Les réglages d'usine d'une moto prennent en compte une masse non négligeable de paramètres avec pour but ultime d'obtenir les meilleurs résultats en fonction des contraintes imposées, qu'elles soient techniques ou tout simplement légales, comme par exemple les normes d'homologation. Ces dernières ne sont sans doute pas les moins contraignantes, certains modèles souffrant particulièrement de leur respect. Nombreux sommes nous d'ailleurs à vouloir corriger ça dès l'achat de la moto: il ne faut pas chercher plus loin le succès des échappements et autres filtres à air destinés à faire mieux respirer des moteurs partiellement étouffés. Nous avions il y a quelques mois soumis au verdict du banc d'essai une ligne d'échappement complète aimablement fournie par MIVV, seul fabricant d'ailleurs à avoir joué le jeu. Nous avions alors constaté que le gain en puissance brute restait peu marqué, mais que les courbes de puissance et de couple variaient particulièrement par rapport à la définition d'origine, tout bénéfice pour l'agrément routier avec des mi-régimes favorisés.

Un boîtier n'est pas l'autre

Nous avions aussi constaté que le ratio air/essence avait souffert du montage, avec des plages de mélange trop riches (3250 à 4250 trs/min) et d'autres trop pauvres 4500 à 6500 trs/min), pas idéal donc comme réglage. La BMW R1200GS passée au banc ne permet pas, comme bien d'autres motos, d'intervention sur les réglages du boîtier électronique, il faut donc passer par un de ces boîtiers proposés dans le commerce par différents fabricants. Bike Design, le dynamique importateur de pièces pour motos et pour son pilote (les casques Bell!) a gentiment mis à notre disposition deux boîtiers spécifiques pour la 1200GS, ne restait plus qu'à frapper à la porte de l'officine RSM à Krainem, chez qui nous avions effectué nos premières mesures. La disponibilité de Marc et de son fils Vincent, toujours aussi chaleureux et accueillants, nous a permis de longuement tester et mesurer d'abord le Memjet, puis le Power Commander.

Memjet

Le Memjet se présente très simplement, un tout petit boîtier avec un potentiomètre gradué de deux à dix. Il se branche en série sur les connexions du palpeur de la boîte à air. Rien à redire, câblage propre, connecteurs parfaitement adaptés à l'origine. En fait, le Memjet fausse tout simplement l'info transmise par le palpeur. Après quelques essais sur différentes positions, nous choisissons de le régler sur "6". Résultat, un net gain de puissance et de couple, lisible sur les courbes. Seul souci, le ratio air/essence, simplement décalé, reste aussi irrégulier. Aucune correction possible des variations engendrées par le montage de la ligne d'échappement. Par contre, la pose du Memjet sur une moto d'origine donnera un gain réel de puissance et de couple, en décalant toutes les courbes vers le haut. A 169 €, ce n'est pas une mauvaise affaire!

Power Commander

Mais nous voulions absolument arriver à corriger notre ratio air/esence pour le lisser sur toute la plage de régime, un objectif que Dynojet se vante de pouvoir obtenir au moyen de son Power Commander. Gros travail de connectivité ici, puisqu'il faut se brancher sur les cylindres gauche et droit, aux connecteurs des injecteurs et au capteur de position des gaz, sans oublier de débrancher les sondes Lambda.Ceci effectué, il reste à injecter via le câble USB fourni un mapping dans le boîtier. Plusieurs mappings sont fournis, aucun ne correspond au pot MIVV. Nous en choisissons donc un autre comme point de départ, et prenons les mesures au banc.

Ca devient technique

RSM a installé deux pc à son banc d'essai, le premier pour le programme du banc avec à l'écran toutes les mesures et courbes, tandis que sur le deuxième qui est relié au Power Commander via un câble USB, Vincent a injecté le programme fourni avec le boîtier. Ceci permet de travailler beaucoup plus efficacement: le tableau du Power Commander se présente un peu comme un fichier Excel, avec une ligne tous les 250 trs/min et des colonnes indiquant différents pourcentages de charge. Les chiffres relevés dans les cellules indiquent la valeur des réglages de richesse à un régime et un taux de charge donnés. Il faut donc reprogrammer l'injection en fonction des courbes relevées sur le banc. Nous l'avons d'abord réalisé à pleine charge, puis nous avons réessayé avec une charge de 40% pour obtenir au banc une courbe qu'il a fallu aussi corriger, puis nous avons remis le couvert à 60% de charge, pour obtenir enfin un résultat tout-à-fait satisfaisant. Attention, ce travail doit s'opérer pour chacun des deux cylindres.

L'aridité des chiffres…

Un certain travail donc, mais qui s'effectue assez rapidement pour quelqu'un d'expérimenté. Marc, le patron de RSM, attend avec une certaine impatience le programme que lui a promis le fournisseur du banc d'essai, un programme qui paramétrera automatiquement le Power Commander en fonction des mesures récoltées au banc. Il nous tarde de découvrir ça et de confronter ces réglages à ceux que nous avons mesurés. Pour rappel, nous avions obtenu avec la BMW "stock" 89,2 ch à 7300 trs/min et 104,7 NM à 3900 trs/min (ref.: vroom.be 002), 90 ch à 6100 trs/min et 107,3 Nm à 4475 trs/min avec la ligne MIVV et un filtre à air K&N (ref.: vroom.be 012), mesures à la roue arrière.

… Et le plaisir de conduire

Avec le Memjet nous parvenons à 93,4 ch à 6000 trs/min et 112,4 Nm à 4300 trs/min (ref.: vroom.be 019) alors que le Power Commander nous crédite de 94,2 ch à 5900 trs/min et 114,3 Nm à 4300 trs/min (ref.: vroom.be 037). En observant les courbes, on remarque que les résultats affichés par le Memjet et le Power commander restent proches, sauf pour la richesse, où on voit l'efficacité du Power Commander, vendu 364 €. La comparaison entre les courbes d'origine et les courbes du Power Commander permettent en effet de constater que le ratio air/essence reste proche de l'origine, alors que couple et puissance augmentent de manière substantielle de 3800 à 6500 trs/min, avec à la clé un comportement sur route nettement plus vivant et agréable, pimenté d'une bande son plus rageuse!