Deuxième gamelle Nous sortons enfin de cet enfer de boue pour retrouver une piste mi-caillasse mi-sable. Très fiers de ne pas nous être vautrés une seule fois dans la gadoue, nous plantons une heure plus tard la roue avant dans le sable, lors d’un virage en épingle. Et, comme hier, nous nous ramassons, du côté droit cette fois. Manque de pot, notre pantalon Fieldsheer fond sur le coude du pot d’échappement. Par contre les protections du pantalon et de la veste sont efficaces : pas de bobos, pas de bleus et pas de déchirures, malgré les cailloux qui garnissent le sable. La piste est vraiment dure aujourd’hui, très technique, et à deux ce n’est vraiment pas l’idéal. En deux mots : on galère ! Rio Grande Mais pas de galère sans récompense ! Ici ce sera le paysage grandiose du Rio Grande qui se déploie sous nos yeux. Dommage, ce temps si triste. Nous continuons à galérer plus ou moins dans les épingles sablonneuses, mais nous nous délectons de la vue qui s’offre à nous, avec comme point d’orgue le pont en béton Santa Rosa qui enjambe le Rio Grande le long d’un canyon. Petite pause à côté du Land qui nous attendait depuis quelques heures… 17h déjà. Nous reprenons la piste vers Valle Grande, qui est trop éloigné. Pas grave, on peut bifurquer un peu plus loin pour se diriger vers la Higuera. La piste remonte du Rio jusqu’au sommet de la montagne, puis suit les crêtes. Nous roulons au milieu des nuages et c’est sans doute tant mieux car les précipices de part et d’autre de la piste semblent vertigineux. Arrêt de bus Nous croisons de nouveaux quelques piétons venus de nulle part et… un bus. On se la jouait surhommes affrontant aux guidons de nos motos les pistes les plus rudes et « tuut-tuut » laissez passer le bus Vallegrande-Serrano, à 17h30, avec la nuit qui tombe dans une demi-heure max ! Nous en avons le souffle coupé. Il faudrait nous payer une fortune avant même que nous ne pensions imaginer monter dans ce bus ! Nous atteignons enfin la bifurcation vers la Higuera. Encore une demi-heure de piste en zigzag coupant une végétation qui commence à être luxuriante, pour arriver enfin à destination, dans le village historique où fut abattu Che Guevara le 7 octobre 1967. Nous posons nos affaires dans une posada, appartenant à des français. El Che Alberto, un de nos deux guides boliviens, est scandalisé que le village, lieu historique s’il en est, soit privé d’électricité. En effet, à la posada, nous disposons pour tout éclairage de simples bougies. Nous décidons, vu qu’il est à peine 18h30, de visiter un peu le village. Nous découvrons la statue du Che, puis le bistro-magasin où nous décidons de boire une bière à la lueur d’une lampe à gaz. Maurice, avise un téléphone, demande à l’utiliser. Il faut acheter une carte. Il en achète une, la gratte pour obtenir le code, s’empare du téléphone et … pas de ligne. Il s’en inquiète auprès de la tenancière, qui lui répond que c’est normal : la ligne est coupée à 19h ! Nous regardons notre montre : il est 19h05 !!! « Asi es la vida… ! » Nous reviendrons demain matin et nous en profiterons pour visiter le musée qu’est devenue l’ancienne école du village où le Che, prisonnier, fut abattu. Nous ressentons, en prenant notre repas à la bougie, que cette étape sera la « séquence émotion » de notre voyage. 182 miles, dont 40 de Sucre à Tarabuco. Le reste ? de la piste jusqu’à la Higuera (142 miles). © Bruno Wouters

Source : Moto-Andina