Après une bonne nuit de repos, les choses sérieuses commencent et nous allons pouvoir goûter aux subtiles différences et personnalités de chaque moto. Le temps n’est guère engageant: il ne pleut pas pour l’instant, mais le sol est mouillé. Deux groupes sont organisés: les 78ch et les 98ch. Nous commençons par les 98ch. Crevaison? Comme il ne pleut pas, mais que notre road-book nous mène vers Ronda, en direction de laquelle se dessine un ciel plombé, nous décidons de commencer par la Naked, pour prendre à mi-chemin la Fazer. Après deux ou trois kilomètres et de nombreuses dérobades, nous sommes persuadés d’être victime d’une crevaison lente. Hé non, il fait épouvantablement glissant, et le revêtement a ici ceci de particulier qu’il est quasi impossible à l’œil de discerner si il est sec ou mouillé: gênant! La route s’assèche pourtant et notre ouvreur, sur une FZ1, semble trouver le temps un peu long, certains de nos collègues semblant un peu réticents à se lâcher. Nous sautons celui qui nous précède et rejoignons la FZ1, qui n’en demandait pas tant pour accélérer le rythme. Les paysages sont superbes, nous décidons de ne pas gaspiller de virages et nous nous jetons avec joie sur les magnifiques routes qui s’offrent à nous. 600… La FZ6 fait partie de ces motos qui ne nous convainquent guère d’habitude, les 600 quatre pattes n’étant vraiment pas notre tasse de thé. Nous enroulions sur les premiers kilomètres, un, deux, trois, quatre, cinq, sixième, à 1.500 ou 2.000 tr/min, le moteur ronronne et accepte les plus bas régimes. Revers de la médaille, il ne se passe rien sous 6 à 7.000 tr/min. Pour effectuer un dépassement rapide, nous sommes bon pour rentrer trois rapports. Tout ça manque singulièrement d'agrément. Par contre, depuis que nous "suçons" la roue de Raphaël sur sa FZ1, nous restons constamment entre 8 et 14.000 tr/min au rupteur, et là, ça cause vraiment! Arrivé à 9 ou 10.000 tr/min, le compte-tours s’envole jusqu’à la zone rouge. Un régal! Et d’autant plus un régal que le châssis ne révèle aucune faille. Rigide, rigoureux, nerveux, il ne bronche pas, même quand le revêtement se dégrade. Chaud! Nos seuls moments d’émotion viendront de certains rétrogradages un peu trop vigoureux, entraînant un dribblage de la roue arrière. Ce fût chaud une fois ou deux… Châssis efficace donc, mais certainement pas au détriment du confort, admirablement préservé, malgré un revêtement parfois très approximatif. Légère tendance au blocage de la roue arrière sur notre moto démunie d’ABS et frein avant mordant et puissant avec les étriers à quatre pistons. Tant mieux, on peut freiner plus tard! Séance photo et nous repartons sur une Fazer. Le passage de l’une à l’autre déroute un peu: le guidon est plus cintré et plus tombant. Avec le tête de fourche, c’est la seule différence, tous les réglages restant les mêmes. Au bout de quelques kilomètres, nous nous sommes habitués au guidon et nous rejoignons Raphaël et sa FZ1 pour grimper pleins pots sur Ronda. Le saute-vent apporte un peu de bruit au niveau du casque, mais nous retrouvons les mêmes sensations et les mêmes plaisirs qu’au guidon de la Naked, ni plus, ni moins. Le choix sera donc affaire de goût, ou de trajets: si vous êtes abonnés à l’autoroute, la Fazer le fera sans doute mieux, d’autant qu’un complément de carénage est dans les cartons… 78 vs 98 A l’étape de Ronda, les deux groupes changent de monture et nous prenons possession des "78ch" pour redescendre vers la côte. Est-ce le fait de redescendre, est-ce d’avoir moins de puissance à haut régime, toujours est-il qu’à moyen régime la 78ch fait plutôt bonne figure et semble moins creuse que la S2. La puissance arrive à peu près au même régime, mais les envolées sont nettement moins lyriques, et les quatre cylindres ont du mal à emmener le vilebrequin jusqu’à la zone rouge. Nous reprenons une Naked, en prenant bien soin de la choisir avec ABS, vu le temps menaçant. De fait, au bout de quelques kilomètres, la route est détrempée et il est rassurant de savoir qu’on ne risque pas de bloquer une roue sur un coup de frein un peu trop intempestif. Il s'accroche, le rascal! Après 20 kilomètres et une altitude un peu plus clémente, la route s’assèche, la température monte, les esprits s’échauffent. Raphaël ouvre toujours la voie sur sa FZ1, nous nous mettons dans sa roue, une deuxième FZ6 pilotée par Thomas, du service Marketing Yamaha, s’accroche à nous et nous voilà repartis pour une belle bourre à trois, avec autant de plaisir que sur la S2. Nous arsouillons joyeusement avec Thomas, chacun avec une FZ6 de 78ch, la nôtre bénéficiant toutefois de l’ABS qui se déclenche parfois à l’arrière à l’approche d’un virage abordé avec un peu trop d’enthousiasme. Nous jouons à celui qui rentre une vitesse de plus pour rester dans les tours et atomiser l’autre, dont la monture s’essouffle à trop bas régime. Très jouissif, après un long hiver passé à se les geler sur les routes encombrées de Belgique ! L'heure du choix Alors, la FZ6 78ch, une moto au rabais? Certes, elle manque de "peps" à haut régime face à la S2, mais franchement, nous nous sommes bien amusés, sans ressentir la moindre frustration. Et si les étriers font preuve d’un peu moins de mordant, ils suffirent chaque fois à contrôler nos nombreux débordements (à chaque virage, en fait…). Grande partie de plaisir donc au guidon de ces diverses Yamaha, et le choix n’est pas simple. Naked ou pas? Nous n’avons guère senti de différences à la conduite. Le choix s’imposera donc en fonction de l’usage ou du goût esthétique de chacun. 78 ou 98ch? La plus puissante est plus jouissive à haut régime, ça n’étonnera personne, mais la 78ch n’est pas une punition pour autant, tout en étant plus adaptée aux débutants. Une chose est sûre, ne vous privez pas de l’ABS, un réel plus pour la sécurité, sans jamais susciter de frustration à son usage. Les prix commencent à 6290 € pour la FZ6 78ch, 6590 pour la Fazer, la S2 est à 6890€, la Fazer S2 à 7290€. Comptez 700€ pour l'ABS, quel que soit le modèle. © Bruno Wouters