D'un autre côté, la pression de l'engorgement du réseau routier et des difficultés de stationnement sonne le glas du "mon auto, c'est ma liberté", raison pour laquelle nous avons décidé de tester pour vous en conditions réelles les solutions de mobilité que proposent les deux-roues. Le marché actuel reflète d'ailleurs fort bien cette préoccupation de mobilité. Le deux-roues, longtemps cantonné dans le loisir, évolue clairement vers plus de fonctionnalité. Les ventes "motos" s'érodent, au profit des petites cylindrées accessibles au permis B et des scooters toutes cylindrées confondues.

300

Nos trois cents jours au guidon du Yamaha Tmax confirment le bien fondé de cette réponse aux défis de la mobilité. Si, tout comme l'option train-tram-bus ou vélo ne peut répondre à tous les besoins, le deux-roues motorisé n'apportera pas non plus la réponse universelle, il mérite pourtant mieux que l'indifférence dans lequel il est cantonné par les discours officiels. Nombreux sont en effet les citadins et navetteurs qui pourraient troquer une des voitures de leur ménage contre un scooter, et de plus en plus nombreux sont ceux qui franchissent le pas et ne le regrettent pas. Mais revenons à notre Tmax qui totalise, après trois cents jours, douze mille kilomètres sans le moindre souci. La consommation reste stable, à 5,1 l/100km. Nous roulons sagement, respectant scrupuleusement les limitations sur autoroute, et en évitant de faire le "zazou" en ville. Notre trajet type de navetteur implique pas mal d'autoroute à vitesse constante, nul doute qu'en usage strictement urbain, ce chiffre serait revu à la hausse, mais il est tout aussi vrai que dans ce cas de figure, un 125 ou un 250 cc ferait parfaitement l'affaire.

Les bonnes questions

Comparé aux autres scooters, la consommation du Tmax reste tout à fait raisonnable, mais au vu des chiffres remarquables obtenus aujourd'hui dans le monde automobile, il nous paraît urgent que les constructeurs de deux-roues prennent la mesure du retard accumulé en ce domaine. Les consommations des voitures ont chuté en quelques dizaines d'années de manière incroyable alors que les performances ont augmenté de manière tout aussi incroyable. Les deux-roues ne sont pas en reste question puissance, mais leurs chiffres de consommation restent désespérants, et ça se vérifie lors de tous nos essais. Le marché du deux-roues glisse clairement du "fun" au "commuting" (une moto pour deux scooters en Italie!) sans que les constructeurs semblent avoir déjà pris la mesure de ce que ceci implique. Dès lors comment accepter qu'un scooter, aussi brillant et efficace soit-il, consomme autant qu'une voiture transportant quatre personnes dans les meilleures conditions de confort?

L'hiver

Comment ne pas pester, hormis les scooters, contre le peu d'aspects pratiques de la plupart des deux-roues, où transporter le moindre paquet ou tout simplement un bon cadenas demande des trésors d'ingéniosité? Comment accepter le prix réclamé pour un pneu qui doit être remplacé entre cinq et quinze mille kilomètres, et dont les prestations sous la pluie ou dès que le thermomètre dégringole n'incitent guère à l'enthousiasme? A ce sujet, nous avons eu l'opportunité d'obtenir auprès de Metzeler un train complet de pneus encore méconnus, les Feelfree Wintec, spécialement conçus pour équiper des scooters appelés à rouler toute l'année et dans toutes les situations. Nous avons monté ces pneus sur notre Tmax avant même de parcourir le premier kilomètre à son guidon et nous pouvons vous certifier, expérience à l'appui, que ces pneus devraient figurer en première monte sur tous les scooters, une évidence au vu de leurs qualités de comportement dans les pires conditions.

L'expérience de la route

Nous avions décidé de profiter de cet essai longue durée du Tmax pour tester en situation différents équipements et accessoires dédiés, dont ces pneus Metzeler. C'est ainsi que nous avons monté un variateur, une modification souvent plébiscitée. Notre choix s'est porté sur le Malossi MHR, qui ne soulève aucun problème de fiabilité, tout en améliorant la réactivité à la poignée de gaz, plus franche. Le Tmax prend ses tours avec une vigueur accrue et gagne en vivacité, pour une consommation qui est restée stable. Nous avons profité de l'occasion pour remplacer la cartouche du filtre à air par un élément BMC, un filtre qui se nettoie, contrairement à la monte d'origine qui se remplace. Pour faire bonne mesure, notre Tmax s'est vu adjoindre une ligne d'échappement complète estampillée Akrapovic, souvent choisie par les heureux possesseurs de Tmax. Aisée à monter, remarquablement bien finie avec son collecteur en inox et un pot en titane se terminant par un embout en carbone, la ligne "Akra" renforce encore les traits acérés et sportifs du Tmax. Faute d'avoir pu confronter le Tmax à un banc d'essai, difficile d'en estimer le gain de puissance, moins flagrant à la conduite que l'apport d'un variateur. Au niveau du bruit, ne nous voilons pas la face: si un usage raisonnable de la poignée de gaz se traduit par une note flatteuse mais acceptable, l'ouverture en "grand" dans un tunnel signalera votre présence mieux que n'importe quel coup de klaxon!

Les incontournables

Nous roulons aussi depuis plusieurs milliers de kilomètres avec un amortisseur arrière Öhlins, certes plus rigoureux que l'original, sans que la différence de comportement avec la monte d'origine justifie dans un usage courant le coût de cet équipement haut de gamme. Le Tmax offre d'origine une remarquable somme de qualités, et seules les exigences particulières ou tout simplement les envies de son propriétaire le pousseront à le compléter de l'un ou l'autre accessoire. Dans notre cas, un usage principalement utilitaire et tout au long de l'année sur de longues distances a naturellement guidé notre choix sur les éléments suivants, en plus des pneus Metzeler: les déflecteurs pour les mains et les jambes, les poignées chauffantes, le porte bagages et le topcase, éléments indispensables selon nous pour profiter pleinement du Yamaha en toutes saisons. Nous ajouterons la bulle sport qui a supprimé les remous occasionnés par la bulle d'origine au niveau du casque, mais ceci dépend de la morphologie de chacun. Le variateur reste une transformation valable pour celui qui désire encore plus de vivacité et de réactivité en ville. Le reste devient affaire de goût et de moyens, ou d'exigences plus spécifiques.

horripilant

Le Yamaha Tmax se montre de toutes manières un compagnon bien agréable au jour le jour, mariant dans une savante alchimie des aspects utilitaires propres aux scooters, un comportement dynamique non seulement exemplaire mais aussi franchement amusant et gratifiant, avec des performances remarquables sans devenir déraisonnables. Le parfait compromis, une réussite insolente depuis dix ans, et qu'arrivent à peine à entacher quelques petits défauts horripilants parmi lesquels nous citerons des plastiques d'habillage sensibles aux griffes, des rangements dans le tablier qui ne se verrouillent pas et quelques lacunes du tableau de bord, comme l'absence de température extérieure ou de témoin lumineux de réserve d'essence. Enervant, mais bien peu de choses en vérité face à la somme de qualités réunies autour de ce scooter! Ah, si, un défaut tout de même: un prix qui ne le met vraiment pas à portée de toutes les bourses…