Deux Lada Niva (et une demi…) trônent devant la porte de la maison. Non, nous ne sommes pas en Russie, mais bien dans le petit village de Kessel, près de Lier, le berceau de Jan Broes et de son club de passionnés de la Niva. Pour eux, l’indestructible 4x4 est le ticket pour l’aventure abordable.
Chez les Broes, tout tourne autour de la Lada Niva. On trouve dans leur maison des cookies de marque Lada (trouvés par hasard en Slovénie), un verre orné du logo de la marque (un cadeau de la fille pour son papa), une lampe de poche officielle Lada ou encore une montagne de brochures du modèle…
La Russe
L’histoire d’amour avec la Niva a débuté il y a treize ans, d’abord pour des raisons d’argent. « Je voulais absolument un 4x4, mais les Toyota et Land Rover étaient trop chers. J’ai donc acheté une Lada Niva pour environ… 250 euros. On l’a appelée « la Russe ». Je suis tombé sous le charme du modèle et j’en suis aujourd’hui à ma quatrième Niva », nous dit Jan.
“J’utilise ma Niva tout le temps : pour aller travailler, pour faire les courses et pour m’amuser en tout terrain. Pour un 4x4, la Niva a une suspension plutôt souple et se conduit donc comme une voiture ordinaire, mais sans craindre les trous ni les casse-vitesse. Sur l’autoroute, je roule au rythme des camions, à 90 ou 100 km/h. Parce à 120 km/h, je suis pratiquement à fond. Et à ce rythme, le bruit devient vite insoutenable”.
Jan a une formation de mécanicien et est donc capable de prendre soin de son engin, qu’il appelle aussi “la diesel”. Et il tune petit à petit sa Niva. “J’ai rehaussé la suspension pour pouvoir monter des pneus tout terrain, j’ai fabriqué une galerie de toit maison, j’ai aussi ajouté des projecteurs, un pare-chocs maison muni d’un treuil, des sièges en cuir, etc. Je voudrais aussi remplacer le diesel atmosphérique par un bloc turbo”.
La Niva “junior”
Laurenz, le fils de Jan a aussi choppé le virus. “Il a acheté une Niva il y a un an et demi. On l’appelle la Niva junior et il l’utilise au quotidien. Il y en aura aussi bientôt une autre dans la famille. Un modèle très rare que nous avons acheté ensemble : une Niva Cabrio de 1985, le seul modèle cabriolet de Belgique”, sourit Jan. “On doit encore la restaurer, ce qui devrait durer un ou deux ans”.
La demi-Niva
Dans l’allée, on trouve aussi une remorque qui ressemble furieusement à une Niva. “Ah, celle-là, on l’appelle la 0,5. La demi-Niva. Je ne l’ai pas construite moi-même, je l’ai achetée à un Hollandais. C’est l’accessoire idéal pour notre voyage annuelle en France”.
Les amis de la Niva
Ce voyage annuel en France est l’une des activités du “Club belge des amis de la Niva”, une association que Jan a fondée. “Quand j’ai acheté ma première Niva en 2000, j’ai cherché des associations de passionnés, mais je n’ai rien trouvé, ni en Belgique ni en Hollande. J’ai donc décidé de fonder un club avec deux autres passionnés. Ce club compte aujourd’hui environ 50 membres”.
“On essaie de rouler le plus possible en tout terrain. Mais beaucoup de membres n’osent pas exploiter à fond le potentiel de leur Niva. Seuls les puristes comme moi et certains autres font du véritable 4x4. Cinq membres du club sont même partis l’an dernier jusqu’à Moscou. Un membre a même roulé jusqu’au Kazakhstan : un voyage de 19.000 kilomètres bouclé en sept semaines. Et sur des chaussées autrement plus défoncées que les autoroutes belges ! Là-bas, la plupart des automobilistes roulent d’ailleurs en dehors de la route car les trous sont moins profonds…”.
“On organise aussi des parcours softs, tracés en dehors de l’asphalte, mais sans gros trous ni grosses difficultés. Les propriétaires ne veulent abîmer leur Niva ni lui infliger de grosses cicatrices”.
Des moqueurs et des fans
Au sein du club Niva, l’esprit est à la camaraderie. Le but n’est pas d’être le plus fort ou le plus rapide. « Il n’y a pas de place pour les machos. De toute façon, les machos ne roulent pas en Lada Niva… Nous, on n’est pas impressionnés par quelqu’un qui a acheté une galerie toit très coûteuse ou un autre accessoire tapageur. On essaie de bricoler pour que ça coûte le moins cher possible ».
« La réaction des gens ? Certains se moquent parce que nous possédons des Lada. Ce n’est pas avec cette voiture que l’on pourra draguer dans le parking d’une discothèque… Mais dans le monde du tout terrain, nous sommes respectés. Et je pense même que nous suscitons plus de réactions que les propriétaires de Porsche ou de Ferrari. Beaucoup de gens nous lèvent leur pouce ou viennent spontanément nous poser des questions, du genre : « mon grand-père en a eu une ; on la produit encore ? »
En acheter une ?
Eh oui, le 4x4 Lada est toujours produit... Et presque deux millions d’exemplaires sont sortis des chaînes depuis 1977. Il n’y a plus d’importateur belge, mais le club des passionnés entretient le mythe. La Niva junior de Laurenz fera par exemple une apparition dans la série Deadline 14/10 sur la chaîne flamande VTM. “Ces dernières années, c’est devenu plus facile de vendre une Niva. Avant l’existence du club, les propriétaires ne pouvaient revendre leur modèle qu’à un agriculteur ou un forestier. Mais le club a permis d’élargir les contacts et facilite donc les ventes”.
“ Vous pouvez acheter une Niva neuve dans les (très peu nombreux…) garages Lada du pays (pour un prix de 12.000 € et via l’importateur français, NDLR). Si vous voulez un modèle d’occasion, faites bien attention à la corrosion et à la boîte de vitesses, qui constituent les deux talons d’Achille de la Niva. Pour le reste, c’est un modèle éprouvé qui peut subir les pires traitements sans jamais faillir… ».