François Piette

27 MAI 2005

Sortir du lot avec la banane

Alors là, cher amis, c’est l’essai le plus extravaguant que nous ayons jamais fait… Nous avons donné rendez-vous à deux propriétaires de Caterham Seven, Bruno et Alain, pour un essai hors du commun. Une expérience inoubliable…

Le scénario de cet essai est simple : vivre la conduite automobile comme jamais. La Caterham Seven est un vaisseau spécial dont on se délecte volontiers. D’autant que sa notoriété est déjà ancienne. Le constructeur-artisan a, en fait, repris en 1973 les droits sur la Lotus Seven présentée en 1957 par Colin Chapman. Souvenez-vous, c’est elle qui ouvre le générique de la série mythique « Le Prisonnier » où Patrick McGoohan jouait le rôle du numéro 6. La voiture immatriculée KAR 120C a été personnellement choisie par McGoohan, à la fois comédien et producteur. Il ne s’est pas privé de la conduire. Preuve qu’il a du goût. Bonjour chez vous Avant de piloter cette voiture, il faut déjà apprendre à y monter en prenant soin de ne pas s'appuyer sur le pare-brise ou le rétroviseur. Il faut rentrer dedans les jambes en premier et puis seulement s'asseoir. Ensuite, il faut penser à boucler sa ceinture (ou son harnais) en essayant de passer la main et la boucle dans un espace tellement petit qu'on se demande comment on a bien pu réussir à y entrer. N’imaginez pas y trouver vide-poches ou porte-gobelets. Non mais ! À bord de cet OVNI, on a une vision très surprenante. Au bout du long capot on trouve les deux supports de phare, là bas très loin, qui semblent indiquer la marche à suivre. Démarrage Ce qui compte ici c’est la notion de plaisir. L’accélération est fulgurante, surtout cheveux au vent. Car cette voiture est une vraie décapotable. C'est même un peu tout ou rien d’ailleurs. Sous la capote, il fait trop chaud et si on l'enlève et bien on est complètement à l'extérieur. Ne parlons même pas de la version sans pare-brise ni porte où le casque est indispensable par temps de pluie... Ne pensez pas qu'on trouve ABS, EBD, ESP, DTC et autres trucs du genre dans une Seven. Ici, ça ne plaisante pas. On conduit avec ses bras (pas de direction assistée), avec ses jambes (le siège se contente juste de quelques crans pour l'avancer ou le reculer), avec son feeling et avec ses tripes. Super light Parmi les deux Seven, on avait une version standard sans grandes modifications que possède Bruno. Décorée à la « Numéro 6 », elle abrite un moteur Rover de 1,6 L développant 115 chevaux à 6000 tr/min. A priori cela semble peu, mais avec 600 kg sur la balance, le rapport poids puissance est celui d’une super sportive. Car je peux vous dire qu’on ne traîne pas avec elle. L’accélération est digne de son design : 0 à 96 km/h (60 miles) en 6,2 secondes. Alain, lui, a même une vision plus radicale de la Seven. Exit la capote, exit le pare-brise, on change le pot, on met un harnais et on s’amuse comme un fou. Certes, l’absence de pare-brise donne droit à un bombardement de gravillons et de moucherons. Mais quel plaisir. Version ultime Comme Alain l’indique sur le site qu’il a dédié à sa bombe à quatre roues, il a beaucoup travaillé sur sa Seven. Au départ, on retrouve le même moteur de 115 ch placé dans des Rover 216Si et 416Si de l’autre Caterham. Mais, ici, on lui a ajouté un kit SuperSport avec arbres à cames PiperX et boîte électronique spécifique qui permet au bloc de pousser à 135 ch à 7200 tr/min. Le rupteur est à 7700 tr/min. Le papillon en plastique de 48 mm d’origine a aussi fait les frais du perfectionnisme de ce passionné. À la place, on y retrouve un modèle de 52 mm en alu provenant des MG TF. Il a aussi supprimé la boîte à air pour mettre, à la place, un filtre à air. L’échappement latéral a été remplacé par un échappement moto fabriqué sur mesure. Et comme on l’a déjà dit : le pare-brise a disparu au profit d’un saute-vent d’origine MOG en carbone. Résultat de toutes les transformations, un poids à vide de 514 kg et un rapport poids-puissance de 3,8 kg/ch. On the road D’abord comme passager, on a beaucoup aimé le bruit du moteur placé là juste devant, mais aussi la suspension finalement pas si ferme que cela. À l’avant on trouve des triangles superposés et à l’arrière c’est un essieu de Dion (essieu fixe reliant les deux roues). Tout étant facilement accessible et réglable, à la manière d’une monoplace. Certes, les pneumatiques n’absorbent que symboliquement les aspérités et on a de temps en temps de petits sauts. Sur autoroute, la Seven n’est pas vraiment à son aise. Ce n’est pas un problème de vitesse, mais plutôt de manque de virages. Sans parler des bruits aérodynamiques générés par un Cx de cube. En fait, cette voiture se plaît énormément sur les petites routes qui tournent. D’autant que son punch lui permet de dépasser très facilement tout autre véhicule faisant obstacle à son esprit joueur. En montant le régime moteur, la puissance permet de littéralement propulser la Seven. Test drive À notre tour de l’essayer. Aussi difficile de sortir que d’entrer. En plus, pour prendre la place de gauche, il faut d’abord enlever le volant. Aux commandes de la Caterham, au tableau de bord spartiate, on est finalement surpris de sa facilité de conduite. La boîte, étagée très court, répond facilement et il ne faut pas être un pro du talon pointe pour s’en sortir. L’accélération est progressive si on reste calme à droite. Évidemment, si on pousse, on décolle. Les sensations sont pleines : bruits, vibrations, odeurs… et aussi, avec la version sans pare-brise, l’absence d’effort pour avoir de l’air dans les poumons. Plus besoin d’inspirer, l’air rentre tout seul par les narines et la bouche ;-) La propulsion se met facilement en travers, avec délice et le pilote peut se donner à cœur joie. Enfin, une voiture qui a encore du caractère non brimé par l’électronique. Certes, cela demande de retrouver certains réflexes, mais la glisse c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas. Le long capot, très impressionnant, ne permet toutefois pas une conduite aisée en ville. D’autant que le rayon de braquage n’est pas vraiment celui d’une citadine. En prime, sa hauteur d’environ 1 m, la rend souvent invisible à tout conducteur un peu distrait. Pourtant, on passe difficilement inaperçu. You’re the star, baby Car à bord de la Caterham Seven, on est une superstar. Tous les passants, ou presque, les autres automobilistes et les motards tournent la tête, s’interrogent, sortent leur appareil photo. Bref, ils ont l’impression de voir un extraterrestre à bord d’un drôle d’engin au look rétro et au bruit sympathique. Rencontre d’autant plus unique qu’il y a rarement une Seven identique à l’autre. Véritable kit car, chaque propriétaire y va de ses petites modifications. Un grand merci en tout cas à Bruno et Alain, nos deux heureux conducteurs de Seven qui nous ont permis de goûter à ce plaisir divin. Et surtout cette incroyable sensation de se sentir libre. Qu’on les envie… Tiens, au fait, c’est pas bientôt la fête des pères ? « Chérie… » © Olivier Duquesne Photos : © Lionel Hermans | Vroom.be
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