François Piette

21 JUN 2011

La Volvo s'impose aux 12H de Spa

Les météorologues avaient annoncé un temps variable sur les Ardennes, ils ne s’étaient pas trompés… L’alternance d’averses, parfois violentes, et de périodes ensoleillées, a compliqué sérieusement la tâche des concurrents engagés dans les 12 heures de Spa 2011 qui entreront à coup sûr dans les annales tant l’indécision est restée totale jusqu’au drapeau à damier. Battue sur le fil l’an dernier, la Volvo S60 Silhouette a cette fois émergé de haute lutte. 

A moins de 40 minutes de l’arrivée, l’écart entre les deux leaders est inférieur à… une seconde ! En tête, Vincent Radermecker (Volvo) se sait suivi par Frédéric Bouvy (Renault) bien décidé à décrocher la victoire absolue. Preuve de la détermination du clan Delahaye, Fred a été chargé du dernier relais qui va pourtant l’entraîner au-delà du temps de conduite maximum par pilote : « Comme notre avance sur les troisièmes dépasse les 6 tours ce qui nous maintient hors de leur portée en cas de pénalité après l’arrivée, nous avons tenté un coup de poker en lançant Fred pour tenter de pousser les meneurs à la faute », explique-t-on dans le stand Renault. A bord de la S60, « Rader » fait appel à toute son expérience pour conserver l’avantage : « Contrairement à Frédéric, je n’avais encore assuré aucun relais durant la nuit sur cette piste très piégeuse ; il m’a donc fallu trois tours pour prendre mes marques. Difficultés supplémentaires : un phare était tombé en panne et quand la dernière safety car s’est effacée, à trois quarts d’heure de l’arrivée, j’ouvrais la route et n’avais donc aucun repère. J’étais la cible idéale pour un fameux chasseur qui me gardait en point de mire… »

Au fil des tours, l’écart varie et il faut attendre le dernier quart d’heure pour voir la Volvo prendre définitivement ses distances : « Dans les dépassements, je sautais sur tout ce qui bougeait ! Je ne me posais plus de questions… et je n’avais pas le temps de repenser à la finale de 2010 quand la victoire s’était envolée en vue du but. Cette fois, tout s’est bien terminé alors qu’à deux reprises, la neutralisation des débats avait réduit à quasi rien la petite avance que nous avions forgée. La course a été superbe jusqu’au bout et j’ai le sentiment qu’avec Eric, Nico et l’ensemble du team, nous avons vraiment fait du bon boulot. »

Finalement battu de 16 secondes (+ 5 tours de pénalité pour avoir piloté la Mégane durant 6h07, soit 7 minutes au-delà du temps réglementaire), le champion en titre se consolait en constatant qu’avec son ailier Christian Kelders, il réalise une bonne opération au championnat. Ayant franchi en tête le cap des 3es et 6es heures, chaque fois d’un souffle devant l’équipage Volvo, les deux hommes – auxquels on ne manquera pas d’associer leur ailier Geoffroy Horion, auteur d’un retour tonitruant sur la scène des BTCS – ont en effet inscrit des points précieux et peuvent envisager avec confiance la suite de la saison.
Le podium était complété par le trio Stéveny-de Radiguès-Lefort dont la performance mérite également tous les éloges : « Un incident a priori bénin nous a coûté cher : un des vérins hydrauliques permettant de lever la voiture lors des arrêts a cédé en début de course, ce qui a contraint les mécanos à utiliser un cric à chaque changement de pneus ; et dieu sait s’ils ont été nombreux durant ce tour d’horloge rendu très délicat par la météo variable. Ajoutez-y une petite fuite d’essence, la médaille de bronze a donc tout lieu de nous satisfaire. »

Trois Silhouettes de trois marques différentes aux premières places : voilà qui en dit long sur l’équilibre des forces en présence. On trouve au 4e rang une deuxième Renault, pilotée par Richard-Viron-Bordet, tandis que l’Audi A4 de Maillet-Dubois-De Keijser s’offre un magnifique top 6 au terme d’une chevauchée rappelant d’excellents souvenirs aux fans de la marque aux quatre anneaux. Deux échelons plus bas apparaît la Renault confiée à Lémeret-Mondron-Schroyen, éliminée de la course à la victoire par un accrochage avec… sa sœur pilotée alors par Laurent Richard. Un instant d’inattention durant une neutralisation a suffi pour provoquer cet incident qui a privé la Mégane jaune d’un excellent résultat.

Reste les deux Jaguar dont l’une seulement, celle de Franchi-Vannerum, a franchi la ligne malgré plusieurs soucis mécaniques. Quant à la belle XF, elle a quitté brutalement la scène après trois quarts d’heure de ronde lors d’un accrochage à haute vitesse dans le premier Blanchimont avec une Renault. Si Jérôme Thiry s’en sortait indemne – malgré quelques solides courbatures… –, Pieter Verpoort le pilote de la Clio devait être évacué par hélicoptère vers le CHU de Liège d’où les nouvelles étaient toutefois rassurantes (il souffre de côtes cassées, a mal au dos et à la tête, et ne se souvient plus des circonstances de l’accident).

T3 : s’il n’en reste qu’une…

Contrairement aux prévisions, les ténors de la classe T3 n’ont pu jouer un rôle en vue au classement absolu… à l’exception de Qvick-Vanbellingen-Maes, 5es à l’issue d’une course rondement menée sur la BMW M3 E90 : « Nous avons juste perdu un peu de temps à cause d’une bougie récalcitrante en début de parcours. Mais les Silhouettes ont affiché une belle fiabilité, sans doute à cause des conditions pluvieuses qui ont rendu les 12 Heures moins exigeantes pour les mécaniques », analysait Eric Qvick.

