Yeelen Möller

31 JAN 2025

Essai : Nissan Ariya Nismo, plus qu’un simple pack sport ?

Le Nissan Ariya étant quelque peu tombé dans l’oubli, cette version sportive signée Nismo espère bien changer la donne ! Mais s’agit-il d’un simple exercice de style ou de quelque chose de plus profond ?

{"fr":"Nissan Ariya électrique roulant sur une route de montagne sinueuse, paysage pittoresque en arrière-plan.","nl":"Elektrische Nissan Ariya rijdt op kronkelige bergweg met schilderachtige achtergrond."}
{"fr":"Renault Mégane E-Tech rouler sur un pont pittoresque au-dessus d'un lac paisible.","nl":"Renault Mégane E-Tech rijdt over een schilderachtige brug boven een rustig meer."}

"La Nissan Ariya Nismo affiche un beau compromis entre confort et dynamisme, mais son prix pourrait en refroidir plus d’un."

Le SUV électrique Nissan Ariya n’est que le quatrième modèle européen à arborer le légendaire badge « Nismo » (Nissan Motorsports), après la 370Z, la GT-R et… le Juke. Cette version se présente comme le nouveau haut de gamme, remplaçant ainsi l’Ariya e-4orce Evolve+ qui affichait des performances similaires, sans le look sportif. Alors, doit-on parler d’un simple pack sport ou d’une véritable sportive ?

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Design

Côté look, le Nissan Ariya Nismo en impose. La silhouette lisse du SUV électrique gagne en muscle grâce à des boucliers, des spoilers et des jantes spécifiques. À l’avant, on remarque les prises d’air élargies et la lame sous le pare-chocs. Des éléments qui ne se contentent pas d’ajouter une note sportive, mais qui réduisent également la traînée aérodynamique. Côté chaussures, on retrouve des jantes Enkei de 20 pouces chaussées de pneus Michelin Pilot Sport EV, taillés pour offrir un maximum d’adhérence. À l’arrière, l’Ariya Nismo adopte un double spoiler inspiré, selon Nissan, des bolides courant en GT3, ainsi qu’un diffuseur plus marqué et un feu antibrouillard central rappelant la Formule E.

Ces appendices aérodynamiques devraient générer 40 % d’appui supplémentaire, mais Nissan ne fournit aucun chiffre concret. Or, 40 % de zéro, cela fait toujours… zéro ! Par ailleurs, avec ces nouveaux boucliers, l’Ariya Nismo s’allonge légèrement, atteignant 4.650 mm (+65 mm), pour une largeur de 1.850 mm, une hauteur de 1.650 mm et un empattement de 2.775 mm.

Des accents rouges omniprésents

En plus de son attirail sportif, le Nissan Ariya Nismo se distingue par ses teintes spécifiques. Quatre coloris sont proposés : deux nuances de gris (dont le Stealth Grey visible sur les photos), ainsi que le noir et le blanc. Toutes ces teintes sont soulignées par un liseré rouge courant sur toute la partie inférieure de la carrosserie… Sympa !

À l’intérieur, cette signature rouge est également omniprésente. On la retrouve sur le bouton de démarrage en aluminium anodisé, mais aussi sous la forme d’un fin bandeau traversant toute la largeur du tableau de bord. Les sièges sont identiques à ceux du Nissan Ariya « classique », mais la version Nismo habille les assises d’une microfibre spécifique pour améliorer le maintien en virage. Ce matériau habille également les panneaux de porte et le tableau de bord. Enfin, le volant se pare de surpiqûres rouges et d’un repère à 12 heures. Ainsi déguisé, le SUV distille une ambiance résolument sportive !

Expérience

Deux écrans, mais (toujours) pas sous Android

L’habitacle du Nissan Ariya Nismo reste pratiquement inchangé. L’instrumentation numérique de 12,3 pouces démarre avec une animation spécifique à Nismo et bénéficie de touches rouges, mais son fonctionnement reste identique. L’instrumentation est largement personnalisable et permet également de gérer les aides à la conduite. Ces dernières peuvent être configurées selon vos préférences, notamment si vous désirez les activer ou les désactiver d’un seul geste.

