Back to the future
Difficile d’imaginer plus carré que le Wrangler ! Il semble en effet dessiné à la règle droite et taillé à la serpe dans un bloc de granite. Oubliez la finesse passionnelle italienne, le charme onctueux anglais, l’originalité française ou l’élégance classique allemande, ici c’est du brut ! Une véritable commode bretonne montée sur roues et pensée avant tout pour l’efficacité ! C’est d’ailleurs bien cela qui fait son charme.
Motorisation
Ici aussi, on a affaire à du gros matériel. Les temps changent, le Wrangler aussi en s’adaptant à nos marchés. Nous avons donc droit à un moteur diesel VM de 2.8 litres à 4 cylindres. Puissance et couple annoncés : 177 chevaux et 400 Nm. Pas de quoi grimper au plafond me direz-vous, mais ce ne sont là que des chiffres, incapables de traduire la véritable disponibilité de la mécanique. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, en véritable tout terrain, ce qui compte avant tout, c’est une courbe de couple la plus plate possible et avec un couple maxi délivré dès les plus basses rotations. Peu importe la puissance à hauts régimes, on ne traverse pas un terrain inhospitalier comme on lime les virages d’un circuit.
Et cela, la Wrangler l’a tout à fait compris. Peu importe si en terme de puissance et de couple spécifiques le Jeep est loin d’être parmi les meilleurs, le moteur est parfaitement adapté à l’usage tout terrain. Avec sa pédale d’accélérateur d’une longueur spectaculaire, la progression est d’autant plus facilitée. La disponibilité est telle que l’on en oublierait de changer de vitesses, voire de démarrer en première... La boîte est logiquement assez courte, un Wrangler se sentant bien plus à l’aise en se baladant au gré des rivières et forêts qu’en se déchaînant sur nationales et Autobahn... Une gamme courte est également disponible pour qui entend grimper les terrains les plus improbables. Dans ce cas, rien ne semble pouvoir arrêter la progression du Jeep.
La commande ne se distingue pas par des débattements ultra courts, ou encore par une douceur extrême. Mais peu importe, elle n’est pas désagréable pour autant et elle commande une boîte parfaitement étagée.
Niveau consommation, nous avons réalisé une moyenne de 11,5 litres, soit un chiffre honorable. On ne peut en effet compter sur le profilage de l’engin pour obtenir un résultat exceptionnel !
Tenue de route
Rustiques, veillottes, démodées, on ne sait trop quel adjectif employer pour qualifier les solutions retenues pour les trains roulants. Deux essieux rigides, cela ne se voit plus que dans les musées (pour les engins d’avant 1930 principalement) ou sur les véritables tout terrain, qui ne sont plus si légion, il est vrai.
Il y a donc deux manières de juger le Wrangler sur la route : l’habitué des tractions rigoureuses y verra un engin flou, imprécis, au comportement incertain sur les bosses et à la tenue de cap vraiment aléatoire sur autoroutes. Celui qui ne vit que pour le tout terrain y verra en revanche un excellent guidage des deux essieux, agrémenté de réactions douces et progressives. De tout cela, il faut retenir que le Jeep Wrangler se conduit en connaissance de cause mais qu’il ne démérite pas pour autant, vu la technique retenue.
De même, que ceux qui n’ont jamais conduit de véritables 4x4 ne soient pas étonnés par le freinage : mieux vaut se mettre au garde à vous sur la pédale centrale pour s’arrêter. Ce que le Wrangler finit par faire, et en ligne droite généralement, s.v.p !
En revanche, il n’y a qu’une seule manière de considérer ce Wrangler une fois hors de la route : sa progression ne semble pouvoir être mise en défaut. Propulsion sur route, il peut devenir quatre roues motrices une fois dans les champs, voire s’armer d’une gamme – ultra – courte pour dévorer tout ce qui se présente sur son chemin. Chemins boueux, sentiers déformés, cailloux inhospitaliers, etc, rien ne lui fait peur. Ici, aucune règle électronique ne vient régir sa progression, tout est mécanique. Sans doute pas très fin, ni très léger, le système a au moins le mérite d’être costaud et éprouvé. Ce qui une qualité primordiale en tout terrain.
Confort
S’asseoir pour la première fois au volant d’un Wrangler est assez déroutant : on domine très nettement la route, avec l’impression étrange d’avoir le nez dans le pare-brise ! Celui-ci n’ayant pas grand chose à voir avec ceux des Citroën C4 Picasso. Celui-ci étant posé pratiquement à la perpendiculaire et de forme rigoureusement rectangulaire, on se croirait revenu dans une caisse carrée des années 20 ! Ce qui est confirmé par la conception des trains roulants...
Evidemment, de telles suspensions ne sont pas conçues pour assurer un confort de premier ordre aux occupants. Le Wrangler aura donc tendance à secouer sèchement les occupants. Mais cela reste moins pire que prévu, preuve de l’intelligence de la conception. Notre version étant une trois portes équipée du hard-top optionnel, il nous faut ajouter que si la place arrière est acceptable, l’accès à ces même sièges est pour le moins acrobatique. Fragiles du dos, vous voilà prévenus !
Bruits de roulement et aérodynamiques sont naturellement assez importants, le profilage de la bête n’étant pas le meilleur que nous connaissions... Mais cela aussi, fait partie du charme de rouler en Wrangler.
Tarifs et équipement
25.900 €, c’est le prix pour connaître les joies du véritable tout terrain. A ce tarif, le Wrangler est livré dans sa version Sport, à savoir franchement dépouillée. Tout dépend alors de l’utilisation que vous voulez en faire. S’il s’agit uniquement d’aller crapahuter dans la forêt, inutile de pousser le bouchon plus loin. Mais pour une utilisation plus routière, mieux vaut passer à la version Sport Plus, qui offre l’air conditionné, l’ordinateur de bord, le régulateur de vitesse et quelques babioles pour améliorer le confort assez rudimentaire du Wrangler.
Parmi la liste d’option, on remarquera une boîte automatique à 5 rapports (1.000 €), le dual top (850 €), la sono 368 Watt (300 €), la radio avec chargeur 6 CD (400 €),...
Conclusion
Le Wrangler est définitivement un engin à part, un véhicule que même les actions les plus violentes des écologistes ont du mal à ébranler. Car sa mission à lui n’est non pas de parader le long des belles avenues, mais bien d’aller à la conquête des contrées inhospitalières. Un objectif qu’il remplit parfaitement, car il s’est doté de tous les attributs pour y arriver. Néanmoins, avec les années, il a réussi à s’adapter et propose maintenant une plus grande polyvalence, une fois de retour sur les chemins civilisés.