… et brun Nous ne sommes pas les seuls à en baver. Un petit camion-citerne s’est mis en travers de la piste, bloquant un bus venant en sens inverse. Nous arrivons à passer à côté avec nos motos, mais sommes inquiets pour le Land qui suit, derrière nous… En fin de journée, nous avons le soleil couchant dans l’axe de la piste, ce qui ne nous aide guère et nous vaut encore quelques chutes. Partis vers midi de Trinidad, nous mettons plus de 8h pour parcourir les 222 km qui nous séparent de San Borja, que nous atteignons deux heures après le coucher du soleil. Les bourbiers parcourus dans la nuit nous valent nos dernières chutes. Nous sommes éreintés, les motos pèsent un âne mort avec toute cette boue, elles collent littéralement au sol quand nous devons les ramasser. Les derniers kilomètres sont un supplice, la lassitude se fait sentir, la crainte de se retrouver encore au tapis avec la moto à relever nous fait baisser le rythme. Ouf ! Enfin nous arrivons au péage où nous forçons l’admiration des préposés qui tournent autour de nos deux tas de boue, au sens littéral du terme. C’est avec une joie sans mélange que nous les disposons dans le jardin de l’hôtel et que nous nous précipitons sous la douche. Un repas réparateur et nous partons en clopinant vers le centre ville, la place. San Borja est plus petit que Trinidad mais tout aussi rempli de « motobylettes ». Toute la jeunesse se montre et se regarde en tournant sans discontinuer autour de la place. Assis à une terrasse, sur un coin de la place, nous observons leur manège jusqu’à la fermeture de notre officine. 23h30, nous allons nous coucher, en nous demandant à quelle heure arrivera le Land… Trois heures du matin. Branle-bas de combat dans l’hôtel, le Land arrive ! En fait, il est arrivé dans le village depuis deux heures. Nous avions laissé des messages sur leurs portables. Cerveza Manque de pot, ils n’ont pas de réseau. Donc pas d’info sur la localisation de l’hôtel. Ils nous ont attendu un bon moment sur la place principale, pillant le stock de bière du seul commerce encore ouvert pour se remettre de leurs émotions. Vous vous souvenez du petit camion-citerne en travers de la piste, et qui bloquait un bus ? Eh bien, le Land a réussi à remettre le camion-citerne dans l’axe de la piste. À peine celui-ci sur le côté, le bus s’est précipité…et s’est mis aussitôt de travers, bloquant toute la piste pendant plus d’une heure et demi. Il a fini par se remettre droit à grand renfort de coups de pelle et avec l’aide de tous les passagers qui poussaient. Ceux-ci étaient partis de leur village plus de cinq jours auparavant, et avaient quitté San Borja trois jours plus tôt... l’aventure est au coin de la rue ! Résultat pratique, quand le Land a pu repartir, la nuit tombait et ils ont fait tout le trajet dans la nuit, en 4x4 permanent, blocage de différentiel enclenché, en petite première ou petite deuxième. Les amateurs de 4x4 apprécieront ! Nous ne nous plaignons pas, vers quatre heures du matin, il a commencé à pleuvoir, une pluie tropicale dense. Nous n’osons imaginer l’état de la piste. Aujourd’hui nous marquons une pause, tout le monde est fatigué.