Regardez la Yamaha FZS1000. Moyennement excitante à regarder, surtout après le relookage réussi de sa petite sœur de 600cc, on prend le guidon sans gros frisson. Pourtant on s’y sent à l’aise tout de suite : la position est vraiment intuitive, tout se trouve où on l’attend. Poids contenu, guidon bien dessiné, commandes douces, c’est parti ! le moteur paraît plutôt placide, la moto est facile à guider dans les embouteillages. Difficile d’imaginer que ce 4 cylindres soit issu de celui de la R1. Certes, le vilebrequin est alourdi, les carbus plus petits (hé oui, encore des carbus ! Ça devient rare…). Résultat, le tempérament et les sensations qui vont avec ne vous bousculent guère.
Solutions éprouvées…
Profitons d’un arrêt pour détailler l’environnement. Le poste de pilotage n’est guère excitant non plus. La petite « tête de fourche » fait vraiment rajouté, le tableau de bord affiche le minimum syndical. Notons toutefois la présence d’une montre, de deux trips, d’une jauge et d’un warning.
Le châssis se contente de tubes en acier, au contraire du robuste bras oscillant réalisé en aluminium. Fourche classique elle aussi, terminée par une paire de disques flottants de 298 mm freinés par des étriers 4 pistons. Cet équipement issu lui aussi de la R1 est complété à l’arrière par un disque de 267 mm et une pince à 2 pistons ;
…Mais efficaces !
Le feu passe au vert, la Fazer se montre très agréable en ville. Une position de conduite naturelle et confortable, des suspensions judicieusement tarées, elle excelle à se faufiler dans la circulation et absorbe avec bonheur toutes les irrégularités du revêtement. Le moteur, souple comme peut l’être un 4 pattes, s’accorde bien à cette prise en mains citadine. Facile et policé, il ne fera pas de vous un voyou adepte des travers ou des wheelings urbains. Légère déception d’ailleurs, car ce moteur bien trop sage n’évoque guère la R1 dont il est issu : Yamaha a sans doute un peu trop rogné les griffes du tigre et nous a laissé un gros matou bien effacé…
Ça pousse
Mais bon, laissons la ville aux caisseux et aux scooters, les motos sont faites pour les grands espaces : il leur faut respirer ! Et là, le jugement se révise un peu. Certes le moteur de la FZS manque de caractère, mais il ne manque ni de puissance, ni d’allonge. Exploité jusqu’à la zone rouge, il a du répondant, et la moto devient joueuse, amusante. Le châssis, très classique de conception avec ses tubes d’acier, se révèle bien né et parfaitement équilibré. Les freins issus de la R1 offrent puissance et progressivité. Un régal d’efficacité, bien utile au vu des vitesses atteintes.
Trop ?
Et c’est là tout le paradoxe : Yamaha nous propose une moto sage, très classique et éprouvée sur le plan technique, facile et de ce fait accessible à tous ; tellement facile que quand on se prend au jeu d’exploiter les capacités du moteur, on se retrouve à rouler à des vitesses vraiment excessives et la moto sage se mue en un missile qui pourra mettre le conducteur peu expérimenté dans des situations très difficiles et dangereuses. Le pilote averti y trouvera par contre son bonheur. L’équation châssis suspensions freins fonctionne à merveille, même aux allures soutenues que permet l’allonge d’un moteur qui développe tout de même la bagatelle de 143 ch à 10000 t/min pour un couple de 106 Nm à 7500 t/min.
Ca marche !
L’excellente position de conduite, due pour beaucoup à un guidon judicieusement dessiné et disposé, donne l’assurance de bien maîtriser la machine. Performante malgré un caractère moteur effacé, elle s’avère bien plus exploitable qu’une sportive pure et dure. Son châssis efficace et ses freins redoutables en font un roadster beaucoup plus efficace que pas mal de ses concurrentes. Son petit tête de fourche et le confort de ses suspensions permettent même d’envisager des longues distances.
Bonne à tout faire
Alors, le bon compromis ? On s’en approche sérieusement. Avec des recettes somme toutes fort simples, Yamaha arrive à un résultat très satisfaisant. Sans esbroufe, cette Yamaha tient bien sa place et pourra faire le bonheur de pas mal de motards. Une fois de plus, et c’est la force des constructeurs japonais, on prend le guidon d’une moto en apparence fade au premier contact, dans ce cas ci très conventionnelle de conception et d’aspect, mais qui se révèle à l’usage d’un grand agrément, d’un idéal équilibre entre la puissance d’une sportive, le confort d’une routière, le côté joueur d’un roadster, le tout sans faire l’impasse sur quelques aspects pratiques. Le réservoir fait 21 litres, le passager se sent accueilli grâce à une selle moelleuse sous laquelle peut tenir un cadenas et des poignées de maintien bien disposées, une béquille centrale rare sur ce type de moto permet d’entretenir la chaîne aisément ou de travailler sur la « bête ».
Une belle polyvalence donc pour une moto performante et accessible avec des dimensions et un poids contenus. On ne pourra guère lui reprocher qu’une finition un peu légère et une facilité d’usage qui, liée au relatif manque de caractère du moteur, risque paradoxalement de parfois mettre un pilote novice dans des situations un peu… périlleuses !
Prix : 8890 € avec des promos à 8 390 €
© Bruno Wouters