Pour la petite histoire De petits constructeurs européens se sont engouffrés dans ce créneau depuis de nombreuses années, comme Husqvarna ou KTM. KTM fut d'ailleurs un des premiers constructeurs à sortir de la pure moto TT modifiée en présentant la Duke qui affiche une identité propre. Yamaha, jamais en manque d'originalité (rappelez vous la XT500 ou la V-Max, pour ne citer qu 'elles !) nous avait pourtant concocté dès fin 1987 une étonnante 250TDR, sans doute un peu trop en avance sur son temps. Equipée d'un bicylindres 2T, elle ne survivra pas au déclin du 2 temps dans les années qui suivirent. Il faudra attendre ces derniers mois pour voir les Japonais investir ce marché de niche : Yamaha revient avec sa XT660X, Honda apparaît avec sa FMX650 et Suzuki avec sa DR-Z400SM L'essence Contrairement aux autres japonais, Suzuki reste le plus proche de l'essence même du Supermotard avec une moto directement dérivée d'un modèle TT. Cette démarche « orthodoxe » n'ests sans doute pas la plus mauvaise. Nous obtenons au final une moto assez basique dans le bon sens du terme, légère, facilement personnalisable (avouez que vous adorez ça !) et améliorable ; On en viendrait presque à regretter qu'elle ne soit pas fournie avec deux jeux de roues pour conjuguer les plaisirs de la glisse, tant sur terre que sur piste ! Les amateurs de TT ne seront pas dépaysés en prenant possession de la DR-Z. Position de conduite caractéristique d'une moto de tout-terrain, large guidon, selle étroite et haut perchée (trop haut perchée !) A l'examen toutefois, elle ne peut cacher sa mutation qui lui fait afficher ostensiblement une magnifique paire de jantes 17 pouces laquées noires, une robuste fourche inversée et un énorme disque de 310mm. Pour le reste on retrouve l'équipement typique d'un trail avec un tableau de bord digital assez complet, comprenant entre autres deux trips, une horloge et un chrono, une housse en bout de selle abritant une belle trousse à outils et même des repose-pieds passager (le pauvre…) ! Un peu de technique Avec un poids de 134 kg et une géométrie TT, la DR-Z met à l'aise tout de suite, malgré une hauteur de selle handicapante. Le moteur 400 cc bénéficie d'une technologie très actuelle : double arbre à cames en tête, 4 soupapes, refroidissement par eau, lubrification par carter sec, démarreur électrique. Dommage que Suzuki n'ait pas jugé utile de privilégier la version enduro de ce moteur pur sa version SM : avec 48 ch, il aurait développé 8 ch de plus que le moteur issu de la version trail qui a été retenu en finale. Le châssis très sain de la DR aurait facilement accepté ce surcroît de puissance, en rendant la moto encore plus « fun » à mener. Faute de mieux, contentons nous de la version sage qui rend la DR accessible à tous, y compris aux débutants. Le berlingot monte joyeusement en régime et se révèle finalement assez vigoureux. Les amateurs éclairés regretteront sans doute la « patate » d'un 600 ou d'un 650 mais les autres apprécieront de rester maîtres de la situation au guidon d'une moto légère et facile à appréhender. Taille de guêpe Les généreux pneus de route et les suspensions aux nombreux réglages font merveille sur les petites routes virevoltantes, quel que soit l'état du revêtement. Total plaisir aussi en ville où sa taille de guêpe et sa maniabilité font merveille. Vous aurez compris que l'autoroute n'est par contre pas sa tasse de thé ! Le freinage est au top, puissant et facile à doser. Lors des freinages appuyés, attention toutefois au transfert des masses amplifié par la souplesse et le grand débattement de la fourche. Pour toi, mon fils Suzuki vise en priorité avec cette moto une clientèle jeune, pour laquelle elle sera souvent une première expérience après deux ans de cyclomoteur. On pourrait faire plus mauvais choix. La DR est éminemment sympathique, facile et amusante à emmener. Elle sera une compagne de tous les jours très acceptable, malgré son peu de goût pour le duo et quelques détails pratiques agaçants. Citons le blocage de direction séparé de la clé de contact ; les « vieux » se rappelleront leur jeunesse en actionnant une seconde clé pour verrouiller le guidon. Et ceux qui se déplacent beaucoup pesteront de ne pouvoir mettre que 10 litres dans le réservoir : nous sommes tombés sur la réserve après 125 km ! Suzuki affiche la DR-Z 400 SM au prix de 6799 €. Un peu cher pour la jeunesse ! Pour rappel, une Honda FMX est à 5990 €. Suzuki nous avait pourtant habitué à une politique de prix plus agressive ! © Bruno Wouters