Si la SV650 connût un succès mérité, il n'en fut pas de même avec la mal aimée Gladius, dont le design, jugé peu viril, ne convainquit pas grand monde. Suzuki s'incline enfin et remplace la Gladius par la SV650, histoire de capitaliser sur un patronyme porteur et apprécié.
La SV650 nous revient donc, fraichement estampillée Euro4, et ne renie rien de son passé, avec une silhouette qu'il nous semble avoir toujours connue. Et c'est peut-être là le problème! Comparée à ses concurrentes directes, comme par exemple la Yamaha MT-07, la SV650 peine à convaincre que la nouveauté, c'est elle!
Un air de déjà vu
Avec son gros phare rond, son énorme échappement latéral et sa silhouette qui ne surprendra personne, difficile de croire qu'elle vient d'apparaître dans le catalogue… Un examen détaillé n'infirmera pas cette impression de déjà vu. Si le cadre est repris de la Gladius, le bras oscillant en tubes d'acier fait pâle figure, et l'intégration des câblages ou des durites semble d'un autre âge. De nombreux caches en plastique déforcent encore le tableau et ne semblent, c'est un comble, rien cacher! Le radiateur semble avoir été rajouté par un gars qui est passé dans l'atelier en disant "hé, les mecs, vous avez oublié un truc!", tant on ne voit que lui, ses durites, son ventilateur et son bouchon!
Allez, voyons le bon côté des choses: Suzuki a jeté à la benne ces horribles platines de repose-pieds monobloc qui couraient sur la Gladius des repose-pieds pilote à ceux du passager . Ils les ont sans doute vendus à Ducati… On a maintenant droit à des supports boulonnés à la boucle arrière, ça a tout de suite une autre allure! Terminons notre tour d'horizon par le tableau de bord, un combiné d'instruments full digital, mais heureusement plus lisible que certains déjà vus ailleurs.
On y relève compteur, compte tours, température moteur, jauge, horloge, rapport engagé, odomètre, deux trips et leurs consos moyennes respectives, et l'autonomie restante. Les infos ne défilent hélas que via ces foutus boutons mal fichus sur le combiné. Une aberration: à quoi servent toutes ces infos si elles ne sont que difficilement (et dangereusement!) accessibles en lâchant le guidon d'une main?
V twin
Suzuki est resté fidèle au V-twin, qui développe maintenant un respectable 75 ch et 68 Nm de couple: le passage aux normes Euro4 ne semble pas trop castrateur! La SV reprend dans les grandes lignes le cadre de la Gladius et aussi son empattement, fixé à 1.445 mm. La bonne nouvelle, c'est que le poids en ordre de marche dégringole à 197 kg, avec l'ABS.
La hauteur de selle de la Suzuki la met à portée de toutes les jambes avec 785 mm. De quoi mettre tout le monde à l'aise, et ça semble apparaître comme une priorité, puisque la SV650 est aussi équipée d'un Low RPM Assist et d'un Suzuki Easy Start, de quoi donner confiance aux débutants en leur évitant de caler au démarrage et faciliter la progression à vitesse réduite. Bien vu!
Dans les embarras de la circulation, la Suzuki se révèle immédiatement: équilibrée, agile, conciliante avec ses aides au démarrage citées plus haut, la Suz' met tout le monde en confiance, son poids réduit et sa sveltesse participant à ce ressenti rassurant. On en vient vite à regretter son rayon de braquage un poil trop grand pour obtenir la grande distinction.
Le twin, sans en avoir l'air, figure parmi les atouts de cette machine. Généreux, il accepte de reprendre dès 2.000 trs/min sur le dernier rapport, et ne s'essouffle guère en montant dans les tours. Les vibrations restent modérées et le gros pot "old fashion" sonne joliment, pas assez toutefois pour couvrir les résonnances mécaniques s'échappant du bloc.
Attachante
Sur grand route, la position "dans" la machine et l'agencement du tableau de bord soulagent un brin de la pression du vent. Sur une "naked", c'est toujours ça de pris! Et pas de problème, la Suz' file sans se désunir, avec une stabilité jamais prise en défaut, même à fond les ballons sur l'autobahn…
Sur les petites routes qui le font bien, d'autres se montreront sans doute un peu plus joueuses, nous pensons à la MT-07 par exemple, mais la Suzuki garde pour elle un comportement rigoureux et irréprochable en toutes circonstances, se montrant par la même très agréable au quotidien, hormis pour le duo, par faute de l'absence de poignées de maintien. Le freinage n'appelle pas de critique particulière, même si personnellement nous préférons un mordant plus franc à l'attaque du levier. La consommation lors de notre essai s'est arrêtée à un bon 4,7 L/100km, correct vu le rythme imprimé.
Comme souvent avec Suzuki, c'est à l'usage que la machine se révèle. Pas la plus sexy au premier regard, on dirait presque une "youngtimer", mais une somme de qualités qui se font jour au fil des kilomètres, tant au niveau du châssis, jamais pris en défaut, que du moteur, aussi conciliant que bien rempli. Ce serait donc vrai que c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures confitures?