La Transfagarasan est un col de montagne en Roumanie. Dans les années 70, le dictateur roumain Ceausescu voulait pouvoir rapidement déplacer son armée à travers les montagnes au cas où les Soviétiques envahissaient le pays. Il a dépensé une fortune et plusieurs ouvriers ont perdu la vie lors de la construction de cette route qui serpente à travers les montagnes Fagaras, dans les Carpates du Sud, une région reculée de Roumanie.
En 2009, la série télévisée britannique Top Gear a qualifié ce col de montagne oublié, de « plus belle route du monde ». Plus belle en tous cas que le Stelvio, annoncèrent les Anglais. Depuis lors, la Transfagarasan a connu un sérieux regain d’intérêt. C'est pourquoi, en ce matin de septembre au ciel encombré, je me retrouve dans la ville roumaine de Sibiu, avec les clés de la voiture parfaite : la Mazda MX-5, modèle 2019.
Concept
A vrai dire, elle n’est pas vraiment différente du modèle (de quatrième génération) qui a débuté en 2015. Quelques jantes profitent d’une couleur différente et le roadster est maintenant disponible avec une capote en tissu brun. Les Japonais préfèrent voir leur MX-5 évoluer en douceur.
A vrai dire, il faut une loupe pour remarquer les détails : les portes s'ouvrent plus facilement, les sièges sont réglables sur une plus grande amplitude et pour la première fois, le volant est réglable en profondeur.
Surtout et avant tout, la MX-5 se doit d’être compacte, légère et agile ! Pour vous, il s’agira de savoir comment vous plier quand vous y entrerez. Vos pieds doivent se frayer un chemin jusqu'aux pédales, le volant tombe idéalement en main et votre bras droit se trouve parfaitement posé sur le tunnel central, le poing à la hauteur du levier de la boîte de vitesses à six rapports.
Sur papier, ce concept semble idéal mais en pratique, tout cela n’est vrai que si vous êtes bâti comme un Japonais moyen, à savoir certainement pas trop grand. Tous ceux qui, physiquement, s’éloignent de cet idéal, trouveront certes une bonne position de conduite, mais contrairement à ce que dit Mazda, elle ne sera pas parfaite. Aujourd’hui, les choses se sont améliorées. Culminant à 1m78, ma tête frotte encore contre la capote en tissu, mais tout le reste est maintenant comme moulé. Toutefois, les sièges Recaro de la 160 Edition me manquent.
A l’essai
Lors de cette prise en main en Roumanie, Mazda ne proposait que le 2.0 (un 1.5 est également disponible). Ce moteur haut de gamme profite d’évolutions pour parer les critiques selon lesquelles le 2.0 était moins enthousiaste que le 1.5. Mais ces critiques ne se sont pas avérées injustifiées : un employé de Mazda a laissé échapper que les Japonais ont développé la voiture autour du 1.5 et que le 2.0 était surtout une concession pour ceux qui veulent plus de puissance.
Mais il est temps d'agir. Appuyons sur le bouton de démarrage, baissons la capote et dirigeons-nous vers la Transfagarasan. Il y a beaucoup de camions sur les routes secondaires en direction du col de montagne mais heureusement, ces derniers finissent par prendre un autre chemin. Le trafic s’éclaircit donc lorsque j'arrive au pied du col. Du moins, je pense être au début de cette Transfagarasan : il fait nuageux et brumeux sur la route.
Je me dirige donc prudemment vers le haut, en essayant d'imaginer le paysage qui m'entoure à travers le mur de brouillard. Les lignes droites raccourcissent, les virages deviennent plus serrés : je dois sans doute être sur le col. Malheureusement, le revêtement n’est plus aussi bon : sur certains tronçons, il s'agit d'un patchwork de surfaces asphaltées, de bosses et de fosses. Mais la suspension de la MX-5 qui est restée inchangée, digère tout en douceur : ce roadster a une suspension sportive, mais elle n’est pas inutilement dure.
Et soudain, je suis au sommet. Quelques étals et restaurants de montagne indiquent que la Transfagarasan version 2018 ressemble à ce que je pensais. Après un bref arrêt, je plonge immédiatement dans le tunnel qui traverse le sommet de la montagne. De l’autre côté, un autre monde vous attend : fini le brouillard, vous avez droit à des vues spectaculaires et une route qui serpente.
Sur cette partie moins connue de la Transfagarasan, la MX-5 se sent dans son élément. Le 2.0 est beaucoup plus enthousiaste dans les tours : la zone rouge commence maintenant à 7.500 tr/min au lieu de 6 800 tr/min. Le moteur sonne aussi un peu plus plein à l'échappement. La puissance maximale est passée de 160 à 184 ch et le couple de 200 à 205 Nm, mais cela n'a pas d'importance dans cet environnement : je préfère me concentrer sur les points de freinage, braquer à temps et remettre les gaz. Quel environnement...
Je ne vois pas de meilleure arme pour attaquer ce col. Peut-être la Ford Fiesta ST qui avec son bloc turbo hyper enthousiaste, est capable d'accélérer fort dans les lignes droites. La Fiesta amortit les irrégularités de façon beaucoup plus rigide que la Mazda qui elle, plonge, enroule et glisse légèrement. Sur la Transfagarasan, vous n'avez pas besoin de plus de 200 ch pour prendre un maximum de plaisir.
On se la refait ? Au Vidradudam, je fais demi-tour, je change le roadster pour la MX-5 RF (Retractable Fastback), avec le toit en dur rétractable, et je reprends la Transfagarasan dans le sens opposé vers Sibiu. Quand je franchis à nouveau le tunnel et que j'arrive sur la partie la plus célèbre du col, le brouillard de ce matin s'est dissipé.
Un temps parfait pour la descente et qui nous pousse à décapoter. Il en résulte plus de poids à l'arrière, de sorte que la RF prend un peu plus de mouvements dans les virages. Avec le toit ouvert, les turbulences sont supérieures au roadster. Mais dans la descente vers Sibiu, le rythme redescend : pendant la journée, la Transfagarasan est nettement plus chargée que le matin.
Mieux équipée
Après avoir avalé les près de 300 kilomètres – aller et retour – de la Transfagarasan, j’arrive à une bonne conclusion. La MX-5 est légère, agile et facile dans ses réactions. De plus, le millésime 2019 profite de nombreux plus : avertisseur de collision avec reconnaissance des piétons, reconnaissance des panneaux routiers, avertissement de fatigue et caméra de recul.
L’addition
Heureusement, la Mazda MX-5 ne sera guère plus chère : vous payez 22.690 euros pour un roadster de 132 ch et 26.190 euros en RF. La version Skycruise 2.0 de 184 ch vous coûte 28.490 euros en roadster, n'est disponible que sur la version Skycruise richement équipée, et 30.990 euros en RF. La liste d'options est limitée à la couleur métallisée, la navigation et, pour la première fois, aux connexions Apple CarPlay et Android Auto.
Le verdict
Non, il ne s’agit pas vraiment d’un « lifting ». La Mazda MX-5 modèle 2019 n'a pas été faceliftée, mais devient plus raffinée. Mazda a tenu compte des commentaires des clients, ce qui se traduit par des moteurs plus puissants et plus doux, et un peu plus de confort à bord. Et la Transfagarasan ? De par son revêtement, ce n'est peut-être pas la plus belle route du monde, mais c'est une route que vous devez absolument avoir expérimenté. Si vous êtes dans le voisinage....