Il y a une vingtaine d'années, Ford a décidé de changer son fusil d’épaule. La gamme de la marque, constituée à l’époque de modèles ennuyeux avec une tenue de route approximative, a été modifiée et un comportement dynamique est devenu le cheval de bataille du constructeur ! La première génération de la Focus a dû faire oublier la triste Escort et a ainsi été la première à bénéficier de cette nouvelle stratégie. Dans son sillage, la Mondeo et la Fiesta ont suivi.
Ces deux derniers modèles ont eu droit à une version ST et elles disposaient alors, d’un châssis d’excellente qualité magnifié par un gros moteur. Aujourd'hui, nous en sommes à la troisième génération de la Fiesta ST. Depuis que Ford construit des modèles plus «matures», pourra-il préserver le caractère vif de ces Fiesta plus sportives ?
Trois cylindres
La fiche technique semble prometteuse : le quatre cylindres 1.6 l turbo de la précédente génération a été remplacé par un 1.5 l à trois cylindres. Ce dernier développe la même puissance (200 ch) et pas moins de 290 Nm de couple. Avec un cylindre de moins et un moteur entièrement en aluminium, il y a fatalement moins de poids sur l’avant, ce qui rend théoriquement la voiture plus vive.
Ce moteur est couplé de série à une boîte de vitesses manuelle à six rapports qui entraîne les roues avant (apparemment, une version à boîte à double embrayage apparaitra plus tard). La Fiesta ST utilise le système « Torque Vectoring » qui procure un freinage sélectif afin d’améliorer encore plus ses qualités directionnelles.
Quaife
Mieux encore : en option, le « ST Performance Pack » sublimera votre Fiesta ST. Evidemment, ça coûte un peu d’argent (pas moins de 950 euros), mais ce pack vaut largement la peine d'être adopté car il intègre un différentiel à glissement limité Quaife. Pour rappel, ce différentiel magique avait permis d’optimiser l’adhérence des deux précédentes générations de la diabolique Ford Focus RS, qui étaient des tractions avant.
Cependant, sa première configuration provoquait de nombreuses réactions de couple dans la direction qui devenait dès lors, pratiquement incontrôlable à la moindre accélération sur mauvaises routes. Ce problème a été largement résolu avec la deuxième génération, grâce à une suspension avant sophistiquée avec pivot découplé, mais cette particularité n’est pas mentionnée sur la fiche technique de la Fiesta ST. Elle se limite à une suspension adaptative et à des ressorts spécifiques (non interchangeables entre la gauche et la droite à cause de leur pas de vis optimisé).
Étonnamment efficace
Malgré cette omission, Ford a réussi à préserver les avantages de ce différentiel à glissement limité magique et à en éliminer complètement ses inconvénients. Lors de notre rencontre avec la Fiesta ST dans les Préalpes autour de Nice (Col de Vence, Route Napoléon, à retenir pour ceux qui aiment conduire !), il a plu toute la journée, ce qui a rendu les routes humides et glissantes.
Cette météo nous a permis d’évaluer précisément le comportement de la Fiesta ST : on peut accélérer dès les plus faibles vitesses et avec un grand angle de braquage, alors qu’il n'y a presque pratiquement pas de rotation de roue. La Fiesta ST se comporte alors comme si le sol était sec ! Et ses prestations sont de haut niveau, car il ne lui faut que 6,5 secondes pour accélérer de 0 à 100 km/h et atteindre une vitesse maximale de 232 km/h.
Question châssis, la Fiesta ST se démarque vraiment par son comportement hors du commun. Qu’il s’agisse de virages serrés, de longues courbes, d'asphalte parfait ou de routes déformées, elle reste imperturbable. Vous tournez le volant et le nez suit docilement…
Le sous-virage se rappelle à vous dans les épingles à cheveux, mais il faut vraiment exagérer ! À des vitesses plus élevées, il suffit de lever le pied lorsque la limite d’adhérence de l'essieu avant se rapproche, pour que la voiture redevienne neutre... Ou remue du popotin : surtout dans les modes de conduite Sport ou Track (en plus du mode normal), où l'ESP n’intervient qu’à partir d’un angle de dérapage supérieur à 40°.
Mature
Là, nous sommes rassurés : la Fiesta ST a conservé son caractère ludique exceptionnel. Elle se démarque de ses rivales telles que la Clio RS qui préfère l'efficacité froide ou la VW Polo GTI qui réalise surtout ses performances en ligne droite. Et pourtant, elle est aussi devenue plus mature : pour la première fois, la Fiesta ST est également disponible en version cinq portes (prix supplémentaire de seulement 500 euros), une version qui ne pèse que 20 kilos de plus et qui est beaucoup plus pratique.
En dépit de ses capacités particulièrement sportives, la suspension filtre également toutes les irrégularités, ce qui signifie que vos déplacements quotidiens ne seront pas une punition… Sauf si vous êtes un peu corpulent car les sièges baquets Recaro sont plutôt étroits.
En conclusion…
Tout comme sa devancière, la Fiesta ST est une vraie réussite. Son trois cylindres fonctionne bien et quoique ludique, son châssis affiche un rare équilibre. De même, elle est devenue plus mature : sans compromettre son dynamisme, sa suspension est devenue plus confortable et elle existe désormais en cinq portes. Avec un prix de base de 23.000 euros, elle reste assez abordable. Toutefois, nous vous exhortons de dépenser un petit supplément de 1.000 euros pour le différentiel à glissement limité Quaife qui augmentera l'efficacité du châssis de manière exceptionnelle.