Pourtant situé à un jet de pierre des usines Maserati, Ferrari et Lamborghini, De Tomaso n’a jamais acquis la même notoriété que les marques précitées. Pourtant, ce n’est pas par manque d’ambition de son passionné de patron, l’argentin Alejandro de Tomaso ! Avec ses Mangusta et surtout, sa Pantera, la marque connaitra un certain succès. Mais il serait bien trop réducteur de considérer la marque à ces seules sportives à moteur central. Voici donc l’originale Deauville, une berline au charisme incroyable !
Maserati et Jaguar comme sources d’inspiration
En ce milieu des années 60, le paysage automobile voit l’arrivée de luxueuses berlines sportives. Après les Jaguar MK2 3.8 l, Lagonda Rapide et autres Maserati Quattroporte, ce sont des marques plus traditionnelles qui investissent le marché comme BMW et Mercedes. De Tomaso y voit clairement une niche à occuper et demande à Tom Tjaarda, alors designer pour Ghia, de lui dessiner une berline du même acabit. Ce dernier s’inspire largement de la sublime Jaguar XJ6, mais rajoute quelques notes sportives.
Eprouvée, mais quel caractère !
D’un point de vue technique, De Tomaso opte pour des solutions éprouvées. Contrairement aux autres artisans italiens, il ne produit pas ses propres moteurs et préfère aller piocher sur les étagères de Ford USA. Il en revient avec un gros V8 de 5,7 litres, équipant par ailleurs la Pantera. Ce moteur n’a certes pas la sophistication des autres moteurs italiens, mais il est nettement plus endurant, plus économique à entretenir et garantit de sacrées performances grâce à son gros cubage : 300 chevaux et 450 Nm de couple !
Les solutions techniques choisies pour la Deauville sont très classiques : V8 américain à l’avant, boîte manuelle (5 rapports) ou automatique (3 vitesses) juste derrière et roues arrière motrices. Les suspensions indépendantes à l’avant et à l’arrière, de même que les freins à disques ventilés font malgré tout, illusion. Face au chrono, la De Tomaso enfume la plupart de ses concurrentes : plus de 230 km/h et à peine plus de 7 secondes au 0 à 100 km/h. La masse de près de deux tonnes calme toutefois les velléités de conduite dynamique.
Du très grand luxe… Beaucoup trop cher !
L’habitacle est un concentré de raffinement : cuir profond (ou velours, très prisé à l’époque) et bois précieux, vitres électriques, climatisation… Malheureusement, tous ces équipements sont en option et relèvent une facture déjà très élevée à la base. La Deauville se voit ainsi affichée à un tarif de 50 % supérieur à celui d’une Jaguar XJ6.
Evolutions
Produite de 1970 à 1985, la voiture aura connu une principale évolution en 1980, avec l’arrivée de nouveaux pare-chocs et un habitacle revu. Techniquement parlant, la voiture restera inchangée. Vu son prix délirant, la voiture sera toutefois un flop : seuls 244 exemplaires seront produits. Notez toutefois que parmi ceux-ci, nous relevons un break pour l’épouse de M. de Tomaso et deux versions blindées : une destinée au gouvernement italien et la seconde, pour la Famille Royale de Belgique !
Aujourd’hui
Il est très difficile d’établir une cote pour un modèle aussi rare dans les annonces. Comptez toutefois sur une base d’environ 40.000 € pour un modèle à réviser et environ le double pour un exemplaire en très bel état. Le V8 Ford est indestructible, mais est très porté sur la boisson. La plupart des modèles furent livrés avec la boîte automatique, toute aussi solide. La boîte ZF est également résistante, mais coûte une fortune à la réfection ! La rouille est évidemment à traquer avec soin et, comme pour toute voiture italienne artisanale, l’équipement électrique peut être un vrai cauchemar !