La générale avant Le Mans

Programmées cette année les 9, 10 et 11 mai, un gros mois avant les 24H du Mans, les 1000 km de Spa, troisième épreuve déjà de la Le Mans Series, serviront d’ultime répétition avant le double tour d’horloge sarthois.

Une générale à laquelle participeront trente-huit des cinquante-cinq voitures engagées pour la grande classique mancelle. Mieux encore, dans la catégorie des prototypes où l’on recense un record de vingt-neuf concurrents (14 en LMP1 et 15 en LMP2), vingt-cinq des trente-trois protos préparés pour les 24 Heures se lanceront à l’assaut du Raidillon. Au niveau des marques, seule la Dome-Judd manque à l’appel et sera remplacée par la Lavaggi et une WR-Zytek absentes au pays des rillettes. C’est dire si le plateau d’une petite cinquantaine de bolides (29 protos et 18 GT) est intéressant.

Mais ce dont l’on se réjouit bien entendu le plus au RAC Spa, c’est du véritable intérêt sportif de la lutte cette année entre les usines Peugeot et Audi avec leurs protos carburant au diesel.

Après deux premiers succès de la 908 HDI FAP de Marc Gene et Nicolas Minassian à Barcelone puis de la voiture sœur de Stéphane Sarrazin et Pedro Lamy le week-end dernier à Monza, Rinaldo Capello et Allan McNish auront soif de revanche. Et leurs jeunes équipiers Alexandre Prémat et Mike Rockenfeller tenteront de faire honneur à leur inattendue première place au championnat après deux très beaux accessits.

Un duel serré entre les deux Lionnes fermées et les deux protos ouverts de la marque aux anneaux où le moindre détail prend toute son importance. La gestion du trafic, des pneumatiques, des ravitaillements, de la stratégie et en Belgique de la météo, autant d’éléments déterminants qu’il s’agira de parfaitement maîtriser pour s’imposer à Francorchamps.

Si dans le camp Audi on fera normalement confiance à ses deux équipages habituels, du côté de Peugeot on profitera de l’occasion pour déjà former les triplettes du Mans avec les renforts de l’ex-champion du monde de F1 Jacques Villeneuve aux côtés des leaders de Gené et Minassian, et de l’ex-vainqueur des 24H françaises et ancien pilote Williams F1 (l’an dernier encore avant d’accepter cette année un rôle d’essayeur chez Honda) Alexander Wurz pour épauler Pedro Lamy et Stéphane Sarrazin. Rien que du beau monde.

Et derrière, grâce à une nouvelle règle d’équivalence, des moyens un peu plus relevés et surtout quelques nouvelles machines, les « essences » s’accrochent de mieux en mieux au rythme endiablé des « mazouts ». En témoignent le podium décroché en Espagne par la superbe Lola-Aston Martin développée par Prodrive que Jan Charouz partage avec le véloce Stefan Mucke ou encore les débuts de course tonitruants de l’ex-équipier de Michael Schumacher en F1 chez Benetton, Jos Verstappen, lauréat en Espagne et second en Italie en LMP2 au volant de la Porsche RS Spyder de son équipier hollandais Peter Van Merksteijn.

A suivre aussi de très près les performances des toujours vaillantes Pescarolo de Collard, Boullion et consorts, la Création (la deuxième voiture est forfait suite à l’accident de Campbell-Walter à Monza), le nouveau proto couvert Epsilon Euskadi-Judd des Espagnols Burgueno-De Castro ou encore la nouvelle Courage-Oreca (la deuxième voiture détruite par le miraculé Stéphane Ortelli le week-end dernier ne sera réparée que pour le Mans) de Nicolas Lapierre associé à un certain Olivier Panis.

Enfin, les amateurs de charme et d’histoire seront ravis de fêter le retour chez nous de Vanina Ickx, sur le podium final de l’édition 2005 des 1000 km. Après deux ans de galère en DTM, la cadette du grand Jacky nous revient plus forte encore avec l’équipe britannique Rollcentre de Martin Short et toujours le soutien de Very Plast. Mais cette fois aux commandes d’un proto Pescarolo-Judd plus performant que son ancienne Dallara. Malgré un niveau trois fois plus relevé qu’il y a trois ans, mademoiselle Ickx est déjà rentrée deux fois dans le Top 10 : dixième à Barcelone, septième à Monza, que nous réserve-t-elle pour Francorchamps ?

Voilà pour les LMP1. En LMP2, les nouvelles références se nomment Porsche et Verstappen. Trois exemplaires du RS Spyder lauréat des dernières 12H de Sebring (devant les Audi d’usine !) participent à l’intégralité de la Série avec en plus du team Van Merksteijn Motorsport de Verstappen, le team Essex des Danois Casper Elgaard et John Nielsen et le Horag Racing de Fredy Lienhard au sein duquel on retrouve deux dinosaures de l’endurance avec notre compatriote Didier Theys et l’ex-champion du monde FIA Sports Car Jan Lammers. Dans leur catégorie, les principales concurrentes des proto de Stuttgart sont les Lola avec la Speedy Racing de Belicchi-Pompidou-Zacchia, la Quifel-ASM d’Amaral-Pla et la RML MG de Erdos-Newton. A suivre aussi les Zytek 07S de Barazi-Vergers et Gosselin-Ojjeh associés au jeune Verviétois Julien Schroyen, sans oublier les WF01-Zytek d’Haberfeld-Hughes et Foster-Kane.

