On ne se l’imagine pas toujours en découvrant une nouvelle voiture. Et pourtant, lors de sa genèse, s’est opérée une constante négociation entre les départements design, d’ingénierie, marketing, etc. Dans le cas de l’Ioniq 6, on comprend rapidement que ce sont les aérodynamiciens qui ont remporté le plus de batailles ! Profilée comme un avion (pour ne pas écrire « suppositoire » tout de même !), l’Ioniq 6 entend réduire autant que possible son coefficient de pénétration dans l’air pour maximiser son autonomie sans devoir recourir à une énorme batterie. Dans le meilleur des cas, son Cx descend alors à seulement 0,21. Pour y arriver, outre sa forme générale tirant vers la goutte d’eau, l’Ioniq 6 ne lésine pas sur les moyens : volet d'air actif, rideaux d'air sur les roues, spoiler arrière intégré voire même rétroviseurs caméra en option.

Physique « atypique »

Les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Mais force est de constater que cette recherche de l’efficience aérodynamique conduit l’Ioniq 6 à afficher une allure pour le moins atypique. Si c’est valable par rapport à l’ensemble de la production automobile, ça l’est aussi au sein du catalogue Hyundai. Contrairement à la majorité des constructeurs qui s’efforcent de décliner une même identité stylistique au travers de leur gamme, le géant coréen continue d’offrir une personnalité esthétique propre à tous ses modèles. Difficile, par exemple, de trouver un lien de parenté direct entre cette Ioniq 6 et l’Ioniq 5 partageant pourtant avec elle la même plateforme exclusivement taillée pour la mobilité électrique E-GMP.

Berline imposante

Si l’Ioniq 5 tire vers l’univers du crossover, c’est bien vers celui de la grande routière que se destine l’Ioniq 6 avec sa longueur de 4,86 m pour une hauteur de moins de 1,50 m. Son empattement généreux de 2,95 m lui permet même de tirer vers le segment des limousines quand on se glisse aux places postérieures. L’espace pour les passagers arrière est, en effet, royal ! Et l’on peut, en plus, commander le siège passager avant depuis l’arrière pour encore renforcer ce côté « voyage en classe affaire ».

Le coffre se montre moins impressionnant. Son volume de 401 l est plutôt moyen. Mais c’est surtout son accès étriqué qui pourra poser problème au moment d’engouffrer des objets encombrants. Côté pratique, notons tout de même que l’Ioniq 6 profite de sa plateforme exclusivement électrique pour libérer un coffre avant. Il offre 45 l en sus sur les versions propulsions (comme ici) ou 12 l si l’on opte pour la variante à quatre roues motrices s’offrant aussi un moteur à l’avant.

Intérieur zen et spacieux

L’impression d’évoluer à bord d’un véhicule « atypique » se confirme quand on se glisse à bord. La logique de dispersion des commandes reste assez propre à l’Ioniq 6. Avec les touches pour commander les vitres électriques ramenées sur la console centrale par exemple. Mais sinon, l’impression générale d’espace et de « zenitude » domine à bord. Pour ce niveau de gamme (et de prix), on pourrait tout de même regretter la qualité perçue assez moyenne de certains matériaux. Mais comme il s’agit de « matériaux recyclés », la pilule devrait mieux passer : tissu réalisé à partir de bouteilles en plastique recyclées, garniture en bio plastique, tapis de sol fabriqués à partir de filets de pêche recyclés ; etc.



Mais certains autres détails font aussi un peu bas de gamme, comme le gros commodo pour sélectionner le sens de marche, à droite du volant, qui manque un peu de finesse. Ou encore la clé dont le plastique est un peu « cheap ». En revanche, l’ergonomie générale du poste de conduite est convaincante puisqu’on conserve notamment des touches directes pour la climatisation ainsi que des raccourcis pour atteindre directement les sous-menus de l’infodivertissement.

Le côté technologique de l’ensemble est, de son côté, renforcé par la présence des deux grands écrans de 12,3 pouces qui se combinent sur une grande tablette horizontale ainsi que la possibilité de moduler l’éclairage intérieur à la carte (64 couleurs). En parlant « couleur » notons aussi la présence de quatre « pixel lights » sur le volant. Ils font écho à la signature visuelle « en pixels » des optiques extérieurs. Et changent de couleur occasionnellement pour « faciliter la communication entre le conducteur et le véhicule ». C’est rigolo, mais comme on ne parle pas encore bien le « pixel lights », on avoue ne pas toujours avoir compris précisément ce que le véhicule souhaitait partager avec nous.

Esprit lounge, mais…

On pointera aussi la possibilité de basculer le siège passager en mode « relax ». Pratique pour s’offrir une power nap lors des recharges rapides. Mais on aurait surtout préféré que Hyundai soigne davantage la qualité d’assise des sièges de son nouveau vaisseau amiral électrique. Ils ne sont pas « mauvais ». Mais l’Ioniq 6 aurait mérité des fauteuils offrant plus de moelleux selon nous. Surtout compte tenu de l’excellente insonorisation de l’ensemble qui invite vraiment aux longs voyages.

