Elle aurait aussi sa place dans une salle de concert. Quel bruit, quelle musique faudrait-il écrire ! Les quatre sorties d’échappement distillent un son à se damner ! Non contents de se présenter encore aujourd’hui encore comme les plus beaux pots du marché, ils émettent une véritable symphonie à la gloire du génie mécanique transalpin. Pistarde Mais en réalité, l’endroit le plus judicieux pour lui permettre d’exprimer ses qualités sera sans doute le circuit, parce que dans la circulation… Position radicale que celle offerte par la MV : selle haute et dure, jambes repliées à l’extrême, buste entièrement basculé sur les poignets, pouces écrasés sur le réservoir lors des manœuvres, nuque cassée pour apercevoir la route, on sent bien qu’on ne sera guère heureux en ville… et guère plus sur route ouverte ! La position de conduite radicale n’est supportable qu’à des vitesses qu’il vaut mieux ne pas ébruiter. En dessous de 160 – 180 km/h, vous déclarerez vite forfait. Au dessus par contre, tout change et la formidable efficacité de la MV Agusta prend tout son sens. La position de conduite vous soude à la moto avec laquelle vous ne faites plus qu’un. Votre concentration devient maximale, la route vous saute au visage, tous vos sens sont aux aguets. Quel moteur ! Génie transalpin Autant les critiques furent nombreuses à dénoncer le manque de couple et donc son manque d’agrément lors de la présentation de la 750, autant le passage du 4 cylindres à 1000cc lui donne un tempérament formidable. 166 ch sont obtenus au régime de 11750 trs/min, le couple de 109 Nm culminant à 10200 trs/min. La MV arrache dans les bas régimes et prend ses tours jusqu’au rupteur avec un plaisir (et un bruit !) extraordinaires. Accompagnée d’une boîte rapide et précise, l’ensemble propulseur frise le sans-faute. Puissance et tempérament sont au rendez-vous. La boîte six à cassette est secondée par un embrayage multi-disques à bain d’huile. Recette italienne Et quel châssis ! Repris de la 750, le cadre hyper rigide marié à des suspensions de grande qualité s’avère d’une rigueur exemplaire. Celle bécane est d’une stabilité et d’une précision parfaite, au détriment d’une certaine facilité. Plus raide à poser sur l’angle que ses concurrentes japonaises, elle s’avère après coup vissée à sa trajectoire. On regrettera toutefois quelques kilos en trop (192 kg à sec) par rapport aux supersport nippones, qui la rendent plus physique à emmener. Le châssis tubulaire de la F4 est formé par un treillis de tubes ronds en acier 25 CrMo4 soudés par TIG, reliés à des platines en alliage léger. Le monobras oscillant moulé est aussi un chef d’œuvre à lui tout seul, protégé d’ailleurs par un brevet tout comme le pot d’échappement. La fourche inversée Marzocchi avance un robuste 50mm de diamètre, gage d’une excellente rigidité, au diapason du châssis. Aux extrémités de la fourche, les freins ne sacrifient pas à la mode des étriers radiaux, mais les pinces à six pistons font du très bon travail : excellent mordant, mais toujours progressif, le freinage est facile à doser et très puissant. Certaines entrées de virage un peu trop enthousiastes furent admirablement maîtrisées par quelques freinages de trappeur ! C’est vrai qu’elle va vite, la F4 1000, et qu’on arrive parfois un peu trop rapidement sur l’obstacle ! En lires, ça fait combien ? Heureusement que la lire a disparu des tarifs transalpins, nous n’osons pas calculer combien il en fallait pour réunir les 21.299 € qu’il vous faudra débourser pour vous porter acquéreur de la belle en version biposto. Pour les plaisirs solitaires, 20.999 € suffiront. Les plaisirs plus exclusifs risquent de faire frémir votre banquier : 28.999 € pour la version Ago, et 42.499 € pour la « Tamburini ». Mais la version de base suffira déjà à votre bonheur, n’en doutez pas : la plus belle moto du monde, avec des performances à la mesure de la beauté de la bête. Un excellent placement, à ne jamais revendre… © Bruno Wouters