Au lendemain de la guerre, les grandes marques françaises tentent péniblement de survivre. Le gouvernement aux relents communistes accorde des subsides à qui décide de produire des automobiles populaires. Mais pour les marques prestigieuses, très populaires avant-guerre, rien n’est prévu et elles sont donc livrées à elles-mêmes. Talbot-Lago, comme nombre de ses concurrents, décide de sauver les meubles et de faire du neuf avec du vieux.

Splendeur !

Dessinée avec maestria par Carlo Delaisse, cette Talbot-Lago revêt une robe absolument irrésistible. Admirable effort, mais qui hélas, dissimule des dessous directement dérivés des voitures de Grand-Prix d’avant-guerre… Sous le capot, nous retrouvons un moteur qui a fait la gloire de la firme dans les années 30 : un 6 cylindres en ligne à double arbre à cames dans le carter (sic), d’une cylindrée de 4,5 litres. Les ingénieurs français ont tenté d’en exploiter le dernier carat en l’alimentant par une rampe de trois carburateurs Solex. Il délivre donc une puissance respectable de 210 chevaux ! Il est accouplé à une boîte pré-sélective « Wilson ». Encore un héritage des années 30, qui permet de présélectionner un rapport au volant, puis, via une très vigoureuse pression sur la pédale d’embrayage, de l’enclencher.

Hélas…

Face à une concurrence italienne et surtout, britannique, Jaguar XK120 en tête, la Talbot-Lago paraît bien désuète. Excessivement chère et démodée sur le plan technique, elle ne finit par convaincre qu’une poignée d’irréductibles amateurs fortunés. Une vingtaine d’exemplaires environ seront assemblés. Sous cette même robe, d’autres motorisations seront apparues : un 4 cylindres (lui aussi dérivé d’un moteur d’avant-guerre) et un V8 d’origine BMW. Hélas, ces efforts resteront vains car cette Talbot-Lago représente le chant du cygne de la marque.

111006

Sorti d’usine en 1954, ce châssis « 111006 » a profité d’une restauration exemplaire il y a 25 ans de cela et depuis, s’est vue parfaitement entretenue. Son dernier propriétaire l’a d’ailleurs rafraîchie avant de la proposer aux enchères par RM Sotheby’s à Monterey, en Californie. L’estimation ? Largement plus de 300.000 €.