Apparue en 1970, la XR750 a récolté pas moins de 36 titres de l'Ama (American Motorcycle Association), en survolant les pistes ovales en terre battue d'une longueur d'un mile. Passage obligé des pilotes US pour accéder aux catégories reines, le Flat Track a vu éclore des talents tels que Kenny Roberts ou Nicky Hayden.

Un peu d'histoire

La mythique XR750 eut une première descendance au début des années 80 avec la XR1000, un Sportster équipé des culasses de la XR. Elle s'en différenciait par un spectaculaire échappement surélevé sur le flanc gauche, et deux carburateurs sur le flanc droit. Une moto rare, et difficilement exploitable au quotidien. Plus proche de nous, des préparateurs comme Storz fournissent depuis la fin des années 80 des kits "XR" permettant de donner aux Sportster un look assez proche des XR, comprenant un ensemble selle-réservoir, complété d'un échappement surélevé, paradoxalement placé du côté droit de la moto, alors que la XR 750 le "portait" à gauche!

Héritage affadi

Grande fut notre déception lors de notre premier contact avec le proto XR1200 présenté par HD à Cologne en 2006. Si la fiche technique paraissait alléchante, le style de la XR paraît hériter bien peu de la finesse et de l'allure racée des XR750. Pire, le dessin de la XR 1200 souffre même de la confrontation avec les kits présents sur le marché. Le style pataud de notre moto d'essai n'a guère séduit les "copains", toujours friands d'admirer la moto-d'essai-de-la-semaine! L'échappement, d'une lourdeur insondable, plombe complètement la ligne de la moto. La selle, biplace (encore que l'enthousiasme de l'éventuel passager risque d'assez vite s'émousser à la vue de celle-ci) et le réservoir "posé" sur la boîte à air, censés s'inspirer de la XR, déçoivent beaucoup aussi. Positivons en admirant la belle fourche upside-down, les amortisseurs arrière, le bras oscillant en alu coulé, les roues montées en 120/70X18 à l'avant, 180/55/17 à l'arrière, le carter moteur droit inspiré des premiers Sportsters, la belle finition granitée style métal sablé du moteur ou des tés de fourche, le petit phare noir ou le tableau de bord minimaliste.

Sportster efficace

Ceux qui ont une culture Sportster (les premiers apparurent en 1957!) regrettent le dépouillement des anciennes générations, leur côté "brut de fonderie", alors que ceux qui découvrent le Sportster avec le XR 1200 seront surpris du côté " brut de fonderie " de celui-ci par rapport aux motos japonaises! La prise en main d'une Harley déroute toujours un peu, souvent déjà par la position de conduite. La XR 1200 permet toutefois à son pilote de trouver ses marques rapidement. Le guidon "XR" tombe naturellement dans les mains, la selle plus haute donne une statique plus conforme aux canons en vigueur de ce côté de l'Atlantique que sur n'importe quel autre Sportster. La fixation souple du bloc Evolution 1200 ne nous dispense pas des inévitables (et attendues!) vibrations chères à la marque, mais le moteur, transfiguré, rappelle plus une Buell qu'une Sportster. Il crache désormais 91ch à 7.000 tr/min, avec un couple de 100Nm à 3.700 tr/min.

Quel pied, ce V-twin!

Bonne surprise, le twin accepte de reprendre déjà sous les 2.000 tours, pour s'éclaircir la voix dès les 3.000 tours, et tonner jusqu'à 7.000 tours, où le rupteur brise l'élan. La boîte cinq tire court, puisque la XR monte à un petit 200 au compteur avant de buter là aussi sur le rupteur. Entre les deux, ça pousse, et c'est bon. C'est vrai, nous aimons les sensations distillées par ce genre de propulseur et nous ne nous en cachons pas. S'il n'atomise pas les cadors de la catégorie, il se montre tellement vivant, tellement rempli à mi-régime, tellement réactif à la moindre sollicitation de la poignée de gaz que c'en est un vrai plaisir, et on enquille les kilomètres en jouant sur le couple plus que sur la boîte. Pas le meilleur morceau cette boîte! Dure, râpeuse, plutôt lente, elle ne donne pas vraiment l'envie d'en abuser.

Rouler autrement

L'embrayage, plutôt dur lui aussi, fait regretter le guidon de gros diamètre et les leviers non réglables: grosses paluches souhaitées! Idem pour la commande des freins qui sont largement assez puissants, mais dont l'attaque manque un peu de mordant. Le comportement routier se montre très sain, pour autant que le pilote de la XR n'oublie jamais le poids de l'engin, pas vraiment léger. Attention donc de ne pas se faire déborder. Avec la XR, le plaisir vient en enroulant, proprement et en douceur, en profitant des excellentes dispositions de ce twin vivant et caractériel. On en arrive à rouler sans se traîner, mais sans stress. Un certain goût de l'Amérique, l'efficacité et l'exclusivité en prime! La XR s'échange contre 10.995€, ou 11.175€ suivant le choix de la couleur.