L'histoire commence aux Etats-Unis dans les années '70. La moto est devenue, grâce aux constructeurs japonais, un véritable phénomène de mode, avec une explosion de la demande pour des machines tout-terrain. Les scramblers, souvent des routières bicylindres déguisées, faisaient regretter la légèreté et la simplicité des monocylindres. Honda dégaina le premier en 1972 avec la 250XL Motosport.
Yamaha suit le mouvement et développe la XT 500, réclamée à cors et à cris par les américains. La gestation ne se fit pas sans mal, et la XT 500 n'apparut aux USA qu'en septembre 1975 (1976 en Europe), avec un an de retard, le temps de fiabiliser une architecture jusqu'ici guère réputée pour son rapport puissance/fiabilité.
Mission accomplie, puisque la XT brille rapidement dans les premiers rallyes raids (Côte d'Ivoire-Côte d'Azur), avant de forger sa légende dans les premiers Dakar ouverts aux motos. Epoque bénie, où la préparation se limitait presqu'uniquement à la pose d'un gros réservoir d'essence en plastique!!
Une XT pour la route
Revenons à la SR, qui était dans le tube dès le départ de l'aventure. Si le marketing américain trépignait d'impatience dans l'attente d'un trail, le marketing européen freinait des quatre fers à la perspective d'un mono routier, convaincu que l'époque n'était plus au "gromono" quatre temps. Les japonais s'obstinèrent pourtant et dévoilèrent la SR 500 au Japon en 1978.
La XT avait, par son démarrage rebelle, crée quelques frustrations et, dès la genèse de la SR, l'accent est mis sur la simplicité d'emploi. D'un retour de kick, vécu par un directeur technique de Yamaha au guidon d'une XT, naît le système de décompression et l'intelligente petite fenêtre dans la culasse indiquant le point mort haut et donc le moment de kicker!
L'expérience de Yamaha en matière de motorisation quatre temps est récente. La XT est la deuxième moto 4T du constructeur japonais, après la XS 650 bicylindre de 1969.
Toyota 2000 GT
Plus surprenant, le premier moteur quatre temps conçu en 1965 par Yamaha est basé sur un bloc de Toyota Crown, sur lequel Yamaha a greffé une culasse double arbre gavée par trois carburateurs double corps. Ce magnifique moteur aura pour écrin la prestigieuse Toyota 2000GT, construite d'ailleurs quasiment à la main chez Yamaha! A peine plus de 350 exemplaires de la belle furent ainsi produits, Tentés? Sachez que l'une d'elles s'est vendue 900.000 € en 2013…
La SR 500 connaît rapidement le succès, en particulier sur certains marchés comme l'Allemagne ou le Japon, ici en 400 cc pour des questions de réglementation. Les évolutions peu nombreuses, préservent le style initial, qui doit beaucoup à la XS 650, elle-même inspirée de la production anglaise de l'époque. Elle adopte en 1979 des jantes à bâtons, qu'elle abandonne en 1984. En 1988, c'est le frein à disque qui s'efface au profit d'un tambour tellement plus "roots".
Le reste des évolutions se résume à des variantes de selles, de guidons ou de couleurs. La SR 500 s'efface en 1999, alors que la SR 400 continue son petit bonhomme de chemin sur l'archipel nippon, gagnant au passage une injection d'essence qui lui permet de passer les normes de pollution de plus en plus strictes.
Avant, c'était ça…
Brève description pour les plus jeunes d'entre nous: avant, les motos, c'était ça: un cadre en tubes d'acier, deux roues de 18", un moteur bien visible, et de l'avant à l'arrière, un gros phare rond, deux compteurs, un guidon, un réservoir, une selle et c'est presque tout. Ah, non, j'omets de mentionner de vrais garde-boue, en bonne tôle bien chromée. Du plastique, point, ou peu.
Fausse néo-rétro, elle ne joue pas dans la cour des Bonneville, V7, W800 et encore moins CB1100. Vraie rétro, elle ne connaît qu'une seule concurrente, la Royal Enfield. Ah, oui, j'oublie le plus important: avant, les motos possédaient une taille humaine et un poids mesuré…
Et c'est en effet rafraîchissant de s'approcher de la SR, de l'enfourcher et de la tenir entre ses jambes. Ca rappellera de bons souvenirs aux anciens, ça surprendra les plus jeunes. Spécificité devenue rare de nos jours: pas de démarreur électrique! Va falloir kicker, les gars, à l'ancienne! La XT des années '70 faisait le tri entre les bons, et les mauvais, ceux qui lançaient le mono d'un viril coup de jarret ceux qui suaient sang et eau, agonisant d'injures ce foutu bac de m… désespérément muet.
Le kick, ceux qui savent, et les autres…
Le tir avait déjà été corrigé sur la SR 500: un allumage électronique et la petite lucarne magique sur la culasse facilitait un peu le démarrage. La SR 400 bénéficie en outre de l'injection électronique et d'un taux de compression moins exigeant. Bref, plus aucune raison de se louper!
Et, de fait, notre SR 400 a toujours "craqué" au premier coup de jarret! Et si vous n'y arrivez pas, positivez: ça vous fait de l'exercice, et aux premiers beaux jours, vous pourrez démarrer, même avec une batterie plate! En prime, vous épaterez vos amis: quand avez vous vu quelqu'un démarrer sa moto d'un coup de botte pour la dernière fois?
A l'ancienne
En mouvement, la moto "à l'ancienne" distille tout son charme. La selle, basse, longue et horizontale, permet à tout un chacun de trouver ses aises, le guidon tombe naturellement dans les mains, le regard se régale des deux cadrans basiques et du gros phare, tout rond et tout chromé!
La SR 400 ne fait pas son poids (174 kg tous pleins faits), et les suspensions souples procurent un excellent confort. Le freinage convient parfaitement aux ambitions de la machine, et le tambour monté à l'arrière fait du très bon boulot.
Le petit mono témoigne d'une souplesse bienvenue, acceptant de descendre jusqu'à 2.000 trs/min. Il se montre le plus agréable dans les basses rotations. A partir de 4.000 trs/min, les vibrations deviennent plus présentes. Pas vraiment gênant, mais elles ne donnent pas envie de maintenir longtemps des régimes élevés.
L'agrément de la SR se trouve ailleurs. Efficace en ville, où son gabarit et son poids menus sont renforcés par une maniabilité réjouissante, elle adore musarder sur les petites routes de campagne, dont on redécouvre la beauté à un rythme de promenade. Et vous savez quoi? C'est bon!