Nous pensons que les 120 km/h et 130 km/h généralisés sur autoroute sont trop répressifs, mais nous pensons aussi qu’il faut éduquer les automobilistes. Rouler vite nécessite une meilleure attention et a forcément une dangerosité accrue. Certes ! Si les autorités plaçaient les limitations à 180 voire 160 km/h, on aurait plus de mal à critiquer leurs méthodes répressives et les photomatons placés en berme centrale. Il faut essayer d’infléchir les décideurs sur le fixette à propos de la vitesse sur autoroute et les pousser à offrir des circuits accessibles tout en les encourageant à lutter contre les excès en agglomération, lors de conditions climatiques particulières ou dans les zones à forte densité de population. Culot indécent Les mœurs de la société actuelles n’acceptent plus la prise de risque. Pourtant, il ne faut pas se leurrer : prendre le volant reste une action risquée. Voilà pourquoi il importe de bien éduquer les futurs automobilistes et motocyclistes. Sans pour autant les prendre pour des enfants en les endoctrinant. Mais il y a une bande de cow-boys fortunés et sans scrupules qui prennent vraiment la route pour une plaine de jeux. Ce sont les fous du volant de la Gumball Race. Le but : aller le plus vite possible de Londres à Monaco. Cette année, le parcours passe par la Belgique (le 14 mai), l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie, la Bosnie, la Croatie, l’Italie et enfin la France. Les organisateurs se réfugient derrière leur règlement qui demande aux participants de respecter les règles routières. Mais les délais imposés rendent cette clause quasi impossible à respecter. De toutes façons ceux qui y participent n’y vont que pour faire exploser leur tachymètre et jouer au chat et à la souris avec la police. Ils ont même eu l'indécence de demander au bourgmestre de Bruxelles l’autorisation de passer par la Grand-Place ! Stupidité Cette course réservée aux véhicules de plus de 50.000 euros est stupide à plus d’un titre : le prix de participation demandé à chaque concurrent est plus élevé que la location d’un circuit et cette course met en danger les autres usagers. Imaginez un bolide vous dépassant à 330 km/h alors que vous avez du mal à atteindre les 130 km/h avec votre petite citadine. Certains « concurrents » n’ont pas hésité non plus à traverser des villages à presque 140 km/h… En ayant même le culot de se plaindre d’avoir dû « ralentir ». Nous ne pouvons soutenir une telle épreuve. Les autorités belges tentent d’interdire le passage des concurrents, mais cela semble difficile puisqu’on ne peut arrêter quelqu’un avant qu’il ne fasse une infraction. De plus, le Gumball Rallye s’est associée à des juristes qui ont pris soin de ne pas la classer comme épreuve sportive qui demande une autorisation préalable, à l’inverse d’une « balade ». En tout cas, la police et les flashs risquent d’être omniprésents entre Ostende et Luxembourg le 14 mai. Autant le savoir si vous décidiez de rouler à 135 km/h, par exemple. Scier la branche sur laquelle on est assis En se comportant en barbares sans foi ni loi, les participants du Gumball, dont 5 Belges, ne se rendent pas compte qu’ils donnent une terrible image de la vitesse et des amateurs de belles voitures auprès du grand public et des autorités. Il sera très difficile de mettre en place des lobbies pour un relèvement de la vitesse sur autoroute, au niveau européen. Même en Allemagne, il ne peut être bien perçu de foncer à 300 km/h sur des Autobahn non limitées, mais au milieu d’un trafic dense ! Surtout si une de ces voitures de luxe finissait par tuer quelqu’un. On se souvient de l’image ternie du Paris Dakar suite à certains incidents de ce genre. Des mesures ont été prises depuis, d’autant qu’il s’agit, pour le célèbre rallye, d’une épreuve sportive. Pour le Gumball, il aurait été plus simple de louer quelques circuits et de prévoir des épreuves de régularité. Mais bon, l’idée des célébrités, hommes d’affaires et membres de la jet-set y participant est de faire un doigt à l’ensemble de la société et de leur dire « vu qu’on a du fric, et bien on fait ce qu’on veut ». Car chacun des concurrents a prévu un budget de plusieurs dizaines de milliers d’euros pour le paiement des amendes. Écœurant. © Olivier Duquesne Commentaires et remarques bienvenus