Olivier Maloteaux

7 JAN 2025

Mercedes Classe G580 EQ : le dinosaure sur pile

Né il y a plus de 45 ans, le Classe G fait office de dinosaure sur la planète automobile. Pour ne pas disparaître, il évolue avec son temps et carbure maintenant aussi au courant.

{"fr":"Mercedes-Benz Classe G bleue roulant au coucher du soleil dans un désert.","nl":"Blauwe Mercedes-Benz G-Klasse rijdt bij zonsondergang in de woestijn."}
{"fr":"Intérieur du Mercedes-Benz Classe G avec tableau de bord numérique, volant moderne en plein désert.","nl":"Interieur van de Mercedes-Benz G-Klasse met digitaal dashboard, modern stuur in woestijn."}

"Le couple et le silence de l’électrique lui vont à ravir, et améliorent encore ses qualités en tout-terrain. Mais le Classe G électrique n’a aucune fibre écologique ! "

Né en 1979, le Classe G n’a pratiquement pas changé esthétiquement depuis. Mais, sous sa carapace d’une autre époque, l’engin s’est constamment adapté techniquement, avec en particulier une refonte complète mi-2018, suivie d’un restylage courant 2024. Dernière évolution en date : l’arrivée d’une variante tout électrique, qui s’ajoute à la gamme thermique. Cette électrique aurait pu s’appeler « EQG », comme le concept de 2021, mais le constructeur a préféré la baptiser « G 580 avec Technologie EQ ». Voyons ce que cache ce nom à rallonge.

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Design

Cube légèrement affiné

Le style cubique est l’une des marques de fabrique du Classe G depuis sa naissance. Pour la refonte de 2018, Mercedes a donc conservé ces traits taillés à la serpe, avec un capot rapporté, des charnières de portes apparentes et des rappels de clignotants au sommet des ailes avant. La version électrique n’arrondit pas les angles et ressemble à s’y méprendre à ses sœurs thermiques. Mais pour moins faire bloc face au vent, l’électrique s’offre un capot redessiné, un nouvel habillage sur les montants de pare-brise, un becquet spécifique sur le toit et des fentes dans les ailes arrière pour mieux laisser filer l’air. La calandre peut se couvrir en option d’un panneau noir avec rétro-éclairage.

Avec ou sans roue de secours

Sur la porte arrière, vous avez le choix entre une roue de secours (elle est offerte mais le cache en plastique est facturé 363 €) ou un espace de rangement plus fin pour câbles de recharge (cette « design box » coûte 908 € et vous devez alors vous contentez d’un simple kit anti-crevaison…). Côté gabarit, le Classe G est moins long qu’il n’y paraît : la carrosserie mesure 4,62 mètres (soit seulement 6 cm de plus qu’une berline Classe A…) hors roue de secours arrière ou 4,86 mètres roue incluse (soit le gabarit d’un Mercedes EQE SUV).

Le Classe G actuel n’est disponible qu’en version longue à 5 portes et plus en variante courte à 3 portes comme par le passé (il existait même à une époque une version courte cabriolet désormais collector).

Expérience

Cocon haut perché

Le Classe G est l’un des véhicules les plus hauts de la production automobile actuelle. Pour grimper plus facilement à bord, on vous conseille les marchepieds optionnels. Et il faut de l’huile de coude pour bien claquer la fine porte, qui se referme dans un bruit métallique à l’ancienne, loin du son étouffé des autres produits de luxe du constructeur étoilé. C’est voulu : cela faisait partie des traits de caractère à conserver. Idem pour le claquement du verrouillage automatique des ouvrants, qui résonne comme le verrou d’une porte de prison. Mais une prison dorée…

Les sièges avant (chauffants et réfrigérés de série) sont confortables et se couvrent d’office de cuir (noir, brun ou beige). De la peau plus chic est proposée en option (cuir Nappa), de même qu’une fonction massage pour les sièges avant et le dispositif « multicontour » qui resserre automatiquement les bourrelets latéraux du siège en virage pour mieux nous maintenir en place. Franchement, au volant, on se sent comme un roi posé en hauteur sur son trône, surplombant la plèbe automobile d’une bonne tête… La finition est de qualité et nous n’avons pas entendu de craquement de mobilier lors de nos virées hors bitume. Et quand le Classe G se met à trembler, le passager avant peut toujours s’agripper à la large barre de maintien située devant lui.

