La piste
A Huari nous quittons le macadam, sans trop de regrets. Certes le paysage de l’Altiplano est impressionnant, mais un peu monotone. Et la route, très rectiligne, encore plus. Nos DR marchent bien, mais nous n’atteindrons pas 90 miles/h. Il faut dire qu’à plus de 4000 mètres, l’air est rare et la chute de puissance conséquente. C’est donc avec plaisir que nous abordons la piste après Huari. Le début est roulant, très poussiéreux, mais surtout très cassant. Nous roulons sur de la tôle ondulée et, au bout de quelques kilomètres, les fixations du petit réservoir complémentaire Acerbis rendent l’âme. Nous nous arrêtons en pleine pampa pour le démonter et modifier les raccords d’essence, au grand plaisir d’un troupeau de lamas qui nous regardent attentivement avant de traverser tranquillement la piste. Nous repartons et arrivons à rouler entre 60 et 80 miles/h. Parfois la piste est coupée de saignées transversales créées par des rios, le plus souvent secs. Mais hors de question de les passer à cette vitesse. Comme on ne les voit qu’au dernier moment, nous nous offrons quelques freinages catastrophe, roue arrière bloquée dans la caillasse, mais ça passe ! Nous sommes à deux sur la moto. Le passager, stoïque, déguste un max (ça tombe bien, c’est son nom !). Le pilote encaisse pas mal, lui aussi, parce qu’il ne peut pas tout avaler debout sur les repose-pieds, et le cou en prend un… coup !
Le plein
Nous traversons de minuscules villages aux maisons en adobe, certaines abandonnées, d’autres non. Lors de la traversée de l’un de ceux-ci, nous repérons sur une façade un panonceau peint annonçant la vente de « gasolina ». La prévoyance étant une vertu cardinale du motard-routard, nous nous arrêtons, et, après avoir fait le tour du village, nous trouvons la « pompiste » et lui exposons nos besoins. Celle-ci disparaît un bon moment puis nous ramène un bidon de dix litres du précieux liquide ainsi qu’un entonnoir fait d’une bouteille de plastique tronquée. Nous effectuons rapidement le plein des deux motos et payons soixante bolivianos le bidon, soit près du double du prix payé dans une station en ville. Mais où nous sommes, loin de tout, l’essence n’a pas de prix ! La piste devient de plus en plus amusante, serpentant dans des paysages absolument grandioses. Amis enduristes, économisez et venez vous éclater en Bolivie !
La plage
Nous arrivons après un dernier virage sur une étendue plane, lisse comme une plage, entourée de petites montagnes. Le sol est uni, brun, parfois saupoudré de blanc. Nous avons atteint un des bras du salar. Nous y parcourons quelques kilomètres avant de repartir une dernière fois dans la montagne et d’arriver un peu avant dix-huit heures à Jiriri, au pied du volcan Tunupa, sur les rives du salar d’Uyuni qui est ici d’un blanc éclatant. Nous posons nos affaires (c’est-à-dire nos casques, puisque tout le reste est dans le Land-Rover) et nous ne résistons pas au plaisir de poser nos pneus sur le bord du salar, à la nuit tombante. La traversée sera pour demain ! Nous avons parcouru 342 miles.
© Bruno Wouters Source : Moto-Andina