alerte de trafic en marche arrière, freinage d’urgence avec détection des piétons et cyclistes… Tous ces éléments sont servis. En revanche, le système multimédia ne semble pas de la dernière génération, souffre d’une ergonomie vieillotte et ne dispose pas des dernières possibilités de connexion (notamment avec le smartphone).
Tarif
Volvo propose sa Polestar à partir de 65.250 €. Un tarif pas facile à digérer, sachant qu’Audi propose une S4 à 60.955 € et BMW, une 340i xDrive Automatique dès… 53.789 € ! Même la Classe C43 AMG de Mercedes paraît être une bonne affaire, à 62.315 €. Certes, mais la Volvo offre une dotation de série plus fournie que ses rivales.
A la pompe, le 4 cylindres a fait preuve d’une consommation logique, se contentant de 10 l/100 km en moyenne. Un parcours autoroutier permettra d’économiser encore un litre. Mais attention aux pieds trop lourds : turbo oblige, la consommation s’envole vite au-delà de 12 l/100 km, voire nettement plus !
Conclusion
Que peut donc bien offrir cette Suédoise en fin de vie, face à une armada de Teutonnes réputées ? L’exotisme, une certaine dose d’exclusivité, un moteur qui compte certes 2 cylindres de moins, mais qui fait preuve d’un tempérament pour le moins survolté et enfin, une conduite simple pour un plaisir immédiat, nullement dépendant du mode que vous avez sélectionné. Une offre curieuse sur le marché mais certainement pas dénuée d’intérêt ! Dommage seulement que le badge Polestar impose un tel tarif !