Arrivés sur le site de production PSA d’Aulnay-sous-Bois, l’ambiance n’est pas vraiment à la franche rigolade. Des usines étalées les unes à côté des autres, des parkings à perte de vue et du blanc uniformisé… Difficile d’imaginer qu’un trésor s’y cache ! Une petite flèche indique « conservatoire » et pointe un bâtiment aussi impersonnel que les autres. La porte s’ouvre et… magie !

Un passé glorieux

Quand les constructeurs allemands érigent de véritables palais en l’honneur de leur passé, Citroën reste nettement plus discret. Question de budget, naturellement, mais la firme n’est certainement pas pauvre en histoires à raconter ! Des modèles révolutionnaires, le constructeur en a accumulés à la pelle. Toutes ces voitures sont aujourd’hui devenues mythiques et se voient adulées par de nombreux collectionneurs.

Une entrée en fanfare !

Dans la première pièce, toute de blanc vêtue, sont alignés quelques moteurs. Rien de sensationnel ? Détrompez-vous : il s’agit des prototypes de moteurs développés pour la DS, à l’aube des années 50 ! On y voit deux 6 cylindres à plat (un refroidi par air, l’autre par eau), un étonnant V6 à 90° et un copieux V8, qui aurait pu donner des ailes au vaisseau amiral français ! Les regrets sont décidément éternels, car la DS n’aura jamais droit à mieux qu’un antique bloc 4 cylindres dérivé de la Traction…

Les trésors cachés et oubliés !

Puis, vient le plat principal. Un hangar immense comptant 250 voitures. Rangées en rangs serrés, les voitures se voient seulement identifiées par une petite fiche explicative. Une ambiance typée « usine » qui laisse croire que la firme a récolté au hasard, quelques modèles représentatifs de sa production. Ici encore, on a tout faux, car chaque voiture a une histoire à raconter : voiture de presse ou ayant appartenu à une célébrité (politique, artistique), voire premier exemplaire d’une série. Des trésors sortis de temps à autres de leur antre pour les besoins d’une exposition ou d’un salon.

Sacha Guitry, aux idées coquines

Au gré des allées, épinglons la C6 Faux Cabriolet 4 places de Sacha Guitry de 1929. Le premier 6 cylindres de la marque, coiffé ici d’une carrosserie spécifique, dénuée de fenêtres arrière pour… plus d’intimité ! A ses côtés, la C4 G Roadster dispose, luxe suprême, d’une trappe sur le côté « pour glisser les cannes de Golf » !

La toute première DS

La plus ancienne DS connue est également là, sous nos yeux. Faisant partie d’une série de 200 voitures de présérie, elle porte le numéro « 31 » et se voit dépourvue de commande de hauteur. Tout le reste y est. La DS remaniée par Chapron, et ayant véhiculé quelques présidents de la cinquième république, est également présente.

TPV

Le projet TPV, pour « Toute Petite Voiture » est un brouillon de 2 CV. Quelque 250 exemplaires furent produits dans les années 30, dont quatre seulement seraient encore existants. Parmi ceux-ci, trois furent retrouvés dans le grenier emmuré d’une ferme située sur un site d’essais ! Contrairement à la 2 CV, le bicylindre est ici refroidi par eau. Un peu plus loin, on remarque une calandre atypique. Cette « Super 2 CV » est en fait un prototype animé par le moteur de la GS !

Voitures urbaines électriques

Au début des années 70, Citroën réfléchissait déjà à la mobilité urbaine, en développant deux prototypes de véhicules de moins de 2 mètres et animés par le moteur de la 2 CV.

G60

Un prototype qui annonce la future Ami 6 et le facelift de la DS, avec ses doubles phares. Un engin déroutant, dû à l’imagination fertile de Flaminio Bertoni.

Birotor

Une belle place est accordée au développement du moteur rotatif. Citroën en a en effet fait usage sous le capot de sa GS, avec des performances stupéfiantes à la clé. Un prototype M35 rappelle également les débuts de cette mécanique, ainsi qu’un… hélicoptère ! La consommation costaude et la fiabilité problématique finiront par mettre un terme au projet.

Panhard 24

Englouti par Citroën en 1965, Panhard n’a plus qu’une paire d’années à vivre en tant que constructeur de voitures de tourisme. La 24, ce brillant coupé à la ligne futuriste, est reprise dans les bureaux de développement pour tester un moteur destiné à la compétition : un 4 cylindres de 2 litres, à double arbres à cames en tête. Un projet vite abandonné.

DS V4 !

Probablement le modèle le plus étonnant. Sous une apparence classique, cette DS cache un moteur V4, deux temps, à compresseur ! Bien conscients des modestes performances de leur vaisseau amiral, les ingénieurs de la firme de Javel décident de mettre une nouvelle mécanique en chantier, en se laissant aller à ce doux délire mécanique. Un moteur qui, semble-t-il, marchait fort, mais vraiment pas longtemps !

Voitures de course

Depuis les ZX Rallye Raid à la C4 Sport en passant par la Visa Dakar et les 2 CV du raid Afrique, le passé en compétition de la marque est hautement représenté.

Véhicules modernes

Les voitures actuelles ne sont pas oubliées, car elles feront partie du patrimoine de demain. Ainsi, on retrouve le prototype C6 Lignage aux côtés de sa descendante, la C6, s’agissant ici du dernier exemplaire. En outre, soulignons la jolie rangée de modèles destinés au marché chinois.

Sur rendez-vous !

Citroëniste convaincu ou simple curieux ? La visite est possible, mais uniquement sur rendez-vous et au prix de 5 euros. La liste d’attente est longue, donc soyez patient !