Si l’appellation peut paraître trompeuse, sachez que la Mercedes C63 AMG a abandonné son V8 atmosphérique de 6,2 litres. Aujourd’hui, nous retrouvons sous son capot joliment galbé, le moteur de Sa Majesté, la Mercedes-AMG GT ! Un moteur tout beau, tout neuf, comptant toujours 8 cylindres en V, mais d’une cylindrée ramenée à 4 litres. Les deux turbos qui soufflent au milieu portent la puissance à 476 chevaux pour la version classique ou à 510 chevaux pour ce modèle « s ». Avec 431 « malheureux » chevaux, la BMW M3 est enfoncée… sur papier !

Bodybuilding

A l’arrêt, cette C63s AMG est intimidante. Les jantes, les arches de roues, les prises d’air supplémentaires et le gris mat de notre exemplaire mettent la puce à l’oreille. La Classe C63 AMG est hypertrophiée, mais n’en devient pas dévisagée pour autant. Dans l’habitacle, le raffinement est à l’ordre du jour : surpiqûres à gogo, cadrans spécifiques, logo AMG bien mis en évidence et petit volant bien épais.

BRAOUM

Mais c’est encore au démarrage que la bête se démarque le plus. Le son du V8 a de quoi réveiller les morts ! Dans un tonnerre d’échappement, le monstre prend vie et de son staccato caverneux, il fait trembler la carlingue. Tremblez, passants ! La boîte automatique à 7 rapports et à double embrayage n’a pas la douceur d’une boîte automatique classique, ce qui demande donc un minimum de circonspection au moment de démarrer…

Pied droit tout léger, la Classe C s’ébranle. La direction plus ferme, le rayon de braquage réduit et le tintamarre de l’échappement n’en font pas la citadine idéale. Difficile de longer les murs… Surtout si votre côté plaisantin vous pousse à commander l’échappement sport avec bouton ad-hoc !

La fureur de vivre

Bon, et en action, ça dit quoi ? Ça dit : bon Dieu, que ça pousse ! Mes excuses pour ce côté familier, mais ce bolide a un côté dragster pour le moins jouissif ! Le V8, du genre explosif, est un véritable pousse-au-crime qui n’attend qu’une inflexion du pied droit pour débiter toute sa rage, quel que soit le régime moteur ou le rapport de boîte. Le tout se fait évidemment en musique, avec une bande-son extraordinaire, un vrai hurlement de fauve en plein combat ! Que c’est bon… La boîte, elle, claque les rapports avec une célérité qui réjouit.

A ce train-là, les petites GTI ressemblent à des citadines et les citadines, à des ballots de paille. Quant à votre permis, il a une durée de vie tout à fait relative… Et c’est bien là tout le drame de ce genre de monstre : les exploiter réclame obligatoirement un circuit. C’est d’autant plus vrai que la partie châssis n’ pas été négligée…

Progressive… Dans une certaine mesure !

Ce n’est qu’une fois en mouvement que la voiture se met vraiment en harmonie : la direction ultra-directe commande un train avant très précis, alors que le train arrière ne remue que si votre pied droit s’appesantit lourdement ! Auquel cas, le survirage qui s’ensuit est progressif et aisément rattrapable. Mercedes propose d’ailleurs un ESP à trois modes : ON, SPORT et OFF. N’en faites toutefois pas trop et gardez à l’esprit que la chose débite 510 chevaux et surtout, un couple de 700 Nm sur les seules roues arrière…

Peut-être plus facile à la limite qu’une BMW M3/M4, la Mercedes C63s AMG semble également un brin plus lourde du train avant. Un tempérament plus rassurant, mais sans doute moins efficace entre de bonnes mains.

Et le confort dans tout ça ?

Avec une telle mécanique sous le capot, les ingénieurs ont dû forcément procéder à quelques compromis. N’en attendez donc pas le confort ouaté d’une version 200 essence ! Toutefois, cette C63s AMG n’en devient pas dure comme une planche de bois pour autant : sa suspension garde une certaine tolérance, à la condition d’opter pour le mode « Confort » de suspension, le plus adapté à nos routes dégradées. Question insonorisation, si nous nous réjouissons de la présence du V8 dans l’habitacle, quelques bruits de roulement persistent malgré tout.

Tarifs

A 81.675 €, la Mercedes C63 AMG réclame environ 4.000 € de plus qu’une BMW M3. Ce qui s’explique par un moteur plus puissant et une boîte automatique de série. La version « s », pour sa part, est affichée à 90.145 €. Rajoutez les inévitables options et vous obtiendrez un tarif supérieur à 110.000 € environ…

A la pompe, on s’attend évidemment au pire, avec un V8 biturbo. Pourtant, conduite aux vitesses légales, cette Mercedes ne réclame pas beaucoup plus que 12,5 l/100 km. Avec un pied droit plombé, en revanche, n’espérez pas moins de 20 l/100 km !

Conclusion

Il faut bien admettre qu’il n’est pas facile de rester objectif face à un tel engin. Les fans du modèle seront ravis : le grondement du V8 n’est en rien étouffé par les turbos, alors que le châssis a gagné en précision. Au sein d’une marque aux produits aussi cliniques que Mercedes, la turbulente division AMG assure des produits au caractère fort… Qui se payent hélas, au prix fort…