Les amateurs de conduite le savent bien : Ford met un point d’honneur à soigner l’agrément dynamique de ses produits destinés aux marchés européens. Si cela se confirme déjà pour les modèles « civils », le constat est bien sûr encore plus vrai pour les modèles sportifs. Comme la Fiesta ST, par exemple, dont la troisième génération enthousiaste les amateurs de bombinettes depuis son lancement en 2018.
500 exemplaires
Mais même s’il s’agit d’une version sportive « de niche », son équipe de développement n’en demeure pas moins obligée de composer avec certains compromis. Pour en limiter les coûts ou lui permettre de conserver une certaine polyvalence d’usage notamment. Mais, bonne nouvelle : Ford a aussi l’habitude de développer des séries spéciales ou limitées plus radicales de ses modèles sportifs. Comme avec les précédentes Ford Focus RS 500 ou Fiesta ST 200 par exemple.
Cette troisième Fiesta ST ne déroge pas à la règle, avec cette ST Edition produite à seulement 500 exemplaires pour l’Europe. Un modèle destiné aux puristes (principalement anglais…) et autres clients adeptes des « track-days » que nous avons pu découvrir sur la piste d’essai de Ford, à Lommel. Un terrain de jeu idéal pour goûter au plaisir subtil qu’offre cette Fiesta caractérisée avant tout par ses suspensions réglables signées KW.
90 chanceux
On y reviendra. Mais avant, notons que si initialement, la Belgique avait reçu un quota de 50 exemplaires de ST Edition, notre importateur a réussi à négocier une rallonge de 40 modèles supplémentaires compte tenu du succès rencontré par le modèle chez nous. Des exemplaires faciles à reconnaître puisqu’ils seront exclusivement proposés dans la teinte spécifique Azura Blue et ornés d’un toit ainsi que quelques détails traités en noir brillant.
Autre détail pratique à connaître : contrairement à la Fiesta ST « normale » proposée aussi en 5 portes, cette série limitée radicale n’existe qu’en 3 portes.
Volant spécifique
À bord, on pointera l’apparition du volant de la nouvelle Puma ST. Par rapport à celui des autres Fiesta ST, il offre la possibilité de basculer d’un claquement de pouce en mode Sport grâce à un raccourci supplémentaire (S) au côté du bouton Mode. Ce dernier reste néanmoins obligatoire pour glisser jusqu’en Race.
Pour être complet, notons aussi la présence de touches « effet fibre de carbone » spécifiques sur la planche de bord de cette ST Edition ainsi que l’ajout de surpiqûres bleues schtroumpf à bord (notamment sur les excellents sièges baquets Recaro).
Cœur identique...
Passons rapidement sur le moteur. Car même si l’équipe de développement aurait aimé « jouer du tournevis » pour booster légèrement le trois cylindres de la Fiesta ST (du moins pour le principe et renforcer le côte « collector » de cette édition limitée), les limites CO2 européennes rendent dorénavant ces modifications mécaniques plus complexes… Sous le capot de cette ST Edition, on retrouve donc le 1.5 l turbo développant 200 ch (à 6.000 tr/min) et 290 Nm (entre 1.600 tr/min et 4.000 tr/min) des autres ST. Un moteur néanmoins largement convaincant et démonstratif pour catapulter la Fiesta ! Bien sûr, cette ST Edition hérite aussi en série du pack ST Performance optionnel proposé sur les autres ST et offrant, notamment, un différentiel autobloquant.
… mais chaussures de sport !
L’intérêt de cette ST Edition se trouve surtout du côté de ses liaisons au sol. Pour alléger les masses non suspendues, on retrouve d’abord de nouvelles jantes 18 pouces à 10 branches plus légères (-2 kg par jante).
Mais cette Fiesta ST Edition hérite surtout aussi d’amortisseurs réglables d’origine KW. Dans sa configuration de base, la Fiesta ST Edition voit son assiette diminuer de 15 mm à l’avant et de 10 mm à l’arrière.
À la carte
Mais la hauteur de caisse peut être adaptée en fonction des préférences du conducteur grâce à la clé fournie dans le « kit » offerte avec le véhicule.
