GM comme fournisseur Finie donc l'époque des balbieri sous le capot qui respiraient au travers d'une paire de carburateurs Webber. La tendance actuelle est à la rationalisation et Alfa n'y échappe pas. Le constructeur a fait ses courses chez le géant GM et a ramené un moteur essence de 2.2 l dans son caddy. Une hérésie impardonnable pour tout amateur de belles italiennes… Sauf que le moteur en question a reçu les soins des ingénieurs italiens qui l'ont doté, entre autres, d'une injection directe. Le résultat est à la hauteur de la réputation du motoriste : 185 chevaux à 6.500 tours/minute et un couple maximum de 230 Nm à 4.500 tours/minute, soit des valeurs spécifiques fort honorable. Une pression sur le bouton-poussoir de démarrage réveille la mécanique et rassure les oreilles des mélomanes : la sonorité aux échappements est bien typiquement Alfa. Le moteur est bien plein à tous les régimes et monte, malgré sa longue course, très facilement dans les tours en grondant de plaisir. Une mécanique très agréable qui a en plus le chic de rester très discrète à régime stabilisé et aux régimes courants. Un vrai moteur Alfa donc ? Pas tout à fait : le poids, toujours lui, calme l'ardeur des chevaux et l'on se prend à rêver d'une version – encore – plus puissante. De plus, ce moteur est linéaire dans sa poussée, ce qui le rend moins "vivant" que les moteurs de jadis. La boîte est à 6 rapports et se révèle comme l'agréable complice du moteur. Ferme, parfaitement étagée et précise, c'est un régal de la manier. Plaisante et efficace L'agrément de conduite est bien au rendez-vous avec cette 159. Les virages sont enchaînés facilement, une symbiose parfaite s'installant entre le conducteur, la direction et le châssis. Ces derniers permettent de placer la voiture avec une précision chirurgicale dans les virages. Un vrai bonheur ! Le freinage est à l'avenant, avec une pédale facile à doser et une puissance suffisante qui ralentit efficacement une telle masse mue par 185 chevaux. Berline de jeunes mariés L'habitabilité arrière ne compte certainement pas parmi les points forts du modèle… Les grands gabarits s'y sentiront à l'étroit et seront sujets à un sentiment de confinement. Les irrégularités du revêtement sont assez sèchement ressenties et les conducteurs de plus de 1m85 se plaindront de la position de conduite trop haute. L'insonorisation est de bonne facture, seuls quelques bruits de vent étant perceptibles sur autoroute à vitesse stabilisée (et légale !). Le coffre est relativement spacieux et modulable… Les possesseurs de 156 apprécieront. Reste que la 159 manque cruellement d'espaces de rangement. La climatisation, tri-zone dans le cas de cette version haut de gamme, est efficace mais sait se montrer excessivement bruyante en cas d'effort important. L'ambiance intérieure est typée Alfa Romeo, avec une kyrielle de manomètres, dont une température d'huile, rédigés en italien et tournés vers le conducteur. Une saveur chaleureuse et sportive s'échappe de cet habitacle. La finition ne gâche pas le plaisir en se montrant bien supérieure par rapport aux réalisations antérieures. Quelle soif ! Heureusement que le réservoir contient 70 litres, car avec une consommation moyenne de 12,5 l, la belle italienne risquait fort de vite se retrouver à sec. Consommation qui peut assez vite s'envoler suivant la position du pied droit… Les versions diesel de la 159 risquent donc fort d'avoir la faveur en ces temps de flambée du prix du pétrole. Proposée à 28.600 € en version "Progression" et à 30.850 € en "Distinctive", la note est salée ! Surtout si l'on rajoute quelques options telles que la sellerie cuir à 1.665 €, les phares au xénon à 800 €, le régulateur de vitesse à 200 € et la peinture métallisée à 650 €. Autant d'équipements qui ne sont pas livrés de série, même sur la version "Distinctive". Conclusion Belle à se damner, avec sa robe ramassée et son style si personnel, l'Alfa 159 séduit immédiatement. Giugiaro n'a pas perdu la main et son coup de crayon est toujours aussi magistral. Reste que l'Alfa a bien plus à offrir qu'une superbe carrosserie : l'intérieur est typé ; la tenue de route, incisive et le moteur, plaisant. Toutefois, cette berline n'est certes pas la plus habitable, ni la plus pratique du marché. De plus, le tarif excessif et la consommation effrénée de cette version dissuaderont les esprits rationnels. Un achat coup de cœur, mais qui ne décevra certainement pas les amateurs de conduite.