Légère perte de coffre

À l’arrière, l’espace pour les jambes est généreux et le dossier de banquette peut s’incliner. Par contre, l’assise ne coulisse pas et la place centrale est moins confortable que les deux autres à cause d’un dossier plus ferme.

L’accès au coffre s’effectue toujours au moyen d’une porte battante, moins pratique qu’un hayon. La grosse batterie mange 20 litres de coffre par rapport aux Classe G thermiques, mais il reste tout de même ici 620 litres banquette en place, ce qui est très correct (c’est 100 litres de plus que dans un Mercedes EQE SUV). Et banquette rabattue, la soute peut engloutir pratiquement 2 m³ de chargement (1.990 litres).

Multimédia à jour

Côté multimédia, on dispose de deux grands écrans multifonction, de 12,3 pouces chacun. L’un est situé devant le volant et affiche les instruments de conduite, tandis que l’autre est encastré au sommet de la console centrale et affiche notamment les fonctions multimédia et de navigation.

Le nouveau Classe G a bien sûr droit à toutes les fonctions de connectivité en vogue, comme le hotspot WiFi ou la compatibilité Apple CarPlay et Android Auto avec ou sans fil. On note aussi la fonction « capot transparent », une caméra qui permet de voir parfaitement où l’on place les roues avant. Utile en tout-terrain. Pour les manœuvres, une caméra à 360° est également proposée.

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Conduite

Eine kolossale batterie !

En devenant électrique, le dinosaure Classe G s’accroche un fil à la patte, pour alimenter sa gigantesque batterie (116 kWh utiles et 727 kilos), intégrée dans son châssis en échelle. La pile se compose de 216 cellules réparties en 12 modules, le tout intégré dans un solide caisson étanche et résistant à la torsion. Les ingénieurs ont aussi fixé sous la batterie une plaque de 2,6 cm d’épaisseur, façonnée dans un alliage incluant du carbone, afin de peser moins qu’une plaque en tôle. Cette solide protection de soubassement affiche tout de même 57,6 kilos.

4 moteurs et plus de 1.100 Nm de couple !

La grosse batterie alimente pas moins de 4 moteurs : un par roue (en fait, les moteurs ne sont pas intégrés directement aux roues mais implantés au centre des essieux avant et arrière, chacun entraînant une roue via un demi-arbre de transmission). Chaque moteur dispose de sa propre boîte (composée d’un rapport long et d’un court pour le tout-terrain) et développe 147 ch ; soit un total de 588 ch lorsqu’ils fonctionnent ensemble et un couple maximum de… 1.164 Nm. Camionnesque ! Chaque moteur peut tourner jusqu’à 14.500 tr/min, mais sans un bruit ni sifflement.

Pour donner un peu de voix à ce bestiau électrique, Mercedes propose un générateur de son artificiel (baptisé « G-ROAR » et facturé 544,50 €) qui singe le bruit d’un bloc V8 à essence. En conduite courante, on dispose alors en arrière-fond d’un agréablement feulement jamais trop envahissant. Mais sous forte accélération, on ne retrouve pas le râle violent d’un Classe G 63 AMG V8… S’il fait moins de bruit, notre G électrique n’est cependant jamais loin de l’AMG à l’accélération, avec un 0-100 km/h bouclé en 4,7 s contre 4,3 pour son frère V8 à essence. Le G sans échappement est par contre bridé à 180 km/h contre jusqu’à 240 km/h pour le V8.

Un confort ouaté et un bel équilibre

Durant ce test, nous avons régulièrement coupé le bruiteur artificiel, pour profiter du son du silence, qui rend la conduite particulièrement apaisante, d’autant que la suspension avec amortisseurs pilotés offre un confort ouaté. Mais on attendait ce titan au tournant : un engin qui pèse plus de 3 tonnes (3.085 kilos sans option pour être précis) et pose son toit à 2 mètres du sol n’est pas taillé pour les virages. En pratique, pourtant, cet engin ne paraît jamais aussi lourd qu’il est réellement. La grosse batterie nichée sous le plancher abaisse le centre de gravité (ce qui contient les mouvements de caisse), la direction est précise et le châssis équilibré (le pont arrière rigide est conservé mais, depuis 2018, les Classe G disposent d’un train avant indépendant). Bon, bien sûr, la physique a ses limites et il ne faut pas exagérer en courbe. Mais la conduite n’est pas pachydermique.