Autres pilotes BMW à l’honneur, les Danois du team Karamaba ont pointé un long moment dans le top 10 avant de rétrograder à cause de… la buée les obligeant à piloter « au jugé », tandis que les Buffet père et fils ont assuré le triplé en T3 à la marque bavaroise grâce à leur vaillante Série 1. On soulignera encore la 13e position de la 120d de Sluijs-De Vocht-Van Loo, évidemment lauréate en diesel devant sa sœur confiée aux Américains Briody-Prewitt-Lassally.

Moins de chance en revanche chez SEAT (cardan cassé puis moteur pour Duez-Rosoux-Piron), VW (direction sur la Scirocco de Latinne-Wauters-Vanthoor, suspension avant pour Gosselin-Smits-Choque finalement 27es) et Mazda (soucis électroniques sur la 3 de Van Herck-Schuybroeck-Van der Ende).

La fête chez VDP et pour le team Allure

Un père et son fils sur la plus haute marche du podium d’une course, même dans des classes différentes, voilà qui n’est pas courant. Ces 12 Heures 2011 seront à marquer d’une pierre blanche dans la famille van de Poele puisque, si Eric s’est imposé au classement absolu, Alexis l’a emporté en classe S2. Le trio qu’il composait avec Vincent Vandenabeele et Pascal Nelissen Grade a signé un parcours impeccable, s’installant rapidement aux premières loges pour franchir la ligne à la 9e place, juste devant les « furieux » de la classe T3S.

Les victoires en T2 et T3S sont tombées dans l’escarcelle du team Allure qui avait rarement connu pareille fête. Malchanceux depuis le début de saison, les deux Nicolas – Lamy et Léonard – se sont remarquablement rattrapés en se montrant les meilleurs dans le match opposant les pilotes de SEAT Leon Supercopa. Les places étaient pourtant très chères mais les deux compères ont bien mené leur barque : « Nous avons connu une grosse alerte à cause d’un fusible de pompe à essence qui nous a immobilisés sur le circuit », racontait Nicolas Lamy. « Heureusement, nous avons été ramenés à la ficelle… et n’avons plus connu de soucis ensuite. Gagner cette catégorie très disputée aux 12 Heures et finir 7es au général : c’est génial, que demander de plus ? »

Malheureux avec sa Leon WTCC, le team Astur Car s’est consolé grâce aux deux Supercopa pointées aux 2e et 3e rangs de la classe. Le quatuor italo-belgo-français Nale-Albert-Dauger-Antunes s’est offert une belle médaille d’argent devant Courrier-Wittman-Hébert rejoints in extremis par un certain… Maxime Martin qui a meublé agréablement un de ses rares week-ends libres de l’année en alignant des chronos incroyables, notamment sous la pluie.

Côté T2, le dernier mot est resté à la petite Renault Clio que son pilote habituel Jordan Beuler partageait avec Patrick Deblauwe et René Brugmans, tous deux ravis de l’expérience : « C’est la première fois que je pilotais une traction en course et franchement, je me suis super bien amusé », confiait le premier nommé. « En plus, l’ambiance dans le team était très sympa et l’auto a tourné comme une horloge. Une chouette expérience. »

Les concurrents des BTCS vont maintenant se consacrer au prochain rendez-vous programmé en prologue des 25 Heures VW Fun Cup (8-10 juillet) où le changement sera complet : après l’endurance, c‘est de sprint qu’il sera question !

Classement final : 1. Radermecker-van de Poele-Verdonck (Volvo S60 Silhouette), 238 tours ; 2. Bouvy-Kelders-Horion (Renault Mégane) à 16.409 (+ 5 tours de pénalité) ; 3. Stéveny-de Radiguès-Lefort (KIA Pro_Ceed) à 6 tours ; 4. Richard-Viron-Vordet (Renault Mégane) à 8 tours ; 5. Qvick-Vanbellingen-Maes (BMW M3) à 10 tours, 1ers en classe T3 ; 6. Maillet-Dubois-De Keijser (Audi A4 Silhouette) à 15 tours ; 7. Léonard-Lamy (SEAT Leon Supercopa) à 17 tours, 1ers en T3S ; 8. Lémeret-Mondron-Schroyen (Renault Mégane) à 18 tours ; 9. Van de Poele-Vandenabeele-Nelissen Grade (Touring Cup), 1ers en S2 ; 10. Albert-Nale-Auger-Antunes (SEAT Leon Supercopa) à 19 tours ; 11. Courrier-Wittman-Hébert-Martin (SEAT Leon Supercopa) à 20 tours ; 12. Adriaenssens-Kerckhove-Nye (SEAT eon Supercopa) ; 13. Sluys-De Vocht-Van Loo (BMW 120d), 1ers en T3D ; 14. Chaillet-Vannerom-De Latre-Van Bellingen (SEAT Leon Supercopa) à 22 tours ; 15. Barbary-Cambier-Denis (SEAT Leon Supercopa) ; 16. Lequeux-Ueberecken-Mélotte (Touring Cup) à 23 tours ; 17. De Graef-De Meijer-Van Kelst (SEAT Leon Supercopa) à 24 tours ; 18. Outzen-Holmgaard-Klosterman-Dalouiso (BMW M3)à 25 tours ; 19. Vannerum-Franchi (Jaguar X-Type Silhouette) à 30 tours ; 20. Beuler-Deblauwe-Brugmans (Renault Clio) à 31 tours, 1ers en T2 ; 21. Jordens-Weyens-Ouassimi

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