Jason Watt, Lionel Vandercam, Gilbert Georges : le premier est connu, son nom a même été cité dans plusieurs teams de Formule 1, les deux autres sont de vrais « rookies ». Points communs entre ces trois hommes : ils vouent une passion dévorante à l’automobile, mais ont vu leur parcours stoppé par un de ces croche-pieds que le destin distribue à l’aveuglette. Accident de moto pour Jason, de voiture pour Lionel (il était passager) et Gilbert, ils sont paraplégiques.
Pas question pour autant de se lamenter sur leur sort : tandis que le pilote danois dispute avec succès le championnat de tourisme dans son pays, les deux Belges font connaissance lors de journées club sur le circuit de Spa-Francorchamps. Lionel raconte : « Après mon accident, je suis resté deux mois dans un état comateux puis j’ai suivi une revalidation sévère durant cinq mois. Mais à peine sorti, je n’avais qu’une idée : piloter à nouveau ma Porsche qui avait été modifiée en fonction de mon handicap. J’ai dû repasser le permis de conduire et je préfère ne pas m’étendre sur cet épisode car je deviendrais méchant ; je dirai juste que le véhicule sur lequel j’ai subi cet examen n’était absolument pas adapté… Je me suis alors tourné vers le circuit en participant aux organisations du Club Porsche à Francorchamps où j’ai rencontré Vincent Vosse. Puis Marc Duez m’a présenté Gilbert Georges avec lequel je me suis lié d’amitié. Peu à peu est né un projet en compétition. Coup de bol : Vincent connaissant Jason Watt, les choses se sont enchaînées très vite. »
Par l’intermédiaire du vainqueur des 24 Heures de Spa 2002, Lionel et Gilbert entrent en contact avec le champion danois. Ce dernier, ravi de retrouver le circuit de Spa-Francorchamps, accepte l’offre et va fournir de nombreux conseils pour l’adaptation de l’auto, une Porsche 997 préparée par le GPR Racing de Pino Sperlinga : « En fait, les modifications ne sont guère compliquées. Derrière le volant, un second cerceau fait office d’accélérateur. Pour le freinage, un levier agit directement sur la pédale. La boîte est séquentielle : pour monter les vitesses, il suffit de tirer sur la commande et pour descendre, un bouton installé sur le levier de freins agit électroniquement. Je le répète, ce système n’est pas sorcier. Cela dit, on verra à l’usage ce que ça donne, surtout en course. Et le premier test ne pourra avoir lieu qu’aux essais libres des Francorchampions, le 14 avril… »
Au départ d’une saison, il est logique de se fixer un objectif. Lionel et Gilbert évitent précisément de se laisser prendre à ce jeu : « Pour nous, le simple fait d’être sur la grille de départ constitue déjà la plus belle des victoires ! Et comme on dit toujours, le reste n’est que du bonus. Jason Watt envisage évidemment les choses sous un autre angle : comme pilote professionnel de haut niveau, il veut jouer devant. Disons que nous ferons le maximum pour tenir notre rang à ses côtés. A l’heure actuelle, son agenda ne comporte que trois meetings BTCS car son programme au Danemark reste prioritaire : il sera là aux Francorchampions et lors des deux rendez-vous à Zolder, mais nous espérons le décider à nous rejoindre une quatrième fois… »
Ce ne sera pas aux 12 Heures, le sommet de la saison pour lequel Lionel et Gilbert cherchent un équipier : « Cette épreuve devrait bien nous convenir : le rythme sera moins endiablé que dans les sprints de 90 minutes, et la fiabilité de la Porsche y constituera un atout majeur. »
La 997 n°43 portera les couleurs de Wings of Life, une action lancée par l’ancien motocrossman Heinz Kinigadner : « En 2004, son fils a été victime d’un accident pendant un show motocycliste et est resté paraplégique. Heinz a lancé alors, avec le soutien de Dietrich Mateschitz le patron de Red Bull, cette opération Wings for Life dont l’objectif est double : elle finance la recherche mais veut aussi montrer que la vie ne s’arrête pas avec la paraplégie et qu’il est possible de mener encore une existence passionnante après un accident. »
Chaque année, les pilotes portant les couleurs Red Bull sur la scène internationale sont conviés à un week-end placé sous le signe du fun et de la solidarité, l’opération Wings for Life y est aussi remise sous les feux de la rampe : « Nous en avons contacté les responsables pour présenter notre projet et ils nous ont accordé leur soutien. Nous sommes devenus leurs ambassadeurs sur le sol belge. »
Une belle responsabilité dont Gilbert et Lionel ont toutes les raisons de se montrer très fiers. Pour autant, ils entendent rester raisonnables dans leur approche de la course : « Répétons-le, nous sommes terriblement fiers du chemin parcouru, mais nous restons humbles, vu notre manque total d’expérience de la compétition. Ne comptez pas sur nous pour foncer tête baissée et prendre un drapeau noir au bout de cinq tours ! Nous voulons jouer pleinement ce rôle d’ambassadeurs que l’on nous confie. Et pour faire péter des chronos, nous pourrons compter sur Jason : on connaît son talent et sa pointe de vitesse, sa motivation est tout aussi extraordinaire. »
Communiqué PRC Group