Bruno Wouters

17 NOV 2008

Sans complexe!

L'aigle de Mondello s'est fameusement remplumé, avec l'arrivée du groupe Piaggio. Les Guzzi ont toujours dégagé un parfum d'originalité qui n'appartient qu'à elles, tout en chassant délibérément sur le terrain de BMW. Rappelez vous la V7 face aux série 5 ou 6 de la marque teutonne. Des motos solides, sérieuses, confortables, touchant chacune leur cercle d'initiés, prêchant chacune pour leur chapelle, mais tellement proches pourtant. Puis Guzzi connaît une période des plus difficiles. Changeant de main régulièrement, la marque frise tout aussi régulièrement le dépôt de bilan, jusqu'au bénéfique rachat de la marque par le Groupe Piaggio, plus important groupe européen, propriétaire des marques Vespa, Gilera, Derbi, Aprilia, Laverda et bien entendu Moto Guzzi.

Et Piaggio se donne les moyens de ses ambitions, il n'est que de voir le dynamisme de ses marques: les Vespa se vendent comme jamais, Piaggio n'a aucun concurrent à son scooter à 3 roues, le MP3, Aprilia comble les lacunes de sa gamme avec des motos innovantes comme la Mana, Gilera propose le plus puissant scooter jamais mis sur le marché, et Guzzi, se frotte sans complexe aux flat twin BMW. La 1200 Sport vise la R1200R, la récente Stelvio ne craint pas d'affronter l'épouvantail que représente la 1200GS dans sa catégorie, et la Norge de notre essai se pose en principale concurrente du mètre-étalon de la catégorie GT, héritière d'une longue et glorieuse lignée, la R1200RT.

Séduction

Au premier regard déjà la Norge séduit. La BMW affiche un style très personnel, trop pour certains et la ligne de la Norge se veut plus consensuelle, tout en affichant un joli coup de crayon pour la catégorie. Les designers ont eu le bon goût et l'intelligence de laisser paraître l'architecture mythique du bloc issu des V7 de jadis, le bicylindre V face à la route, véritable marque de fabrique de Guzzi depuis plus de quarante ans. Montée d'une selle confortable et de hauteur raisonnable, la Norge se laisse facilement apprivoiser, du moins pour celui qui est habitué à ce genre de gabarit. Premier regard, premier constat: s'il ne semble pas manquer grand-chose (poignées chauffantes, bulle électrique, ordinateur de bord), force est de constater que tout n'est pas maîtrisé. La commande de la bulle surprend: un bouton à gauche, l'autre à droite, un pour la monter, l'autre pour la descendre. Pourquoi pas? Mais placés là où ils sont, impossible de les atteindre sans quitter les poignées. Le tableau de bord, complet et cossu (trop: ce chrome fait vraiment ce qu'il est: du plastique!), mais monté trop vertical, son habillage cache en partie le pavé digital. Même remarque pour le GPS TomTom prévu dans la dotation de série de la GTL. Posé à plat sur le té supérieur, il reflète principalement le ciel et ne se montre lisible que dans la pénombre, ou presque.

Twin

Le moteur aussi affiche ses spécificités. Des twins à air ne courent pas les rues, surtout dans cette catégorie, hormis une certaine… Béhème! Et ici aussi la Norge affiche sa différence. Le twin face à la route émet un bruit sympa, mais bien présent, vibre, vit dès le ralenti. L'embrayage à sec, particulièrement bruyant sur notre machine d'essai se manipule agréablement et n'appelle pas de remarque à l'usage. Excellente position de conduite, large guidon, gabarit raisonnable, le moteur vit, nous l'avons dit, accompagnant les accélérations de ronflements flatteurs, les décélérations de quelques "pétouilles" à l'ancienne. Le moteur suffit à lui seul à donner à la Norge un caractère qui commence à manquer à pas mal de motos de plus en plus aseptisées, même s'il n'est pas le plus puissant ou le plus efficace. Jamais pourtant au guidon de la Norge on ne se sent en manque de puissance ou d'agrément, preuve que les chevaux ne font pas tout. Le châssis nous a donné un peu plus mal, et nous a demandé un peu de temps pour le sentir. 

Châssis

Avec un peu d'habitude il se montre agile et aisé à mener, avouant toutefois ses limites. La garde au sol est perfectible, la tenue de cap ayant tendance à légèrement "godiller". Rien de rédhibitoire, et d'autres GT souffrent des mêmes maux. Notons toutefois que la Norge GTL se voit dotée en série d'un large top case, qui n'aide guère dans ce cas de figure. Les suspensions trop souples, agréables sur un rythme tranquille, n'aident guère non plus à obtenir tout la rigueur requise quand on pousse la Norge dans ses derniers retranchements. Le freinage s'acquitte honorablement de sa tâche, mais sans éclat particulier. Loin d'atteindre l'excellence de sa concurrente directe, la BMW 1200 RT, la Norge GTL offre actuellement pour 12.990€ (au lieu de14.990€!) une moto particulièrement bien équipée, très attachante à l'usage par la grâce d'un moteur attrayant et d'un style qui la démarque de ses concurrentes. 

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