Bonjour, ma grosse Les premiers tours de roues incitent à la prudence. Les 400 kg sont bien là, et il s'agit de les contrôler, car une telle masse ne se rattrape pas une fois le point d'équilibre dépassé. Le moteur ne facilite guère la prise en main : trop peu rempli à très bas régime, il nous est arrivé de caler. Pour peu que la moto soit à peine en mouvement, mais un peu penchée, ça devient chaud pour la retenir ! Avec un peu d'habitude, on prend le coup de main, et ça n'arrive plus, mais la sensation de lourdeur à basse vitesse reste bien présente, contrairement à sa concurrente américano-japonaise, la Gold Wing, qui fait oublier totalement sa masse une fois en mouvement. Mais ne noircissons pas le tableau. Ce genre de machine ne se manie pas comme une vulgaire mobylette, mais à l'usage, on s'en sort très bien, même en ville. Il n'y a qu'aux plus basses vitesses, ou lors de manœuvres, qu'on regrette d'en avoir une si grosse… Épatez les badauds cet été Sur la route, nous prenons le temps de détailler l'équipement, très généreux. Citons en vrac l'autoradio avec lecteur de cd, le cruise-control, l'ordinateur de bord, le pare-brise réglable électriquement, les poignées chauffantes, l'ABS, le verrouillage central et l'alarme (option), la selle réglable en hauteur (2 positions), la béquille centrale hydro-électrique, les valises intégrées, le top-case avec dosseret, éclairage intérieur, miroir de courtoisie et moquette ! Méga frime la béquille : vous vous arrêtez, vous poussez sur un bouton au guidon, la béquille descend et se met en position toute seule. Vous n'avez plus qu'à descendre de la moto, elle est béquillée. Ça marche aussi avec passager. Succès garanti devant une terrasse de bistro. Toute la musique que j'aime La position à bord est parfaite, tant pour le pilote que pour le passager. La bulle, réglée en position haute, permet de rouler à n'importe quelle allure visière ouverte, mais crée des désagréables remous qui vous poussent dans le dos. Désagréables et pourtant évitables, moyennant des passages d'air bien étudiés. Les rétroviseurs sont efficaces, mais placés trop bas et, en ville, ils accrochent ceux des voitures, au risque de se déboîter et de pendre tristement : ils ne sont pas repliables. La radio et le cd fonctionnent plutôt bien et restent audibles jusqu'à 120-130km/h. À notre avis, ils doivent l'être aussi pour tous ceux qui vous entourent, ce qui est parfois gênant. Le son varie en fonction de la vitesse et peut être facilement coupé par un interrupteur au guidon. Autobahn La moto, confortable et saine de comportement, se laissera assez facilement mener, mais la sensation de lourdeur reste latente. Le moteur, bien que performant, déçoit un peu. Il semble manquer de puissance pour emmener les 400kg avec l'aisance que l'on souhaiterait. Il s'acquitte de son travail correctement, mais sans panache ni agrément. La K1200LT donne toute sa mesure sur autoroute où elle peut atteindre sa vitesse maxi (plus de 200km/h) en toute sérénité. La sensation de lourdeur a disparu pour laisser place à une stabilité exemplaire et très rassurante. On est loin du flottement de la Paneuropean. À 200km/h dans sa patrie natale, la LT est un véritable rail ; le confort impérial vous permet d'envisager les étapes les plus longues, bien aidées par une autonomie qui peut atteindre 400km. Le freinage ABS intégral, décrié par certains, convient parfaitement à ce type de machine et à l'usage qu'on est censé en faire. Une fois le mode d'emploi assimilé, le sentiment de sécurité qui en découle rassure et met à l'aise. Le cruise-control trouve tout son sens sur autoroute : vous vous calez sur une vitesse et vous n'avez plus à rester le regard vissé sur le compteur. Si vous voulez accélérer pour un dépassement par exemple, vous donnez un peu de gaz, puis vous relâchez et la moto revient à sa vitesse initiale. Vous allez trop vite ? Un léger mouvement de la commande de frein et le il se déconnecte. Une impulsion sur la commande et la moto accélère jusqu'à la vitesse pré-établie. Que du bonheur sur long trajet. Mettre la gomme Notre moto d'essai était montée en Bridgestone. Est-ce la moto, est-ce l'usure du pneu avant en « écailles », toujours est-il qu'entre 60 et 80km/h, il était plutôt mal venu de relâcher, ne fut-ce qu'un peu, la pression des mains sur les poignées du guidon : dès qu'il n'est plus maintenu fermement, on le sent osciller de gauche à droite, de façon impressionnante et peu rassurante. Ce flottement se ressentait aussi à petite vitesse et n'aidait pas à mettre à l'aise. A plus haute vitesse le phénomène disparaît complètement. Il semble, après discussion auprès d'un concessionnaire de la marque, que ce phénomène est induit par l'usure irrégulière du Bridgestone BT020 monté à l'avant de la moto. Nous avons déjà connu exactement le même désagrément au guidon d'une Triomphe Bonneville équipée d'un Bridgestone BT45, lui aussi usé irrégulièrement, et créant une surface de roulement en écaille. Le changement du pneu fit complètement disparaître le problème. Le bon choix ? Bilan un peu mitigé au final. Autant nous sommes sensible à l'intérêt de ce type super-GT et à leur démesure, autant nous n'avons pas été complètement convaincus par la K1200LT, tant la sensation de lourdeur reste présente et le sentiment de ne pas maîtriser complètement le sujet reste latent, ce qui n'était pas le cas au guidon de la Gold Wing essayée il y a peu. Est-ce dû à la monte pneumatique ? Certes, celle-ci n'a rien arrangé. Reste une moto très bien finie, performante, rassurante par son freinage et sa stabilité, procurant à ses occupants un confort de première classe, pour 21.200 euros, le prix d'une belle bagnole, à mettre en parallèle avec les 26.500 euros demandés pour la Gold Wing (eh oui, toujours elle !). À vous de voir… © Bruno Wouters