Une petite Ferrari ? Elle en a l’allure, mais pas l’extravagance. Tout, hormis sans doute ces phares caricaturaux, semble d’une grande justesse, depuis les courbes des ailes arrière au nez surbaissé en passant par les roues jetées aux quatre coins. Un dessin d’un raffinement exquis, sublimé par cette poupe délicieusement retroussée, à la manière d’une jupe volante couvrant de justesse les parties intimes d’une délicieuse créature…
Des dimensions ahurissantes
Mais ce sont surtout ses mensurations qui étonnent : moins de 4 mètres de long, près de 1,9 mètre de large et moins de 1,19 mètre de haut. En clair, c’est court comme une citadine, large comme un SUV, mais bas comme… Ben, justement, comme quoi au juste ? Comme pas grand-chose de connu, à vrai dire, hormis peut-être une Lotus ou une autre de ces bizarreries britanniques.
Un coffre dans le moteur ou l’inverse ?
Avant d’embarquer dans cette navette spatiale, faisons le tour du propriétaire, à commencer par le coffre. C’est sûr, la 4C n’est pas un modèle de fonctionnalité : le hayon ne s’ouvre que de l’intérieur, dégage également le moteur et les calories qui vont avec, ne se tient debout qu’avec une petite béquille et le coffre présente une contenance limitée, qui plus est réchauffée par la proximité du moteur. Non, ce n’est pas le meilleur atout de la 4C !
Tant qu’à avoir ouvert le coffre…
Penchons-nous sur le moteur. Rien de folichon à première vue : un 4 cylindres, d’une cylindrée de 1,7 litre. C’est tout ? Non, car un turbo l’aide à délivrer pas moins de 240 chevaux et 350 Nm. Aujourd’hui, pour une voiture de sport, ces valeurs sont plutôt timides… Mais cette 4C a un secret et nous allons y venir…
Pénétrons la belle…
Après avoir succombé à son charme, il nous reste une dernière étape à franchir : pénétrer l’habitacle ! Ce qui ne va pas sans quelques difficultés : située au ras des pâquerettes et dotée de longerons épais comme les bras de JCVD, la 4C impose quelques contorsions. Mais au bout de nombreuses tentatives, on comprend qu’il faut finalement se laisser tomber dans le siège dans la position de l’amazone pour après, ramener ses deux guibolles (qui trainent encore lamentablement dehors) dans l’habitacle. Ouf, on y est !
Strip-tease !
Et on y est bien ! A la manière d’une Ferrari Enzo, le dénuement est quasi-total : pas d’espace de rangement (ou quasi), pas de boîte à gants, une moquette minimaliste : tout cela est parfait car la structure en fibre de carbone apparaît d’autant mieux. Et tout est là, dans cette simplicité, cette ambiance spartiate qui a tout juste consenti à laisser des vitres électriques et une climatisation manuelle. La légèreté est évidente, absolue, c’était le Graal des ingénieurs et avec moins de 900 kg sur la balance, le miracle a eu lieu.
On se balade ?
Coup de démarreur. Le moteur prend vie en claquant dans l’air d’une voix rauque, une voix d’autant plus présente dans l’habitacle que seule une petite vitre l’isole des occupants. L’échappement sport sublime l’ambiance. Pas de levier de vitesses, juste quelques boutons : appuyez sur 1 et la boîte automatique à double embrayage met le tout en branle. Et faites attention où vous mettez vos roues : la garde au sol symbolique impose des ruses de Sioux pour surmonter ces montagnes dantesques que sont les casse-vitesse !
Circulez, y a rien à voir…
La chasse à la légèreté a également fait l’économie d’une direction assistée. Les bras endoloris, on peste contre la visibilité arrière quasi nulle (mais offrant un superbe point de vue sur la mécanique) tandis que l’échappement se charge de rameuter tout le voisinage. Oubliées, les bimbos en mini-jupe, l’attraction, c’est vous !
Fuyons !
Echappons-nous de cet environnement hostile qu’est la ville. Son terrain de jeu favori, ce sont les petites routes désertes qui tournicotent dans tous les sens… Magnifique, sublime, extraordinaire : la 4C prend vie, dévoile sa véritable personnalité et fait corps avec son conducteur.
Ligne droite : plein gaz et l’accélération brutale vous catapulte vers l’horizon dans une fureur sonore invraisemblable ! Entre les violentes éructations de l’échappement, le grondement caverneux du moteur et le souffle dévastateur du turbo, les oreilles sont à la fête ! A croire que les Rolling Stones, Woodkid et peut-être même Beethoven claironnent dans les entrailles du moteur !
Et quand ça tourne, c’est encore mieux !
Plus fort encore que le concert rock du moteur, j’ai nommé la partie châssis. La direction directe et précise libère un rendu fidèle, à croire que l’on caresse la route de la main ! Les freins, eux, demandent une petite accoutumance : ils sont si violents que l’on a vite fait de se retrouver à l’arrêt avant chaque virage ! Et puis, il y a cet équilibre, naturel, évident, d’une logique implacable et merveilleusement aidé par le châssis rigide et la motricité exceptionnelle.
Tout est parfait…
Envoûté par le caractère endiablé de la belle, on se laisse tournoyer avec plaisir dans une danse ensorcelante, une Salsa d’enfer qui nous fait oublier quelques petits détails, comme un temps de réaction moteur sensible ou une largeur parfois handicapante voire encore des sièges au maintien insuffisant…
La 4C est un gros jouet pour adulte, la voiture de Toy Story diront certains (ils se reconnaîtront…). Non, on ne la prendra pas pour de longs trajets, moteur assourdissant sur autoroute et coffre trop restreint obligent, mais on en rêvera, alors que l’on se fera transporté par une bétaillère mazoutée…
Budget
A 51.500 € en prix de base, on n’est certainement pas volé. Bien plus radicale qu’une Porsche Cayman, l’Alfa 4C n’a que peu de rivales, hormis, peut-être, une Lotus Exige surpuissante… A la pompe, les bonnes nouvelles continuent : notre moyenne fût relevée à 9,4 l/100 km… Pour un 0 à 100 km/h en 4,5 secondes, c’est très raisonnable !
Conclusion
Je m’attendais à une machine performante, endiablée même, mais j’ai trouvé encore mieux que cela : une véritable personnalité, un tempérament bouillant. Oui, Alfa Romeo est bien ressuscité. Et en cherchant les recettes qui ont fait son succès dans le passé, le constructeur montre la voie du futur.