Parcourir de longues distances avec une voiture électrique est parfaitement possible. Si vous planifiez vos arrêts, il est même possible de ne pas perdre trop de temps : en effet, ces dernières années, le réseau de bornes de charge rapide s’est considérablement amélioré dans notre pays et le long des principales routes européennes. Toutefois, il existe encore des régions dans nos pays voisins où les bornes de charge rapide sont assez éloignées les unes des autres, ce qui peut constituer un défi lors des déplacements sur de longues distances.

Savoir faire des choix

Cet essai nous a menés vers les plaines du nord de la France, à savoir la Picardie et la Haute Normandie. Nous avions pris les précautions nécessaires, à commencer par le choix de la voiture. La Renault Mégane E-tech Electric est disponible avec deux packs de batteries : 40 ou 60 kWh. Nous avons bien entendu choisi cette dernière option dont l’autonomie promet 454 km selon le cycle WLTP. Cette autonomie est bien entendu fortement réduite sur autoroute avec passagers et bagages, mais reste suffisante pour couvrir de longues étapes.

Nous avons également opté pour un modèle doté du chargeur le plus performant. En effet, Renault propose plusieurs types de chargeurs embarqués : de série, la Mégane E-Tech Electric embarque un chargeur de 7 kW seulement, tandis que certaines versions peuvent digérer 22 kW. Le chargeur rapide CC (de série sur les versions les plus huppées mais en option sur les modèles de base de 85 kW) peut supporter 130 kW. Il ne s'agit pas d'une valeur de référence dans ce segment, mais elle permet une recharge rapide malgré tout.

Pas de coffre à l’avant

Les passagers furent impressionnés par le look et la finition de la Mégane ! La « lame » dorée du pare-chocs avant de la version " Iconic " les laissent néanmoins relativement perplexes. En revanche, la présentation de l'intérieur n'a reçu que des éloges ! On ne peut toutefois en dire autant du coffre : suffisant pour les bagages, ce dernier ne présente aucun espace dédié aux câbles de recharge qui se voient dès lors placés au-dessus des bagages… Pas pratique !


Voiture chargée, nous avons démarré près de Hasselt avec une autonomie d'un peu moins de 350 km, soit 100 km de moins que l'autonomie promise par la norme WLTP. Cette valeur peut s’expliquer par le long trajet autoroutier de la veille, et peut-être aussi en partie par les belles jantes de 19 pouces de cette version "Iconic", dont les pneus 235/55 sont plutôt costauds. Un choix énergivore mais qui permet d’exploiter tout le potentiel des 160 kW (220 ch) de la Mégane. Cette puissance, associée au silence de la propulsion électrique, fut fort appréciée par les occupants.

Une gestion des réseaux « perfectible »...

Armé du système d'infodivertissement de la Mégane développé en collaboration avec Google, de l'application Chargemap et des cartes de recharge de Bluecorner et EDI, nous avons opté pour un premier arrêt quelque 220 km après le départ. Il s’agissait d’une station de charge rapide située dans le parking d'un hypermarché Carrefour dans la ville de Denain, dans le nord de la France, soit à quelques encablures de l’usine de production de notre Mégane E-Tech Electrique, située à Douai. Cependant, à l'arrivée, la station de recharge s'avère être hors service en raison de travaux, alors qu’elle est était indiquée comme "disponible" par l'application. Voilà qui est plutôt agaçant, d’autant qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé ! Nous avons en effet rencontré de nombreux problèmes avec le réseau de recharge français, qui semble être géré de manière assez désinvolte.

