Nouvelle, vraiment ?
Vu de loin, à considérer les proportions, on se dit qu’il n’y a pas grand-chose de changé. Vu de près, en examinant les détails, on constate que tout est différent ! Le Cayman entend quitter sa stature de gentil coupé chic pour clamer sa philosophie éminemment sportive. Empattement allongé, porte-à-faux raccourcis, il se veut plus sportif, plus aiguisé que jamais. La lente et musculeuse ondulation qui court des phares jusqu’aux feux est toujours aussi suggestive !
Moins de kilos, plus de chevaux
Sur la balance, il voit sa masse dégringoler de trente kilos. C’est toujours ça de pris, d’autant que les puissances sont en hausse : le moteur de la version de base affiche 275 chevaux et le haut de gamme « S » extirpe, quant à lui, 325 chevaux de son flat-six de 3,4 litres. Face aux Boxster et Boxster S, c’est dix canassons de gagnés ! Le Cayman largue donc l’incontournable Boxster et… se rapproche de la 911, dont les puissances démarrent à 350 chevaux !
Un moteur à l’ancienne
Alors que la concurrence rajoute des turbos à tout-va et diminue cylindrée et nombre de cylindres, Porsche s’en remet à son incontournable six cylindres à plat. Dans cette version de base, il cube 2,7 litres et délivre 275 chevaux. Et à examiner la courbe de couple, on a l’impression de faire un gros bond dans le passé : plutôt gentille sous les 4.000 tr/min, explosive au-dessus ! Paraît que c’est voulu, pour « conserver le tempérament du moteur »…
Profitons-en car un tout nouveau quatre cylindres à plat turbo devrait débarquer dans les trois années à venir ! Côté transmission, boîte manuelle 6 ou PDK 7, c’est vous qui voyez, même si l’unité automatique semble récolter l’immense majorité des voix ! La version avec trois pédales n’est pas à délaisser pour autant, comme nous le verrons plus tard…
Bienvenue à bord
On ne s’installe pas dans un coupé taillé pour donner du plaisir, comme dans un monospace mazouté ! D’abord, il s’agit de se laisser glisser dans l’habitacle. Immédiatement, l’environnement impressionne : le gros compte-tours pile dans l’axe et gradué jusqu’à 9.000 tr/min (avec zone rouge à 7.500), le petit levier de vitesse, l’ambiance cockpit d’avion avec toutes les commandes à portée de main… Qualité de finition, soucis du détail, nous sommes dans une Porsche ! Ah oui, et la clé de contact est à gauche, comme d’habitude…
Hâte de tourner la clé !
Impossible de résister, l’appel de la route est trop fort ! Un petit quart de tour sur la clé et immédiatement le six cylindres à plat gronde, de sa voix métallique reconnaissable entre toutes ! Premier sujet d’étonnement : la progressivité et la souplesse des commandes ! Boîte, embrayage, direction, tout est facile ! On se surprend même à flirter avec la pédale des gaz, à enchaîner rapidement les rapports et à se réjouir des 425 litres de volume qu’offrent les deux coffres. Indubitablement, le Cayman est taillé pour un usage quotidien.
Mieux qu’une 911 ?
Avec ses masses mieux réparties qu’une 911 (46% sur le train avant), le Cayman affiche un équilibre de Sport-proto ! De quoi le rendre irrésistible dès que la route tourne : le comportement affiche alors un répondant et une exactitude époustouflants ! La direction répercute toutes les informations utiles tout en affichant une précision de montre suisse. Equipée de la suspension adaptative PASM, le Cayman survole la route, efface les bosses qu’il traite une par une, comme des dossiers séparés. S’il y a bien une option à retenir, c’est celle-là !