L’écran central mesure lui aussi 12,3 pouces, mais son interface commence à accuser le poids des années : il faut en effet se rappeler que si l’Ariya est commercialisé depuis 2022, il aurait dû sortir dès 2021 ! Depuis, aucune mise à jour majeure n’a été apportée : les graphismes manquent de finesse et Android Auto n’est toujours pas disponible sans fil (les utilisateurs Apple peuvent, eux, se connecter sans câble). Une occasion manquée pour Nissan ? Ce dernier aurait en effet pu intégrer son nouveau système NissanConnect basé sur Android ! Présent sur le Qashqai restylé, il utilise Google Maps pour la navigation et permet d’installer des applications tierces. En revanche, la recharge sans fil du smartphone est bien disponible, et l’habitacle compte quatre ports USB, dont deux au format USB-C.

Un intérieur spacieux, mais une position de conduite perfectible

L’espace à bord du Nissan Ariya Nismo reste inchangé : à l’avant comme à l’arrière, les passagers profitent d’une habitabilité généreuse, permettant même à des adultes de grande taille de voyager confortablement l’un derrière l’autre. Cependant, le plancher est relativement haut, obligeant les passagers avant à voyager avec les genoux légèrement relevés… Peu commode sur de longs trajets ! La garde au toit n’est pas immense, mais elle reste suffisante.

Côté coffre, le volume atteint 415 litres (contre 466 litres pour l’Ariya à roues avant motrices). On regrette un espace limité en hauteur, mais un double fond permet de ranger les câbles de recharge. En revanche, il n’y a pas de coffre avant (frunk) !

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Conduite

Deux moteurs et 435 ch

Sur le plan technique, la version Nismo du Nissan Ariya est moins impressionnante que prévu ! Elle prend en effet comme base l’Ariya e-4orce Evolve+ qui, avec ses 394 ch, n’était déjà pas un veau ! Cette version ayant disparu du catalogue, cette Nismo la remplace et se positionne désormais au sommet de la hiérarchie des Ariya. Le reste de la gamme se compose d’une version d’entrée de gamme avec une plus petite batterie (63 kWh) et une transmission aux roues avant, d’un modèle à traction avant doté de la plus grande batterie de 87 kWh offrant une autonomie maximale de 533 km, ainsi que de l’Ariya e-4orce développant 306 ch.

L’Ariya Nismo est équipée de deux moteurs électriques (un par essieu) développant chacun 160 kW (218 ch), soit une puissance totale de 320 kW (435 ch). De quoi atteindre les 100 km/h en 5 secondes, ainsi qu’une vitesse maximale de 200 km/h. En dépit d’une technologie similaire et d’une batterie identique à l’Ariya e-4orce classique, l’autonomie de l’Ariya Nismo est réduite d’environ 100 km : 417 km contre un peu plus de 500 km pour l’Ariya e-4orce.

Châssis spécifique et réglages exclusifs

Pourquoi une telle différence au niveau de l’autonomie ? L’appui aérodynamique y est certainement pour quelque-chose, mais les principaux fautifs, ce sont les… pneus ! Les Michelin Pilot Sport EV sont conçus pour offrir une adhérence optimale, ce qui génère donc davantage de résistance au roulement… Et donc une consommation plus élevée ! En outre, sachez que pour rendre le comportement de l’Ariya Nismo encore plus acéré, les ingénieurs japonais ont équipé le SUV électrique de ressorts, d’amortisseurs et de barres stabilisatrices spécifiques.