Trois configurations

Sur le plan mécanique, Hyundai propose deux batteries et trois configurations mécaniques sous la carrosserie profilée de son Ioniq 6. La version d’accès, animée par un moteur électrique de 111 kW / 151 ch, stocke 53 kWh et assure déjà une autonomie WLTP de 429 km. La version intermédiaire, comme le modèle mis à notre disposition, jouit du module « long range » de 77,4 kWh mais conserve un unique moteur arrière porté à 168 kW / 228 ch. C’est elle qui avance la plus grande autonomie de la famille puisqu’elle peut atteindre en théorie les 614 km avec ses jantes de 18 pouces (545 km avec les jantes de 20 pouces comme ici). Enfin, la variante AWD chapeaute la gamme en ajoutant dans l’équation un moteur électrique supplémentaire de 74 kW (100 ch) puis une puissance totale de 239 kW / 325 ch. L’autonomie WLTP descend en revanche à 583 ou 519 km en fonction des jantes retenues.

Plus vif qu’il n’y paraît !

En route, l’Ioniq 6 surprend par son comportement plus tranchant qu’il n’y paraît. Sa direction se montre en effet assez directe. L’installation de son module de batterie dans le soubassement, sa faible hauteur générale et son long empattement permettent aussi de jouir d’une belle stabilité même en conduite plus dynamique. Mais l’Ioniq 6 s’apprécie surtout en conduite décontractée (notamment en raison de ses pneus à faible résistance au roulement) et sur les grands axes roulants. On profite alors d’un bon confort général, d’un système de freinage régénérateur (modulable selon ses préférences) efficace et de performances déjà suffisantes avec cette version de puissance intermédiaire délivrant 350 Nm de couple.

On pointera toutefois aussi le côté assez intrusif de ses très nombreuses aides électroniques. Certes, cela permet d’envisager de jouir d’une « conduite relativement autonome » sur les grands axes. Mais il faudra aussi déconnecter manuellement l’une ou l’autre béquille si on évolue sur des plus petits axes (notamment la correction active de cap) pour éviter d’entendre des bips intempestifs ou sentir son volant être tiraillé constamment de gauche à droite… C’est vite exaspérant.

Consommation contrôlée

Mais bien sûr, c’est aussi du côté de l’appétit en ions que cette Ioniq 6 est attendue ! Et elle ne déçoit pas. Sur un parcours exclusivement autoroutier, on a relevé une consommation réelle de 16,6 kWh, permettant d’envisager des étapes de l’ordre de 450 km lors des transhumances. On a aussi pu atteindre régulièrement des consommations moindres, tirant vers les 14 kWh/100 km, sur des parcours routiers moins exigeants. Sur l’ensemble de notre semaine d’essai réalisée avec un mercure encore timide et de nombreux courts parcours couverts sans préchauffage, nous avons relevé un appétit global de 18,3 kW/100 km. De quoi profiter encore d’une autonomie réelle de plus de 400 km avec la grosse batterie de 77,4 kWh.

ADN électrique

Au-delà de son efficacité énergétique pour un modèle de ce gabarit, cette Ioniq 6 s’apprécie aussi grâce à son ADN étudié pour coller à l’ère de la mobilité électrique. Comme l’architecture 800 volts de sa plateforme électrique qui permet de jouir de recharges (très) rapides allant jusqu’à 239 kW sur les versions Long Range (180 kW avec la « petite » batterie). De quoi récupérer, en théorie, plus de 350 km d’autonomie en seulement 15 minutes. On apprécie aussi plus classiquement la présence d’un chargeur triphasé de 11 kW en série ou encore la possibilité de jouir de la fonction V2L (soit via une prise située sous la banquette ou via la fiche extérieure) pour alimenter un appareil électrique avec une puissance de sortie allant jusqu’à 3,6 kW.

Prix Hyundai Ioniq 6

Côté tarif, l’Ioniq 6 débute en Belgique à partir de 50.499 € en Core, avec sa batterie de 53 kWh. Le prix de départ glisse à 55.499 € avec la batterie de 77,4 kWh. Si on lorgne vers l’exécution de pointe Balance, comme notre modèle d’essai, seule la batterie Long Range est disponible. Comptez alors 62.499 € en propulsion, comme ici, ou 66.499 € en AWD.

L’équipement étant étroitement lié au niveau d’équipement retenu, les options individuelles sont peu nombreuses. On pointera tout de même la présence du Vision Pack sur la ligne Balance. Il combine le toit ouvrant électrique aux rétroviseurs latéraux caméra moyennant une rallonge de 3.000 €.

Notre verdict

L’Ioniq 6 possède une personnalité indéniable et multiplie les qualités pour convaincre de basculer vers la mobilité électrique. Comme une autonomie réelle rassurante, des charges rapides éclair et un équipement technologique complet. Une alternative intéressante par rapport aux concurrentes premium électriques aux tarifs (encore) plus élitistes…

Merci à l'ULM Baisy-Thy Flight School pour nous avoir permis d’utiliser leurs installations.

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