Mais c’est surtout en jouant avec les réglages des amortisseurs en compression et en détente que les amateurs pourront affiner le tempérament de leur Fiesta ST. Pas besoin de clé : il « suffit » de tourner les petites molettes situées soit au-dessus, soit en-dessous des quatre amortisseurs. Douze crans sont prévus pour régler la compression contre 16 crans pour la détente. Bien sûr, disposer d’un pont (et retirer quelques garnitures…) rendra la manœuvre plus simple et plus rapide.
Mais avec un bon cric, ces réglages restent possibles (du moins si l’on n’a pas peur de se coucher sur le sol…) entre deux runs d’un sortie circuit par exemple.
Livre de recettes !
Mais la valeur ajoutée de cette ST Edition se trouve finalement dans le « Performance Guide » fourni à chaque client. Ce « livre de recettes » comprend, outre des indications permettant d’opter pour la bonne pression dans ses pneumatiques, les réglages précis pour quatre situations assez différentes : usage routier (réglage de série quand la voiture est livrée) ; circuit bosselé type Nordschleife (affiné par l’équipe de Ford Performance sur le célèbre circuit allemand) ; circuit « billard » type Grand Prix et, enfin, routes secondaires bosselées (plutôt un typage rallye).
Notons que la grande latitude de réglages des amortisseurs KW permet d’aller un peu plus loin dans les deux extrêmes si l’on souhaite jouir soit d’un maintien encore plus ferme ou, au contraire, d’un amortissement plus souple.
Comme un pro’
Pour aller encore un cran plus loin dans le réglage de son véhicule, ce « Performance Guide » donne aussi des conseils pour affiner la hauteur de la caisse, régler le parallélisme et le carrossage de la Fiesta ST. Mais là, les possibilités deviennent quasiment infinies et donc nous n’avons pas eu l’occasion de pousser le réglage de « notre » ST Edition jusque là durant notre prise en main.
Ballet !
Cela dit, passer d’un setup standard (compression et rebond) à l’autre proposés par l’équipe de Ford Performance permet néanmoins déjà de sentir à quel point le comportement de la Fiesta ST peut être affiné en fonction des conditions (routes bosselées, asphalte lisse, revêtement sec ou mouillé, etc.) et son style de conduite. Avec, à la clé, soit une Fiesta ST plus centrée, avec un train avant plus mordant et limitant sensiblement son roulis. Ou, à l’inverse, une Fiesta ST plus vive du train arrière et capable de survoler des routes de campagne « belges » à une cadence impressionnante.
Mais le plus impressionnant, c’est que dans tous les cas de figure, la Fiesta ST Edition ne devient jamais caricaturale. Elle reste assez progressive et « confortable » même en réglage circuit (plus qu’une Mini GP par exemple) mais aussi « tranchante » dans une configuration typée rallye.
Mais sa botte secrète pour donner le sourire reste le côté participatif de son train arrière. Une poupe toujours prête à enrouler les courbes à la moindre sollicitation du conducteur. Des exercices d’autant plus plaisants que l’ESP est ici totalement déconnectable (ce qui devient rare, même sur les sportives…) ou très tolérant (tout en restant alors capable de vous remettre sur le droit chemin en cas de besoin) en mode Sport.
Combien ça coûte ?
Reste la question qui fâche : combien coûte cette Fiesta ST Edition ? Comptez 32.975 €, soit grosso modo un supplément de l’ordre de 4.000 € par rapport à la Fiesta ST Ultimate (28.855 €) sur laquelle cette édition limitée se base. Un tarif qui reste néanmoins « acceptable » pour un mini-école de conduite aussi grisante à faire danser… La dernière bombe du genre à nous avoir offert autant de plaisir, la Toyota GR Yaris, tire à titre de comparaison jusqu’à près de 39.000 € dans sa version High Performance.
Notre verdict
Honnêtement, une « simple » Fiesta ST (avec son pack ST Performance) reste plus adaptée pour les conducteurs à la recherche d’une petite voiture sportive à la fois grisante et polyvalente. Mais si l’on souhaite toucher du bout des doigts l’univers de la compétition automobile et apprendre à régler son véhicule en fonction des conditions, cette ST Edition se profile comme une monture très intéressante.
