Il y a quelques années, les Testarossa changeaient régulièrement de main pour environ 50.000 €. La fibre youngtimer aidant, aujourd’hui, il faut compter plus du double ! Pour la moitié du prix d’une Ferrari moderne, il est donc possible de s’offrir un véritable mythe sur roues. Mais quid de l’entretien ?

Du solide !

Commençons par les bonnes nouvelles : la Testarossa est une voiture bien née, dénuée de grossière erreur de conception et capable d’atteindre de forts kilométrages. Non pas que cela arrive souvent, car la plupart des modèles affichent largement moins de 100.000 km. Dure en manœuvre, inconfortable, bruyante et tout sauf pratique, la Testarossa est une voiture de week-end. Votre portefeuille vous dira merci car la bête engouffre entre 15 et… 35 l/100 km !

Le moteur

C’est évidemment la pièce de choix. Un douze cylindres à plat (sic), d’une cylindrée de 4,9 litres et délivrant 390 chevaux à 6.300 tr/min. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce moteur, tout sophistiqué soit-il, reste relativement peu poussé. Ferrari a en effet favorisé le couple (50 mkg !) face à la puissance pure. Il en découle une certaine fiabilité : ce moteur, à la condition sine qua non d’être entretenu et réglé aux petits oignons, accepte les gros kilométrages.

Entretien

C’est ici que ça se gâte. Les pièces et la main d’œuvre Ferrari sont onéreuses. Et pour compliquer les choses, l’accès au moteur reste problématique. L’entretien annuel revient à environ 1.000 €. Mais le moindre problème peut vite entraîner des factures pharaoniques : l’échappement vous coûtera environ 5.000 €, un radiateur revient à plus de 3.000 € et ne parlons même pas des disques de freins (540 € la paire)…

Mauvaise nouvelle : l’entrainement des quatre arbres à cames en tête se fait par courroies de distribution. Celles-ci sont à changer tous les 40.000 km ou tous les 5 ans. C’est précisément le moment d’une grosse révision, qui comprend outre les changements de fluide, le remplacement de la pompe à eau. Coût : de 5.000 à 15.000 €… Ce qui reste nettement moins onéreux qu’une réfection moteur, revenant pour sa part à environ 50.000 € !

Les points faibles

C’est une Ferrari, d’accord, mais c’est aussi une voiture italienne des années 80. Comprenez que la finition laisse à désirer, surtout au niveau de certains plastiques à peine dignes d’une Fiat Uno ! Du côté électrique, même constat, la fiabilité des composants est du genre aléatoire. Heureusement, la rouille n’est pas à craindre, structure en alliage léger oblige, mais le spoiler avant, situé au ras du sol, racle vite le bitume. Comptez près de 1.200 € pour son remplacement.

Enfin, le plus gros problème de cette Ferrari semble provenir de la transmission : la boîte de vitesses a les synchros fragiles (jusqu’à plus de 20.000 € s’il faut refaire la boîte !), le boîtier de différentiel a une durée de vie très limitée (jusqu’à 4.000 €) et l’embrayage ne tient pas non plus distance (jusqu’à 2.500 € pour une réfection complète).

Conclusion

Acheter une Ferrari est une chose, savoir l’entretenir en est une autre. Comme toutes les Ferrari à 12 cylindres, la Testarossa demande un entretien très méticuleux et, cela va malheureusement de pair, très onéreux. Pourtant, la Testarossa n’est pas une mauvaise fille : plutôt fiable, son coût d’entretien par an est élevé, mais pas aussi démesuré qu'avec certains autres modèles au cheval cabré. Produite à plus de 7.000 exemplaires entre 1984 et 1991, la Testarossa n’est vraiment pas rare dans les annonces. Si vous êtes intéressé, faites vite, la cote va continuer à grimper, mais sélectionnez votre modèle avec soin !