Avec son livre « Unsafe at any speed », soit « dangereuse à toutes les vitesses », le jeune avocat Ralph Nader dénonce dans les années 60 l’insouciance totale des constructeurs américains envers la sécurité de leurs véhicules. Un livre qui a fait beaucoup parler de lui et qui a causé beaucoup de tort à cette pauvre Chevrolet. Était-elle si dangereuse que cela ? Faisons le point avec vous.

Tout d’abord, et histoire de vous mettre au parfum, sachez que l’immense majorité des voitures américaines des années 60 affichait un comportement routier digne d’une chaloupe dérivant par mer agitée. Que les premières Corvair présentaient un comportement très survireur à haute vitesse, cela n’avait donc rien d’étonnant vu l’architecture à moteur arrière et… l’époque. Enfin, il est bon d’évoquer l’auteur, prêt à faire le « buzz », alors qu’il ne… possédait même pas le permis de conduire !

Corvair, un destin injuste

Revenons à notre Corvair. A la fin des années 50, Chevrolet lance l’étude d’une berline d’accès… Un modèle d’entrée de gamme pour les Etats-Unis équivalait cependant à un haut de gamme pour l’Europe puisque le moteur comptait un minimum de 6 cylindres et que la carrosserie s’étalait, dans ce cas-ci, sur 4,37 mètres… La Corvair n’avait donc rien d’une Citroën 2CV, notre modèle de base à nous !

Mais surtout, ce qui surprend, c’est l’audace de la conception : alors que ses concurrentes se contentent d’une architecture très basique, la Corvair prend tout le monde à contre-pied avec une ligne tendue et très avant-gardiste, un moteur à plat refroidi par air en position arrière et une suspension arrière indépendante.

Des débuts laborieux…

La commercialisation ne se fait pas sans heurt, la voiture étant confrontée à une concurrence plus rassurante et plus fiable. Le livre de Nader fait beaucoup de mal à la voiture, Chevrolet en parle beaucoup trop et le résultat, ce sont des ventes qui ne décollent pas. Pourtant, la marque y croit, décline la Corvair en de multiples variantes (coupé, cabriolet, fourgon, berline, break…) et va même jusqu’à proposer une version Monza au moteur poussé de 80 à 95 chevaux, puis à 150 chevaux grâce à l’adjonction d’un turbo. Cette version sera même poussée à 180 chevaux en 1965 ! Dans le même temps, la cylindrée du moteur grimpera de 2,3 à 2,7 litres.

…Et une fin tout autant

Mais à partir de 1967, devant les chiffres de production décevants, Chevrolet décide de réduire la gamme. En 1969, c’en est fini, le modèle est retiré du catalogue. Selon bon nombre d’observateurs, la marque n’en a pas fait assez à son sujet : nous sommes dans les années 60 et le V8 est la règle d’or pour réussir aux Etats-Unis. Mais la Corvair n’y a jamais eu droit, son architecture l’empêchant tout excès de fantaisie…

Aujourd’hui

Une production de près de 1,3 millions d’exemplaires en 9 ans peut paraître énorme, mais pour les standards américains de l’époque, le résultat est plutôt médiocre ! Trouver une Corvair en Europe n’est pas impossible, le marché belge de l’époque étant friand de voitures américaines. De plus, quelques particuliers fanatiques ont importé quelques exemplaires d’outre-Atlantique. Comptez entre 15.000 et 20.000 € un bel exemplaire, ce qui n’a rien d’excessif !