François Piette

8 JUL 2010

petit espiègle!

Mi-SUV, mi-« coupé » sportif, le Juke constitue un étonnant mélange des genres dans un gabarit compact mettant l’accent sur le style. Mais à force de vouloir tout faire en même temps, fait-on tout convenablement ?

Directement inspiré du concept Qazana dévoilé au salon de Genève en 2009, le Juke prend la place du petit frère du Qashqai (qui représente 50% des ventes de la marque !) dans la famille Nissan, tout en se dotant d’une personnalité nettement plus affirmée. Ce nouveau petit SUV est né à Londres, au Centre de Design de Nissan Europe, avant d’être peaufiné au Japon. Plutôt original, son style est dominé par des courbes complexes, voire torturées. Son profil de « coupé » est accentué par un vitrage latéral étroit et une ceinture de caisse haute, ce qui n’est généralement pas l’apanage des SUV.

Rampe lance-missiles

Les poignées des portes arrière sont dissimulées dans le montant, et les feux arrière en forme de boomerang rappellent une certaine 370 Z. En partie inférieure, par contre, le Juke est bien un SUV compact avec une garde au sol surélevée et de grandes roues chaussées de pneus larges. Les seuils et les élargisseurs d’aile noirs ainsi que les bas de caisse évoquent quant à eux des protections de soubassement. A l’avant, le (pseudo) protège-carter fait partie intégrante du bouclier et sert d’admission d’air. Mais au lieu de dessiner une calandre à mailles traditionnelles, les designers ont créé une pièce moulée parsemée d’ouvertures circulaires. A bien y regarder, on dirait presque une rampe lance-missiles digne d’un James Bond.

Rétro-rallye

Au-dessus de la ligne de caisse, c’est le style « sportif » qui reprend le dessus avec un pare-brise très incliné et une ligne de pavillon fuyante qui intègre un aileron aérodynamique. Le système d’éclairage est de la même veine avec des projecteurs divisés en deux éléments distincts. Le premier épouse la moitié supérieure du capot, alors que les feux de route et de croisement ont été montés plus bas, à hauteur de la calandre. Ces optiques circulaires ne sont d’ailleurs pas sans rappeler les voitures de rallye des années 60 et 70, toutes proportions gardées…

Inspiré de la moto

Original au dehors, le Juke l’est tout autant à l’intérieur, avec une console centrale revêtue d’une peinture brillante qui évoque le réservoir à carburant d’une moto. Les prolongements des accoudoirs des portes sont traités avec la même laque vernie. Comme sur la Renault Wind, les compteurs sont coiffés par une visière qui semble flotter au-dessus. Ici aussi, c’est l’univers le la moto qui sert d’inspiration. Inédit également : le nouveau module de commande baptisé NDCS (Nissan Dynamic Control System) disponible selon les versions. Ce NDCS est un système central grâce auquel le conducteur peut modifier les réglages dynamiques du véhicule (hors suspensions). Trois modes sont disponibles : Normal, Sport ou Eco. Chaque réglage modifie les paramétrages de la cartographie moteur, de la boîte CVT (sur le 1.6 Turbo), de la direction et même de la climatisation. En mode sport, par exemple, la cartographie est adaptée pour autoriser des montées en régime plus franches et la direction se fait plus ferme et plus réactive (elle est plus légère et plus linéaire en mode normal). Le mode Eco privilégie quant à lui une conduite coulée. Ce NDCS dispose également d’autres gadgets moins utile, comme un indicateur de force G (gravitationnelle).

Habitabilité limitée

Tout cela est bien beau, mais les fondamentaux sont-ils également présents ? Avec ses 4,13 m, le Juke est basé sur la plateforme B de l’Alliance Renault-Nissan (Note, Modus, etc.). La préférence accordée au style ne privilégie pas l’habitabilité. A l’arrière, c’est juste suffisant pour caser deux adultes, notamment en raison de la garde au toit limitée. A l’avant, le passager aux longues jambes aimerait aussi pouvoir reculer davantage son siège. Le conducteur, de son côté, ne dispose pas d’un volant réglable en profondeur. Et le coffre, direz-vous ? Sa capacité totale (espace sous le plancher compris) est de 251 litres, ce qui est tout juste suffisant. Heureusement, les sièges arrière se replient d’un geste et offrent une surface de chargement plane, le volume dans cette configuration atteignant 830 litres. Original, le couvre-bagages est solidaire du hayon (des pistons) et se soulève donc à son ouverture.

Agréable, mais pas sportif

Pour notre première prise en main, nous avions le choix entre une version 1.6 Turbo de 190 chevaux, transmission CVT (à variation continue) et transmission intégrale, et une version 1.5 dCi 110 chevaux. La première ne risquant pas de beaucoup se vendre chez nous, nous avons opté pour la seconde. Avec ce moteur, le Juke n’est pas à la traîne puisqu’il pointe à 175 km/h (nous avons atteint 190 km/h compteur sur les autoroutes allemandes non limitées) et passe de 0 à 100 km/h en 11,2 secondes. Cerise sur le gâteau, malgré son architecture haute, il se contente d’une consommation moyenne de 5,1 l/100 km (134 g de CO2). Bien insonorisé et convenablement amorti, le Juke n’en est pas pour autant sportif dans son comportement routier. Autre petit désagrément, commun à tous les moteurs 1.5 dCi (Renault ou Nissan et quel que soit le niveau de puissance) : les microcoupures d’injection à bas régimes, et surtout sur le 4e rapport de la boîte (qui en compte six). La version diesel commence à 18.150 euros.
 

PUBLICITÉ
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