En six ans, 4 millions de Focus première génération ont trouvé acquéreur. Peut-être par peur de les choquer, Ford a juste affiné les traits, sans grande révolution. Conséquence logique de la refonte, la Focus s’est aussi agrandie et embourgeoisée. En prime, hormis le coupé cabriolet qui arrivera bientôt et la C-Max, la gamme est particulièrement riche avec une centaine de possibilités en 3, 4, 5 portes ou en break. Autant dire qu’il est difficile de ne pas trouver chaussure à son pied en terme d’équipement, de puissance, de carrosserie et de prix. Difficile de tout tester, alors nos essais ont ciblé les 2 litres essence et Diesel.
Longue
La nouvelle Focus est l’une des plus grandes de son segment avec 4342 mm en version berline et 4473 mm en Clipper. Cela permet d’accueillir aisément 5 personnes avec un empattement de 2640 mm tant pour la berline que le break. Pour les bagages, les berlines 3 et 5 portes ont un volume utile allant de 385 à 1245 litres dans le coffre spacieux contre 475 et 1525 litres pour le break. Notons que le coffre de la Clipper est bien carré et fonctionnel. On peut ainsi rabattre les sièges arrière sans devoir enlever les appuie-tête, on a droit aussi à un filet et à un tapis réversible mais perd un peu de volume par rapport à celui de sa devancière. Les petites affaires du quotidien trouveront plus facilement de la place à l’avant mieux doté en espaces de rangement que l’arrière. Outre les centimètres gagnés par rapport à l’ancienne génération, ce qui frappe aussi c’est l’embonpoint… La nouvelle Focus a pris 200 kg !
À bout de souffle
Le moteur 2 litres essence 2.0L Duratec de 145 chevaux dispose d’un calage variable indépendant des deux arbres à cames. Il est lié à une transmission manuelle à cinq vitesses profitant d’un levier de vitesse confortable. Ainsi motorisée, la Focus s’autorise un passage de 0 à 100 km/h en 9,2 s et une vitesse maximale de 206 km/h. Le tableau est quelque peu assombri par des reprises un peu faiblardes en regard de la cylindrée et de la puissance. Le couple maximal de 185 Nm est disponible à 4500 tr/min et il faut monter à 6000 tr/min pour atteindre le maximum de 107 kW. On aurait aimé un quatre cylindres en ligne plus volontaire. Néanmoins, l’insonorisation et le contrôle des bruits de roulement permettent une conduite de croisière agréable avec une consommation en cycle mixte annoncée à 7,1 litres.
Rassurer
Le deux litres Diesel 2.0L Duratorq TDCI de 136 chevaux dispose du bloc bien connu développé en commun avec PSA Peugeot Citroën. Ce 1997 cm³ à rampe commune et 16 soupapes garde ses qualités dynamiques. Il se montre aussi silencieux mais seulement une fois qu’il est chaud et aux régimes moyens. Il trahit son carburant à froid et lorsque l’on tire un peu sur le manche. Toutefois, on peut se plaire à profiter de la puissance et du couple et d’une boîte 6 avec un sixième rapport à vocation essentiellement économique car long. Ici aussi la commande de boîte est parfaitement ergonomique. Le 0 à 100 km/h est effectué en 9,3 s. Le couple développe 320 Nm à 2000 tr/min avec un overboost qui fait monter le couple à 340 Nm, mais on déjà vu Diesel de ce gabarit avec de meilleures reprises. Les amateurs d’Autobahn seront intéressés d’apprendre que cette voiture peut rouler à 203 km/h. Et tout le monde peut louer une consommation mixte de 5,6 litres. Par contre, le FAP fait partie des options, tout comme le kit fumeur.
Saine
Le châssis était le point fort de la première Focus, la deuxième fait aussi bien. On peut même dire que le comportement est excellent. L’empattement plus long de 25 mm et la voie élargie de 40 mm (attention, si vous avez du mal avec vos créneaux, cette Focus va vous donner des sueurs froides) asseyent bien la Ford. La carrosserie fait toujours appelle à la suspension arrière multibras et McPherson à l’avant. Le faux-châssis avant a toutefois été davantage rigidifié. On obtient alors un comportement neutre alliant efficacité et confort. Cela a le don de rassurer le conducteur et de lui permettre de diriger sa monture sans dressage préalable. Les passagers apprécieront le contrôle de roulis et un peu de souplesse dans l’amortissement lorsque cela s’avère nécessaire même si les sièges sont un peu fermes. Le break Clipper fait aussi bien même si la suspension a été renforcée pour accepter de lourdes charges. Les freins bénéficient d’un ABS particulièrement intelligent qui n’intervient pas intempestivement.
Neutre
Évidemment, les amateurs de lacets et de virages regretteront ce caractère politiquement correct, mais ils apprécieront une direction assistée électrohydraulique disposant de trois configurations : normal, sport ou confort. Nous avons laissé le réglage sur sport, bien qu’en mode normal on garde un bon ressenti. Par contre, hormis en ville et en manœuvre, il faut bannir le mode confort transformant le volant en manette de console de jeux. Enfin, le décor utilise des matériaux de qualité, mais l’ambiance reste sobre pour ne pas bousculer la clientèle, surtout pas… Cet excès de prudence va-t-il payer ?
© Olivier Duquesne