Face au Boxster S essayé il y a une dizaine de mois, on décèle toutefois un comportement un brin moins tranchant. La faute aux pneumatiques sans doute, notre Cayman étant équipé des jantes de série alors que le Boxster profitait d’une monte plus évoluée. Et l’état de nos pneus n’a sans doute pas aidé ! Ne mégotez pas et tant pis pour le portefeuille, mais osez les jantes de 19 pouces ! Aller plus haut risque en revanche, de compromettre le confort… Si notre exemplaire en était dénué, l’autobloquant optionnel ne devrait vraiment révéler son utilité que sur sol gras et/ou en conduite très, très sportive, faible couple et excellente motricité obligent.
Un moteur qui hurle et une boîte qui claque !
Pendant ce temps-là, la magie du flat-six opère… Souple, grave et sage sous 4.000 tr/min, le moteur se déchaîne au-dessus dans une clameur aiguë, vocifère sa rage et rapproche la ligne d’horizon ! La boîte, elle, est une petite merveille de synchronisation, avec des rapports idéalement étagés et une commande fabuleuse : rapide et ferme, juste ce qu’il faut ! Et optez pour le mode « Sport Plus » et elle en profitera pour gratifier les rétrogradages d’un sympathique coup de gaz. Vraiment pas de quoi regretter la, pourtant excellente, boîte PDK !
Reposante ?
Revenons à un rythme plus sage… Le silence s’impose alors à bord, avec juste en léger fond sonore, le frémissement métallique d’une mécanique d’orfèvre… Le système multimédia vous berce grâce à l’excellente stéréo (optionnelle), alors que le GPS inclut un petit rappel dans l’instrumentation, juste sous vos yeux et à côté du compte-tours. Un petit regard dans les rétroviseurs et c’est un délicieux mélange de courbes soignées qui s’étale sous vos yeux… La vie est décidemment belle en Cayman…
Le sujet qui fâche
Puis, on regarde le prix : 53.482 €, soit 13.000 € de moins que la version « S » et surtout… près de 40.000 € de moins que la première 911 ! On se met dès lors à rêver, mais l’indigence de l’équipement de série et le prix des options nous remet les pieds sur terre : comptez plus de 3.000 € pour la boîte PDK, 436 € pour le régulateur de vitesse, 375 € l’essuie-glace arrière (sic !), 1.573 € pour le PASM, 678 € pour le système de contrôle de pression des pneus, 968 € pour le Park Assist, 847 € pour la climatisation bizone et 3.509 € pour le PCM, le module multimédia (avec navigation). Comptez près de 20.000 € d’options pour un Cayman digne de ce nom.
Heureusement, la consommation reste étonnement mesurée : il semble raisonnable de tabler sur une moyenne de 10 l/100 km, un peu plus si vous circulez en ville et beaucoup plus si vous chatouillez constamment la pédale de droite. Pour ma part, ayant effectué une grande partie des trajets sur autoroutes et nationales, je suis parvenu à descendre à 9 l/100 km, sans chercher l’éco conduite.
Côté nouveautés…
Le Cayman s’embourgeoise, avec un régulateur de vitesse actif en option, qui calque la vitesse de la voiture sur celle du véhicule précédant. Autre nouveauté, le système de (dé)verrouillage et de démarrage sans clé « Entry & Drive » ainsi que la sono Burmester spécialement conçue pour lui, pour qui ne saurait se satisfaire du chant métallique des six cylindres.
Conclusion
Inutile de tourner autour du pot. Dans la gamme Porsche, le Cayman est notre petit préféré : plus acéré et plus élégant qu’un Boxster, mais aussi et surtout, plus abordable, tant financièrement qu’à la conduite, qu’une 911. Une véritable machine à donner du plaisir, qui se conjugue parfaitement au quotidien qui plus est. Et le réveil du flat-six au petit matin fait partie des plaisirs à connaître une fois dans sa vie… Tout n’est pas perdu : tant que des voitures telles que celle-ci sortiront des usines, il y aura toujours de la place pour de l’émotion automobile. Merci Porsche !