Concurrence du FIA GT oblige, la catégorie GT1 est la moins forte avec seulement cinq voitures. Pas d’usine ici comme au Mans où l’on assistera à une répétition du duel Corvette-Aston Martin, mais trois marques représentées (avec la Lamborghini de Kox-Rusinov) tout de même et un podium devant se jouer entre les C6-R de Luc Alphand (sur une desquelles on devrait retrouver Stéphane Lémeret) et la DBR9 de Garcia-Enge.

Enfin en GT2, la lutte paraît équilibrée entre les Ferrari 430 de Kaffer-Ehret et Bell-Bruni, les Porsche 997 GT3 RSR de Nielsen-Simonsen-Westbrook, Davidson-Lieb, Lietz-Narac ou Palttala-Forsten-Daniels et les Spyker C8 Laviolette GT2-R de Chiesa-Leuenberger et Dumbrek-Kelleners.

Après deux séances libres vendredi après-midi et une samedi matin, les qualifications pour les 1000 km de Spa se dérouleront samedi en début d’après-midi (13h40), le départ de la course étant programmé le dimanche 11 mai à 12h50 pour une ronde de 143 tours ou 6h maxi. Le prix pour l’accès général (tribunes comprises) au meeting s’élève pour les trois jours à 30 euros (avec une réduction de 10 euros et le programme gratuit en cas d’achat en prévente avant le 1er mai). Le supplément pour les paddocks est fixé à 15 euros avec dans ce cas la possibilité d’approcher les pilotes et d’obtenir des autographes des Villeneuve, Ickx, Pescarolo, Verstappen, Wurz, Panis, Theys, Alphand et consorts.

Accès gratuit vendredi

L’accès lors de la première journée d’essais de ce vendredi où les protos tourneront deux heures est totalement gratuit, tant pour les tribunes que pour le paddock. Pour rappel, les tickets valables pour l’ensemble du week-end sont vendus à 30 euros (enceinte générale et tribunes) avec un supplément de 15 euros pour le paddock.

15 pilotes ex-F1

Treize anciens coureurs de Grands Prix sont présents ce week-end à Francorchamps. Le plus connu est sans aucun doute l’ex-champion du monde canadien Jacques Villeneuve, couronné en F1 en 1997. Mais il y en aura d’autres. A commencer par ses équipiers au sein de l’équipe Peugeot Marc Gené, Pedro Lamy, Stéphane Sarrazin et Alexander Wurz, encore titulaire chez Williams l’an dernier et aujourd’hui pilote d’essai Honda. Dans le camp Audi, seul Allan McNish a roulé en GP à l’époque Toyota. Autres grands noms ayant connu une belle carrière au plus haut niveau, le Français Olivier Panis (vainqueur du GP de Monaco 1996) et le Hollandais Jos Verstappen se sont désormais reconvertis en endurance avec des équipes (Courage-Oreca et Porsche Spyder Van Merksteijn) au sein desquels ils peuvent mettre leur talent en évidence. Les autres pilotes vus un jour sur un GP de F1 sont Giovanni Lavaggi, Jean-Christophe Boullion, Tomas Enge, Jan Lammers, Olivier Beretta, Gianmaria Bruni et Andrea Chiesa.

20 marques, 22 nationalités

Composé de 55 bolides, 33 protos et 22 GT, le plateau 2008 de cette série très internationale est très varié avec vingt et une marques (15 en protos et 5 en GT avec Porsche présente dans les deux) et vingt-deux nationalités différentes représentées. Parmi elles la Belgique bien sûr avec au moins trois représentants : Vanina Ickx, Didier Theys et Julien Schroyen en prototypes. En attendant la confirmation de Stéphane Lémeret sur la 2ème Corvette C6-R de Luc Alphand.

Plus de deux heures de direct sur la RTBF

Une fois encore, soulignons le gros effort fourni pour cette classique de l’endurance par la RTBF qui retransmettra plus de deux heures de direct sur la course avec une bonne heure au départ, un point à mi-course et l’arrivée en « live ». Sympa. Par ailleurs, les cinq manches de la Série bénéficient de larges diffusions (en direct et en différé) sur Eurosport. Pour les horaires exacts et définitifs, merci de vous en remettre à vos magazines télés habituels.

Nostalgie avec la Classic Endurance Racing

En plus des manches européennes réservées aux Caterham et aux Radical, le programme annexe comportera l’habituelle course d’une heure de la Classic Endurance Racing, une épreuve réservée aux protos et GT alignées aux 24H du Mans avant 1980. L’occasion de replonger dans ses souvenirs en voyant défiler à vive allure des Porsche 917, 935 ou 936, une Inaltera, Matra 660, Ferrari 712, une De Tomaso Pantera Gr.4 ou encore des protos Chevron et Lola en pagaille. Un grand moment de bonheur.