Dirigée par un pied droit peut-être un peu trop enthousiaste, la Mégane a vu son autonomie réduite à 120 km… Vu l'itinéraire qui offrait peu de possibilités de recharge rapide, nous sommes partis à la recherche d'un autre chargeur rapide à proximité. Le choix s'est porté sur un chargeur rapide Lidl à Cambrai, à une vingtaine de kilomètres. À notre arrivée, la borne était occupée et nous avons dû attendre environ 20 minutes... pour découvrir, en nous branchant, que la puissance était sévèrement limitée et que la charge ne pouvait être effectuée que pendant une demi-heure au maximum, afin d'éviter tout abus des chargeurs gratuits. Nous aurions été heureux d’opter pour une borne payante plus puissante, mais nous n’avions hélas pas vraiment le choix ! Nous nous sommes donc orientés vers une autre borne de recharge : le chargeur rapide de 50 kW DC du concessionnaire VW à Cambrai. Heureusement, nous étions un jour de semaine et sommes arrivés pendant les heures d'ouverture du garage. Une ID.3 et une ID.4 étaient garées aux bornes sans recharger pour autant, mais heureusement le câble était assez long pour nous permettre un branchement.

Jusqu'à 80 % !


Comme nous avions déjà perdu beaucoup de temps et qu'il n'y avait rien à faire près du garage, nous avons décidé de charger jusqu'à environ 80%. De toute façon, passé ce cap, la puissance de charge diminue. La station de recharge suivante, située à 250 km de là, était la station Ionity à Bolleville. Parcourir cette distance nous paraissant trop ambitieux : nous nous sommes donc arrêtés pour une pause déjeuner en cours de route. Pendant le déjeuner, nous avons pu utiliser le chargeur de 22 kW d'un garage Renault local. Cette borne n’était pas compatible avec les cartes de recharge publiques, mais uniquement avec une carte du garage lui-même. Le prix ? 6 € pour une demi-heure ou 25 € pour 3 heures. "Notre" Renault a donc chargé là, à côté de la Mégane de démonstration du garage. Après une conversation sur notre expérience avec la Mégane et les vicissitudes du chargement sur la route, le concessionnaire annule nos frais de chargement et nous reprenons la route avec une bonne tape dans le dos, accompagné d’un "courage" !

Cet arrêt de 30 minutes aura gonflé notre autonomie d’environ 60 km. En chemin, nous nous sommes arrêtés à une station Ionity pour une recharge rapide. Ici, la Mégane atteint presque sa capacité de charge maximale de 130 kW : après 10 minutes, nous avons assez de réserve dans la batterie pour atteindre notre destination finale.

Penser local

Arrivés sur place, la seule station de recharge du village s'avère incompatible avec nos cartes de recharge pourtant largement acceptées. Manifestement, cette station balnéaire largement fréquentée par les touristes ne semble pas vraiment vouloir les aider, en dépit du nombre croissant de vacanciers roulant en véhicule électrique. Nous avons donc dû nous connecter au site web du département français via un QR code pour lancer une session de charge, en payant à la minute avec une carte bancaire.

Cette procédure est plutôt fastidieuse, mais grâce au chargeur embarqué de 22 kW de notre Mégane et à la station de recharge de même puissance, nous injectons quelque 35 kWh dans la batterie en un peu moins de deux heures, pour la somme dérisoire de 3,65 €... soit moins de 10 centimes par kWh. Une sacrée bonne nouvelle ! Sur le chemin du retour, toujours un jour de semaine et pendant les heures de bureau, nous choisissons à nouveau 2 concessionnaires automobiles pour recharger, un garage Nissan et le concessionnaire VW de Cambrai, notre carte de recharge étant acceptée à chaque fois.

Il reste pas mal de boulot !

En conclusion, les longs trajets à bord de la nouvelle Mégane E-Tech Electric sont parfaitement possibles... même si son pays d'origine n'est pas la destination idéale. Sans un réseau Ionity ou des Supercharger de Tesla ouverts (rares ou inexistants le long de notre parcours), vous êtes dépendant d'un réseau de recharge français plutôt imprévisible, inaccessible ou compliqué dans ses procédures de payement. Il reste encore du travail pour un réseau accessible avec des points de recharge tous les 60 km, comme l'Europe le souhaite. La Mégane, quant à elle, se comporte parfaitement sur la route. En raison de la charge et des vitesses plus élevées sur les autoroutes françaises, la consommation moyenne était d'environ 17,5 kWh/100 km. Un résultat moins économique que prévu, mais qui nous voulait malgré tout une autonomie d'environ 350 km.


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