Pour la sixième année déjà, notre compatriote Eric Nève est responsable de l’engagement de Chevrolet en FIA WTCC via le team britannique Ray Mallock Limited, représentant officiel de l’usine. A la veille du retour du Championnat du Monde de Tourisme dans son pays d’origine, nous avons interviewé l’un des plus grands défenseurs belges de sport automobile.
Eric, retour ce week-end à la base de Zolder, là où vous avez chopé le virus…
« Exact. J’ai tout fait à Zolder quand j’étais adolescent et que je me mettais au service de Philippe De Leener lors des courses de Rétrorganisation. Chronométreur, panneauteur, commissaire de stand et même copilote de la safety car. C’est ici qu’est née la passion. Me voilà de retour à un poste dont je ne rêvais même pas à cette époque. »
Comment s’est déroulé le début de saison pour Chevrolet ?
« Plutôt bien puisqu’après ses six premiers succès de 2009, la Cruze a déjà décroché deux victoires sur six cette année, dont un fantastique triplé au Brésil. Ces résultats nous permettent d’aborder le rendez-vous de Zolder en tête des deux championnats, tant constructeurs que pilotes. Voilà qui affirme clairement notre ambition de décrocher cette année l’un des deux titres. Après cinq saisons avec les trois mêmes paires pilotes-ingénieurs, confortablement installés sur nos acquis, l’arrivée du champion du monde 2008 Yvan Muller a insufflé à l’équipe un nouveau souffle. Le Français est extrêmement rapide, bon metteur au point. Un véritable « racer » qui sait éviter les mauvais coups. Ce n’est pas pour rien qu’il est le seul à avoir scoré à chaque fois. »
Que pensez-vous du système de « balance des performances » mis au point par la FIA ?
« C’est beaucoup mieux et moins arbitraire qu’avant. Le lest est basé sur une moyenne arithmétique connue de tous. Dans une fenêtre de trois dixièmes, il ne se passe rien, c’est aux pilotes et aux ingénieurs à faire la différence. Au-delà, la compensation où le poids arrive. Cela permet d’offrir des courses spectaculaires avec trois marques réellement en lutte pour le podium. »
Dans quel contexte alignez-vous le Belge Vincent Radermecker et qu’attendez-vous de lui ?
« Au départ, Vincent devait disposer de la voiture de développement. Mais suite au crash d’Alain Menu à Marrakech, nous avons dû trouver une solution avec les Suédois qui nous avaient commandé une nouvelle Cruze pour leur championnat. Vincent a pu la découvrir durant une cinquantaine de kilomètres en début de semaine sur un tracé suédois. Elle dispose des mêmes évolutions que les trois voitures « usine » participant à l’intégralité du championnat et sera couvée directement à Zolder par le team de Ray Mallock. Stratégiquement, nous comptons sur le pilote national pour comparer nos datas à l’issue de la séance de trente minutes de ce vendredi et déterminer les meilleurs réglages de base pour débuter le week-end car nos trois autres pilotes ne connaissent pas bien cette piste. En qualifs, ce sera chacun pour soi. Pas question de lui demander de tirer l’un ou l’autre de ses équipiers car les lignes droites ne sont pas assez longues. J’espère qu’il pourra atteindre la Q2 et partir dans le Top 10 afin de pouvoir viser le Top 8 lors de la course 1 afin de partir devant en course 2. On compte sur lui dans l’optique du championnat constructeurs, pour marquer des points ou en prendre à nos rivaux. S’il est en mesure de gagner l’une des deux manches, je peux vous promettre qu’il n’y aura pas de consigne. »
Participer à un championnat comme le FIA WTCC coûte cher, même pour un constructeur. Un investissement rentable ?
« Bien sûr, sinon on ne serait pas là pour la 6e année consécutive. Je me garderai bien de vous dévoiler le montant total de notre budget, mais je peux par contre vous dévoiler que pour chaque euro investi nous faisons fois sept en termes de retombées médiatiques à la télé grâce notamment aux retransmissions en direct sur Eurosport mais aussi en presse écrite. Et je ne compte pas là des éléments subjectifs comme l’émotion, l’image sportive que nous procure une participation au FIA WTCC. »
Justement, on dit souvent que les voitures de Tourisme sont proches au niveau look de celles de « Monsieur tout le monde ». Cela a-t-il dès lors un plus gros impact sur les ventes ?
« Tout d’abord, je trouve qu’on pourrait facilement leur donner un look un peu plus « racing » en autorisant par exemple les petits rétroviseurs et un gros essuie-glace central. Pour répondre honnêtement à votre question, on se mentirait en prétendant faire du FIA WTCC dans l’espoir de vendre plus de voitures car à peine 2 à 3% des acheteurs potentiels s’intéressent au sport auto. Et 98% d’entre eux uniquement à la F1 ! Par contre, 95% de notre réseau nous pousse à poursuivre notre implication. Nos vendeurs sont très motivés : on leur fait des posters pour les concessions, ils invitent des clients. Notre présence en sport automobile leur donne confiance en l’avenir et l’envie d’investir dans la marque. Chevrolet n’est pas encore très connu en Europe. Quand une cliente se pose des questions sur la fiabilité ou le niveau de nos produits, le vendeur n’à qu’à se tourner vers le poster d’une de nos voitures de course et peut lui répondre que si elle gagne en championnat du monde, elle doit être assez bonne pour madame. »