Nous y sommes donc : après moult péripéties, le blason Alpine renaît de ses cendres. Et de bien « belle » manière en proposant une interprétation moderne de sa mythique Berlinette au style néo-rétro particulièrement séduisant. Du moins, c’est ce que le nombre assez incroyable de réactions positives entendues durant notre essai nous laisse croire. De mémoire d’essayeur, on ne se souvient pas d’avoir été « abordé » aussi souvent durant un essai depuis la renaissance de la Fiat 500 ! Les conducteurs d’aujourd’hui seraient-ils nostalgiques ? Quoiqu’il en soit, cette sculpturale et sympathique A110 du 3ème millénaire arrive enfin (au compte-gouttes, il faudra être patient avant d’être livré si vous passez commande) sur les routes. Elle est prête à affronter la « beauté froide » allemande servant de ticket d’accès à l’univers Porsche : la 718 Cayman.

Finition, équipement : avantage Porsche

Il faut être honnête : la bataille tourne court quand on étudie l’habitacle de nos deux petits coupés. Du moins quand on les observe avec l’œil critique débusquant des ajustements « légers » et des matériaux moins soignés. L’Alpine n’atteint clairement pas le niveau de la Porsche, intraitable sur ce point. Cela dit, l’ambiance qui règne à bord de la Française est plus originale. Et les petits clins d’œil au passé amusants. Par contre, l’infodivertissement proposé à bord de l’Alpine est assez basique et son ergonomie plutôt médiocre avec des toutes petites touches à essayer d’effleurer du bout du doigt (mais l’instrumentation digitale offerte est très complète et permet de surveiller tous les organes de son engin). Enfin, on notera que Porsche offre un catalogue d’options nettement plus vaste dans tous les domaines : sécurité, confort, style etc. Mais attention à la note finale, bien sûr !

Confort : avantage Alpine

Sur le plan du confort, l’Alpine se rattrape clairement. Sa conception allégée fait ici merveille et l’autorise à se camper sur des amortisseurs au tarage étonnamment souple pour un petit coupé sportif. L’insonorisation des bruits de roulement apparaît également meilleure qu’à bord du Cayman qui laisse bizarrement trop filtrer le chuintement de ses grands pneus vers l’habitacle. Configurées en mode « normal » nos deux prétendantes parviennent également à museler assez efficacement la voix de leur moteur qui, pour rappel, se situe juste dans le dos des (deux) occupants. Si l’Alpine remporte le point du chapitre « confort », on signalera tout de même que la Porsche est nettement plus pratique à vivre au quotidien grâce à ses espaces de rangement bien pensés et ses coffres plus volumineux. À bord de l’Alpine, il faut voyager léger… et on ne sait pas où déposer ses clés/portefeuille/smartphone en s’installant à bord. En l’absence de boîte à gants, même les papiers du véhicule se retrouvent expédiés dans le coffre ! Et puis le (néanmoins très beau) siège de l’Alpine n’offre quasiment aucun réglage (ou alors il faut sortir ses outils), comme dans une vraie voiture de course. Ce qui ne permettra pas à tous les gabarits de trouver une position idéale.

Moteur : avantage Porsche

On aurait organisé cette confrontation quelques mois plus tôt quand le Cayman n’avait pas encore mué en 718 Cayman, le constat aurait été sans appel. Quiconque a pu cravacher le six cylindres à plat atmosphérique du précédent Cayman ne peut oublier son allonge enivrante et sa sonorité profonde ! Le 718 Cayman s’en remet maintenant à un quatre cylindres turbo moins charismatique. Mais pas moins performant. Au contraire, il assure des reprises bien plus soutenues dans les bas et moyens régimes. Il se montre toutefois aussi moins subtil, tant dans sa réponse à l’accélérateur que du côté de sa sonorité. Sur le Cayman « de base », le 2.0l turbo développe 300 ch et 380 Nm. De son côté, l’Alpine A110 s’offre le nouveau 1.8l turbo que l’on retrouve notamment sous le capot de la dernière génération de Mégane R.S. mais dans une version ramenée à 252 ch et 320 Nm. Cela dit, grâce à son poids plume (1.103 kg à vide, soit environ 300 kg de moins que la Porsche annoncée à 1.410 kg !), l’Alpine assure des performances équivalentes. Et la sonorité du moteur, dont on entend bien le souffle du turbo, est assez sympa quand on accélère franchement. La Porsche remporte toutefois le point « moteur » en raison de son excellent accord avec la boîte à double embrayage PDK (proposée en option) tandis que la boîte à double embrayage EDC (imposée sur l’Alpine) tricote parfois quand le rythme s’élève et impose de reprendre la main via les palettes.

Comportement routier : avantage Alpine

Sauf si l’on a un chrono dans le ventre et que l’on souhaite réaliser chaque fois un tour qualif’ dès que l’on monte sur l’asphalte d’un circuit, on donnera le point « comportement routier » à l’Alpine. La Porsche est plus tranchante, mieux calée sur ses appuis et globalement plus efficace. Mais l’Alpine A110 est un jouet qui donne le sourire à l’approche de la moindre courbe ! Le tarage plus souple de ses amortisseurs permet de jouer sur les transferts de masse (à côté de l’Alpine, la Porsche y semble insensible) pour déhancher la « Berlinette moderne » en entrée de courbe, à l’instar de sa devancière. Et ensuite « enrouler » le virage en légère glisse (l’ESP est réglable sur différentes positions pour offrir plus ou moins de latitude). Il n’y a que quand la vitesse s’élève que l’Alpine devient plus flottante et moins rassurante que la Porsche Cayman nettement plus stable.

Budget : avantage Alpine

N’attendez pas d’Alpine qu’il brade le tarif de son modèle signant son retour aux affaires. L’Alpine A110 « Première Edition » proposée en série limitée, comme notre modèle d’essai, était facturée 58.800€. Rapidement épuisée, elle est maintenant remplacée par deux versions : Pure, plus dépouillée, facturée à partir de 55.000€ et Légende, plus cossue, disponible à partir de 58.800€. Le Cayman débute, quant à lui, à partir de 55.272,8€ avec sa boîte manuelle et 58.358,3€ avec sa boîte à double embrayage (« imposée » en série sur l’Alpine pour rappel). Mais de nombreux équipements sont à reprendre en sus en option sur la Porsche pour disposer d’un équipement équivalent. L’Alpine remporte donc le chapitre budget grâce à son rapport prix/équipement légèrement plus intéressant. Mais, à l’usage, on déplorera que le réseau d’Alpine ne soit pas encore plus étoffé. Sur ce plan, opter pour la Porsche est clairement plus commode…

Conclusion : avantage Alpine

Au décompte des points, l’Alpine remporte la confrontation. Mais aussi à l’applaudimètre ! On a arrêté de compter le nombre de pouces levés et de discussions engagées sur le bord de la route durant notre essai à son volant. La Porsche est loin de démériter et confirme même son statut de référence : elle est mieux finie, plus efficace et plus pratique à l’usage. Mais l’Alpine A110 parvient à s’en démarquer intelligemment en ne l’attaquant pas de front pour plutôt miser sur le côté « fun » et « nostalgique ». Et ça, c’est clairement réussi !