En outre, la pédale de frein, la direction, la réponse à l’accélérateur et même la répartition du couple entre les essieux profitent de réglages spécifiques. A ce dernier sujet, jusqu’à 60 % du couple peut être envoyé aux roues arrière afin d’améliorer le dynamisme sur routes sinueuses. Enfin, un mode de conduite « Nismo » garantit des réactions encore plus vives, tout en générant une « sonorité moteur » dans l’habitacle… Ce qui devient toutefois vite lassant !

GT, mais pas sportive

Ne vous méprenez pas : l’Ariya Nismo ne cherche pas à être une vraie sportive électrique comme la Hyundai Ioniq 5N, mais plutôt une GT. Nissan cite d’ailleurs des modèles comme les Volkswagen ID.4/ID.5 GTX et la Kia EV6 GT-Line (et non la très performante EV6 GT) comme références. L’accent reste donc mis sur le confort, avec la possibilité d’adopter un rythme plus soutenu lorsque l’envie se fait sentir, notamment sur routes sinueuses.

Et de fait : traitez-la comme une GT et le Nissan Ariya Nismo vous bluffera pas ses compétences ! A l’aise au ralenti dans les rues animées de Nice où nous avons pu tester le SUV japonais, elle révèle un vrai potentiel sur les routes de montagne des environs. Les pneus Michelin offrent une adhérence impressionnante, garantissant une motricité sans faille à la sortie de chaque virage. Notre principale critique concerne la direction, un peu trop légère à notre goût : elle aurait gagné à être plus directe et plus ferme lorsque le mode Nismo est activé. Mais pour un grand SUV familial de 2,2 tonnes, l’Ariya Nismo reste remarquablement stable, même lorsqu’on la pousse dans ses retranchements ! L’envers du décor, c’est que son comportement est très lissé et n’offre aucun piment…

Nissan Ariya Nismo : consommation, autonomie et recharge

Concernant la consommation et l’autonomie, et en dépit de valeurs WLTP assez éloignées, la différence entre l’Ariya standard et la version Nismo n’est pas si marquée en pratique ! À un rythme (très) soutenu dans les montagnes, par des températures fraîches (environ 10°C), avec quelques portions d’autoroute française à 130 km/h, notre moyenne oscillait entre 22 et 25 kWh/100 km. On peut donc raisonnablement tabler sur une autonomie réaliste de 350 à 400 km.

La recharge peut s’effectuer jusqu’à 130 kW sur une borne rapide en courant continu (ce qui permet de passer de 20 à 80 % en 30 minutes), avec une courbe de charge relativement stable. Sur une borne AC, l’Ariya frappe fort avec une recharge de série à 22 kW, alors que la plupart des concurrents se limitent souvent à 11 kW !

Prix

Combien coûte le Nissan Ariya Nismo en Belgique en 2025 ?

Cette polyvalence, le Nissan Ariya Nismo la fait payer cher. En Belgique, cette version est affichée à 65.900 euros. Un prix costaud ? Oui, mais à ce prix, tout est inclus de série ! Il n’y a aucune option payante : les clients n’ont qu’à choisir la couleur de leur véhicule. Cela rend la Nissan plus chère que la Volkswagen ID.4 GTX (à partir de 57.990 euros) et à peu près au même niveau que la Kia EV6 GT-Line (à partir de 66.390 euros). Cependant, l’Ariya Nismo offre bien plus de puissance et, contrairement à ses concurrentes, ne propose pas d’options payantes pouvant potentiellement faire grimper la facture.

Verdict

Si son nom laisse suggérer une sacrée dose de sport, le Nissan Ariya Nismo est plutôt à considérer comme une GT. Un SUV capable de cruiser confortablement sur l’autoroute ou en ville, d’offrir de jolies sensations sur une route sinueuse, sans pour autant effrayer son conducteur. Son design musclé est également une réussite ! Mais cela suffira-t-il à rendre l’Ariya plus attrayant ? Nous avouons avoir des doutes sur ce sujet… D’autant que cela fait fort cher pour une Nissan, diront sans doute certains clients, même si l’équipement affiche complet !

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