Épatant en tout-terrain

Bien qu’il soit devenu au fil du temps un produit de luxe, le Classe G n'en oublie pas ses origines champêtres et conserve des aptitudes épatantes en tout terrain, encore rehaussées ici grâce aux quatre moteurs permettant d’animer les roues indépendamment l’une de l’autre, pour mieux franchir les obstacles. Plus besoin de jouer avec les blocages de pont, ceux-ci sont « virtuels » (simulés par des actions ciblées sur chaque moteur électrique) et automatiques. C’est simple et diablement efficace.

Le G électrique conserve aussi un réducteur (avec rapport de transmission deux fois plus court, pour mieux grimper/descendre les pentes ou tracter de lourds attelages) qui active aussi automatiquement une assistance en descente. Bref, ce G électrique est tout aussi capable en tout-terrain que ses frères thermiques et est même plus facile à conduire dans ces conditions grâce à la gestion ciblée et automatique des 4 moteurs. Il boit aussi moins vite la tasse (profondeur guéable de 85 cm contre 70 pour les G à essence et diesel). Par contre, comme sur tous les Classe G, la garde au sol est fixe puisque le modèle se passe de ressorts pneumatiques, plus fragiles sur le terrain que de bons vieux ressorts hélicoïdaux.

En toupille comme sur des chenilles !

On croyait avoir tout vu des capacités du Classe G, jusqu’à ce que l’on enclenche la fonction « G Turn »… Moyennant une procédure assez complexe (arrêt complet, enclenchement du réducteur et du mode Rock, volant maintenu bien droit et impulsion sur la palette gauche ou droite du volant pour indiquer le sens de la manœuvre), cette fonction fait tourner les roues droites en sens contraire de celles de gauche, pour faire pivoter ce gros bestiaux sur lui-même à la manière d’un char d’assaut monté sur chenilles. Plutôt gag que vraiment utile, cette « fonction toupille » fera tourner la tête de vos passagers. Autre spécificité : la fonction G-Steering, qui réduit le rayon de braquage en faisant tourner le véhicule autour de la roue arrière intérieure au virage, via une action ciblée sur les moteurs. Ces deux fonctions sont spécifiques à la version électrique et rendues possibles grâce aux 4 moteurs indépendants l’un de l’autre.

Quelle conso et quelle autonomie ?

Qu’il carbure au courant ou au pétrole, un engin de 3 tonnes et de 2 mètres de haut ne peut se contenter de peu… Cette Mercedes électrique n’a donc rien d’écologique : le constructeur annonce une consommation officielle moyenne de 28 à 30,4 kWh/100 km et une autonomie de 433 à 468 kilomètres grâce à l’énorme batterie. En pratique, durant notre essai hivernal mené sous une température de 3 à 6°C, nous avons relevé une conso mini de 29,5 kWh/100 km sur un parcours périurbain (soit une autonomie réelle de 393 km dans ces conditions) ; une conso de 38,5 kWh/100 km sur autoroute à 120 km/h (301 km d’autonomie) ; un maxi autour de 45 kWh/100 km (250 km d’autonomie) et une moyenne générale de 37 kWh/100 km (313 km d’autonomie). Bref, une consommation énergétique très élevée en toutes circonstances. Mais aussi une autonomie correcte dans tous les cas grâce à l’énorme batterie... Le modèle propose plusieurs niveaux de régénération via des palettes au volant, mais pas de mode one-pedal. Côté recharge, c’est lent sur borne AC (max. 11 kW seulement) avec 12 heures pour un « plein » complet. Sur borne rapide DC (200 kW max.), la pile se recharge de 10 à 80% en 32 minutes.

Prix

Prix Mercedes G580 EQ

Comme on pouvait s’en douter, le tarif est princier : à partir de 148.467 € en version de base (déjà bien équipée, heureusement…) et environ 200.000 € avec un minimum de personnalisation. C’est vilain mais c’est à peu près le prix d’un G500 à essence, moins puissant (449 ch) et qui n’est désormais plus déductible pour les professionnels pour un achat en 2025, alors que le G électrique reste déductible à 100% de l’usage professionnel, carburant compris.

Verdict

Soyons clairs : le Classe G électrique n’a aucune fibre écologique ! Cet engin de 3 tonnes taillé comme un menhir, doté de quatre moteurs et d’une batterie démesurée, consomme énormément d’énergie, tant pour sa production qu’à l’usage. Mais le couple et le silence de l’électrique lui vont à ravir, et améliorent encore ses qualités en tout-terrain. Ce drôle d’engin est un jouet amusant et attachant pour grands enfants nantis. Et un outil de travail fiscalement intéressant pour les riches indépendants en quête de (gros) frais professionnels…

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